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juste, fait de magnifiques présents au patriarche. En effet, dit le texte, il reçut d’Abimélech mille pièces d’argent, et des brebis, et des veaux, et des serviteurs et des servantes, et il lui rendit Sara son épouse. (Id. 14) Avez-vous bien compris, mes bien-aimés, la toute-puissance et la variété de l’industrie de Dieu ? l’homme qui était en danger de mort, et qui faisait tout pour échapper à la mort, non seulement y a échappé, mais il s’est trouvé en grande faveur, et, tout à coup a été glorifié.
5. Telle est la conduite de Dieu : non seulement il sauve de tous les malheurs ceux qui résistent avec courage dans les moments d’épreuve, mais il sait tirer de l’adversité une félicité si grande, que l’on oublie tout dans l’abondance des biens dont on est comblé. Voyez encore les égards que le roi a pour cet homme juste. non seulement il l’honore en lui faisant de si magnifiques présents ; mais, de plus, il lui accorde le pouvoir de fixer son séjour dans la contrée. Vous voyez devant vous toute cette terre, dit-il, demeurez où il vous plaira. (Id. 15) En effet, comme il sait que ses vertus, que ses prières lui donnent la vie à lui-même, il ne le traite plus comme un voyageur, comme un vagabond, comme un homme que personne ne tonnait ; il lui rend ses devoirs, comme à un bienfaiteur, comme à un protecteur. Il dit ensuite à Sara : J’ai donné mille pièces d’argent à votre frère. (Id. 16) Voyez comme les paroles du juste ont profité, comme il ajoute foi à ce que le juste lui a enseigné ; voici que lui-même appelle Abraham le frère de Sara. Ces pièces d’argent que j’ai données, dit-il, à votre frère, seront pour l’honneur de votre visage, et dites partout la vérité. Qu’est-ce que cela veut dire : pour l’honneur de voire visage, et dites partout la vérité ? En considération de ce que j’ai entrepris par ignorance, en vous faisant venir dans ma maison, vous qui êtes l’épouse d’un juste, parce que je.vous ai fait outrage, uniquement en considération de cet outrage, j’ai donné mille pièces d’argent ; afin de réparer ce que j’ai fait contre vous. Mais dites partout la vérité. Que signifie : dites partout la vérité ? Que tous, dit-il, apprennent de votre bouche que je n’ai pas fait une action injuste ; que vous êtes sortie chaste de ma maison. Faites savoir, dit-il, à votre mari, que je suis pur du péché ; qu’il apprenne de votre bouche que je ne vous ai rien fait. Pourquoi ces paroles ? C’est afin que le ajuste, renseigné par Sara et parfaitement convaincu, offre pour lui ses prières au Seigneur. En effet, après ces paroles : Dites partout la vérité, c’est-à-dire faites savoir à votre mari ce qui a été fait, l’Écriture ajoute aussitôt : Abraham pria Dieu ensuite, et Dieu guérit Abimélech, sa femme et ses servantes, et elles enfantèrent. Car Dieu avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélech, à cause de Sara, femme d’Abraham. Voyez comment le Seigneur, voulant, par tous les moyens, glorifier le juste, accorde au patriarche le salut du roi et de toutes les personnes qui étaient dans sa maison. (Id. 17, 18) Abraham, dit le texte, pria Dieu ensuite, et Dieu guérit Abimélech, sa femme et ses servantes, et elles enfantèrent ; car Dieu avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélech, à cause de Sara, femme d’Abraham. Le roi était pur de tout péché ; mais Dieu l’avait frappé afin d’accorder sa guérison aux prières du juste, et d’ajouter ainsi à sa gloire. Car le Seigneur ordonne toujours et dispose les choses de manière, que ceux qui le servent soient comme des flambeaux resplendissants, et que leurs vertus soient partout célébrées. Et voyez, je vous en conjure, mon bien-aimé, après que Dieu a délivré le juste de tous ces ennuis, comme il le comble encore une fois de tous les biens, comme il accomplit sa promesse. Voici maintenant l’accomplissement de ce que Dieu lui avait autrefois annoncé. Or, le Seigneur, dit le texte, visita Sara, ainsi qu’il l’avait promis, et fit à Sara selon qu’il avait dit ; et elle conçut, et dans sa vieillesse enfanta un fils à Abraham, dans le temps que Dieu lui avait prédit. (Gen. 21,1-2) Que signifie : lui avait prédit et, ainsi qu’il l’avait promis ? Cela veut dire, conformément à la promesse faite, quand il reçut l’hospitalité, avec les anges, auprès du chêne de Mambré. L’ancienne parole : En ce temps-là je reviendrai, et Sara aura un fils (Gen. 18,14), se trouve accomplie maintenant. Ces bienheureux voyaient le démenti donné à la nature ; et ce n’était pas le moyen ordinaire, mais la grâce divine qui opérait. Abraham donna le nom d’Isaac à son fils, qui lui était né de Sara. (Gen. 21,3) Ce n’est pas sans raison que le texte ajoute : qui lui était né de Sara. Le texte ne se borne pas à dire Abraham donna le nom à son fils ; mais il ajoute qui lui était né de Sara, de cette femme stérile et avancée en âge Et il le circoncit, dit le texte, le huitième jour, selon le commandement