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n’ai plus rien à faire, et que la chose se passe selon votre gré, congédiez-moi afin que j’aille retrouver mon seigneur. (Id. 54) Les frères, dit le texte, et la mère lui dirent : Que notre fille demeure avec nous, environ dix jours, et, après cela ; vous partirez. Mais lui, leur dit Ne me retenez pas, puisque le Seigneur m’a conduit dans tout mon chemin ; congédiez-moi afin que j’aille retrouver mon seigneur. (Id. 66) Pourquoi, leur dit-il, différer, ajourner, puisque Dieu m’a rendu tout si facile ? ne me retenez pas, afin que j’aille retrouver mon seigneur. Ils lui dirent : Appelons la jeune fille, et interrogeons-la ; et ils l’appelèrent, et ils lui dirent : Vous en irez-vous avec l’homme ? Elle répondit : Je m’en irai. Et ils laissèrent partir Rébecca, leur sœur, avec ce qui lui appartenait, en compagnie du serviteur d’Abraham, et de ceux qui étaient avec lui, et ils bénirent Rébecca, et ils lui dirent : Vous êtes notre sœur. Croissez en mille et mille générations, et que votre race se mette en possession des villes de ses ennemis. (Id. 60) Voyez comment, dans leur ignorance, ils prédisent l’avenir à la jeune fille, parce que Dieu dirige leur pensée. En effet, ils lui prédisent deux choses : d’une part, qu’elle croîtra en mille et mille générations ; d’autre part, que sa race possédera en héritage les villes des ennemis. Voyez-vous comme ici se manifeste, de tout côté, la divine providence ? comme le Seigneur a soin de faire prédire l’avenir par des infidèles. Rébecca et ses servantes montèrent donc sur des chameaux. (Id. 61) Avez-vous bien compris quelle est l’épouse que prend le patriarche ? Une femme qui va à la fontaine, qui porte un vase d’eau sur l’épaule, et la voici maintenant montant sur un chameau. Nulle part, de mule aux harnais resplendissant d’argent, ni de troupeaux de serviteurs, ni le luxe, et toutes les délicatesses qu’il déploie de nos jours ; telle était la force virile des femmes antiques, qu’on les voyait monter d’elles-mêmes sur des chameaux, et c’est ainsi qu’elles voyageaient. Et elles partirent, dit le texte, avec l’homme. En ce même temps, Isaac se promenait dans son champ, le jour étant sur son déclin ; il leva les yeux et vit venir les chameaux. (Id. 63) C’est pendant qu’il était dans son champ, dit le texte, qu’Isaac vit les chameaux. Rébecca, ayant aussi aperçu Isaac, descendit de dessus son chameau, et dit au serviteur : Quel est cet homme qui vient le long du champ, au-devant de nous? (Id. 65) Voyez la belle âme de la jeune fille ; elle voit Isaac et demande qui il est. Et aussitôt qu’elle a appris que c’est, son époux, elle s’enveloppe de son voile. Le serviteur annonce à Isaac tout ce qui s’est passé. (Id. 66) Considérez ici, je vous en prie, l’absence parfaite de tout ce qui est inutile et superflu. Ici, aucune de ces pompes inventées par les démons ; ni cymbales, ni flûtes ; ni chœurs de danse ; ni banquets sataniques, ni plaisanteries obscènes, tout est pureté, tout est sagesse, tout est modestie. Alors Isaac la fit entrer dans la tente de Sara, sa mère, et prit Rébecca, et elle fut sa femme, et il la chérit, et Isaac se consola de la perte de Sara sa mère. (Id. 67) Imitez-la, ô femmes, imitez-le, ô hommes. Voilà comme il convient de recevoir les épouses ; car enfin, répondez-moi, pourquoi, sans plus attendre, dès la première heure, souffrez-vous qu’on remplisse l’oreille virginale de chansons obscènes ? pourquoi cette pompe honteuse et intempestive ? Ignorez-vous donc que la jeunesse d’elle-même court trop vite à sa perte ? Pourquoi cette honteuse révélation des augustes mystères du mariage, quand il faudrait repousser loin de vous toutes ces profanations ? Commencez par enseigner la pudeur à la jeune femme ; appelez les prêtres, et cimentez par leurs prières, par leurs bénédictions, la concorde du mariage, pour augmenter l’amour de l’époux ; pour contenir, pour accroître la chasteté ; pour que tout conspire à faire entrer, dans la nouvelle demeure, la vertu et ses œuvres ; pour exterminer le démon, ruiner tous ses efforts, et assurer aux époux l’union, fruit du divin secours, et qui produit la vie bienheureuse. Puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.