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bien supérieure à la figure ; car l’Agneau spirituel a été offert pour le monde entier ; il a purifié la terre entière ; il a délivré les hommes de l’erreur, et les a ramenés à la vérité ; il a changé la terre, pour en faire le ciel. Ce n’est pas qu’il ait changé la nature des éléments, mais c’est qu’if a apporté les vertus célestes aux hommes qui vivent sur la terre. Par cet, agneau, le culte des démons a été anéanti ; par cet agneau, il est arrivé que les hommes n’adorent plus des pierres et des morceaux de bois ; que les êtres doués de raison ne s’inclinent plus devant des objets insensibles ; que toute erreur a été bannie, que la lumière de la vérité a éclairé le monde.
4. Comprenez-vous l’excellence de la vérité ? Comprenez-vous ce qui est l’ombre d’une part, d’autre part, la vérité ? Et Abraham, dit le texte, appelait ce lieu d’un nom qui signifie le Seigneur voit. C’est pourquoi on dit encore aujourd’hui : Le Seigneur a été vu sur la montagne. (Id. 14) Voyez la piété de l’homme juste ; comme toujours il donne aux lieux des noms pris des événements gui s’y sont accomplis. Il veut rappeler la visite que Dieu lui a faite, la graver, pour ainsi dire, sur une colonne d’airain ; dans le nom qu’il donne au lieu. De là, il appela ce lieu d’un nom qui signifie le Seigneur voit. Sans doute, c’était pour le juste une assez belle récompense, que de ramener Isaac vivant, que d’avoir mérité la gloire insigne de s’entendre dire : Je connais maintenant que vous craignez Dieu. Mais celui qui est jaloux de nous surpasser par ses dons, qui triomphe toujours par ses bienfaits, comble le riche de la variété de ses récompenses, et il lui dit encore : L’ange du Seigneur appela Abraham pour la seconde fois, du haut du ciel, et lui dit : Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que puisque nous avez fait cette action, et que, pour m’obéir, vous n’avez point, épargné votre fils unique, je vous bénirai, vous bénissant moi-même ; je, multiplierai, la multipliant moi-même, votre race, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le rivage de la, mer : Votre postérité possédera les villes de ses ennemis, et toutes les nations de la terre seront bénies dans Celui qui sortira de vous, parce que vous avez obéi à ma voix. (Id. 15-18) Attendu, dit-il, que vous avez accompli mon commandement, que vous m’avez, par tous les moyens, manifesté votre obéissance, écoutez : Je jure, par moi-même, dit le Seigneur. Voyez la condescendance que Dieu nous montre dans son langage : Je jure, dit-il, par moi-même, afin de vous donner une parfaite confiance, que mes paroles seront réalisées. Les hommes, quand ils ajoutent des serments aux promesses, rendent la promesse plus digne de foi, pour ceux à qui elle s’adresse. Voilà pourquoi le Seigneur prononce ces paroles, en se conformant aux habitudes humaines : Je jure par moi-même que, puisque vous avez fait cette action, et que, pour m’obéir, vous n’avez point épargné votre fils chéri. Considérez, je vous en conjure, la clémence du Seigneur. Vous n’avez point épargné, pour m’obéir, votre fils chéri. Et cependant il le ramène vivant. Ne considérez pas le fait, mon bien-aimé, mais la volonté, mais l’intention qui faisait accomplir sans raisonner, sans hésiter l’ordre reçu. En ce qui concerne la volonté, le patriarche avait ensanglanté sa main ; il avait enfoncé le glaive dans la gorge de l’enfant ; il avait offert ; consommé le sacrifice. Le Seigneur regarde le sacrifice comme consommé, et il loue le juste ; et il dit : Pour m’obéir, vous n’avez point épargné votre fils chéri. Vous, de votre côté, vous ne l’avez pas épargné, par obéissance ; mais moi, de mon côté, je l’épargne, à cause de votre obéissance. Et, pour vous récompenser de cette obéissance : Je vous bénirai, et, multipliant moi-même, je vous multiplierai. Voyez : la bénédiction est à son comble ; c’est-à-dire je multiplierai votre race. Celui que votre volonté a tué, propagera votre race, qui se multipliera, au point d’égaler les étoiles du ciel et le sable : Et toutes les nations de la terre seront bénies dans votre race, parce que vous avez obéi à ma voix. Tous ces dons, dit le Seigneur, seront la récompense de votre obéissance parfaite.
Ainsi, voilà qui nous attire des biens sans nombre ; l’obéissance à Dieu, la docilité à ses ordres, la simplicité qui s’abstient, comme ce patriarche, d’examen curieux ; qui ne se demande pas pourquoi tel ordre a été donné. Il faut donc, pour mériter ces biens, obéir comme font les serviteurs sages, sans demander de comptes au Seigneur. Fortifiés par ces enseignements, nous pourrons, nous aussi, montrer l’obéissance de ce juste et obtenir les mêmes couronnes. L’obéissance, comment ? en accomplissant, par nos actions, les ordres de Dieu. Car, ce ne sont point, dit l’Apôtre, ceux qui écoutent la loi, qui seront