Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

du Seigneur. En effet, Dieu avait donné le commandement de circoncire, au bout de huit jours, ceux qui naîtraient dans la suite.
Avançons ; exerçons-nous à comprendre la puissance ineffable de Dieu. L’impossible pour les hommes est possible pour lui. Voilà pourquoi la divine Écriture nous apprend ici encore le temps. Après qu’elle nous a fait connaître l’enfantement, elle ajoute, pour notre instruction, ces paroles : Abraham avait cent ans quand lui naquit son fils Isaac, et Sara dit alors : Le Seigneur m’a donné un ris ; quiconque l’apprendra se réjouira avec moi. Que signifie cette expression : Le Seigneur m’a donné un ris ? Cet enfantement est pour moi un sujet de joie. Et qu’y a-t-il d’étonnant que je me réjouisse ? Tous ceux qui l’apprendront viendront me féliciter, non pas de ce que j’ai enfanté, mais de ce que j’ai enfanté ainsi. Un enfantement si admirable, si rare, transportera tous les hommes d’admiration et redoublera leur joie, quand on saura que moi, qui n’étais qu’un cadavre quant à la génération, je suis tout à coup devenue mère, que les flancs desséchés ont produit un enfant, que la femme avancée en âge peut l’allaiter ; que je verrai jaillir de mon sein des fontaines de lait, moi qui n’avais plus l’espoir d’enfanter. Et elle dit : Qui annoncera à Abraham que Sara nourrit de son lait un enfant ? C’est que les sources de lait ont été accordées pour faire qu’on ajoute foi à l’enfantement, pour écarter l’idée d’un enfant supposé. Ces sources de lait disaient à tous que l’événement, qui dépassait l’attente des hommes, s’était accompli : Qui annoncera que Sara nourrit de son lait un enfant ; que j’ai enfanté un fils dans ma vieillesse ? Que moi, vieille, j’aie pu enfanter ; que je puisse, à l’âge où je suis, nourrir un fils ? Cependant, dit le texte, l’enfant grandit, et on le sevra, et Abraham fil un grand festin au jour qu’il fut sevré. (Id. 7, 8)
6. Avez-vous bien compris l’ineffable industrie de Dieu ; le complet témoignage qu’il donne de la patience du juste, lorsque, au moment même où et ce juste et tous ceux qui le voyaient, ne considérant que les forces de la nature humaine, n’osaient rien espérer, la pro messe reçoit son parfait accomplissement ? Eh bien donc ! nous aussi, mes bien-aimés, montrons la même patience que cet homme juste ; pas de relâchement ; animons-nous d’une bonne espérance, par la pensée que ni la difficulté des choses, ni quelque obstacle humain que ce soit, ne peut nous priver des biens que la grâce du Seigneur daigne nous départir dans sa munificence. Chaque jour il exerce sa libéralité ; tout lui cède, tout lui obéit : le difficile devient facile, l’impossible possible, pour peu que nous conservions la foi robuste en lui, Si nous ne considérons que la grandeur de son pouvoir, nous serons supérieurs à tout pouvoir humain. Celui qui a promis les biens à venir, les biens ineffables à ceux qui vivent dans la vertu, à combien plus forte raison nous accordera-t-il ce qu’il nous faut ici-bas, surtout si, n’ayant de désir que pour les biens invisibles, nous dédaignons les biens présents ? Voulons-nous en jouir en abondance, sachons les mépriser. Donc, puisque nous sommes instruits de ces choses, désirons les biens durables, les biens qui ne changent pas, qui ne connaissent pas de fin, de telle sorte que nous traversions sans tristesse la vie présente, et que nous puissions conquérir le bonheur à venir et jouir de tous les biens qui nous sont promis, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.