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désir dans cette femme et la rare distinction de sa foi. Quand elle entendit ce nom de chiens, elle ne s’indigna pas, elle ne se retira pas, mais, avec une affection pieuse et profonde, elle dit : Il est vrai. Seigneur, mais les petits chiens mangent au moins des miettes qui tombent de la table de leur maître (Mt. 15,27) Eh bien dît-elle, j’avoue que je mérite d’être traitée, comme on traite les chiens ; accordez-moi donc comme aux chiens des miettes de votre table. Comprenez-vous la foi, la vertu de cette femme ? Elle a supporté la parole, et aussitôt elle a obtenu ce qu’elle demandait avec instance, et elle l’a obtenu, en s’attirant de plus, un éloge insigne. En effet, que lui dit le Christ ? O femme, votre foi est grande, qu’il vous soit fait comme vous voulez ! (Id. 28) O femme ! c’est un cri d’admiration et d’éloge. Vous avez montré, dit le Seigneur, une grande foi ; aussi, vous obtiendrez tout ce que vous voulez. Voyez jusqu’où s’étend la générosité ; admirez la sagesse du Seigneur. Ne pensions-nous pas d’abord, quand il la repoussait ainsi, qu’il était sans pitié ? D’abord il ne daignait pas lui répondre. Ensuite, il lui fit une première, une seconde réponse, comme pour la chasser loin de lui ; il repoussait cette femme, qui était venue auprès de lui, avec un désir si vif et si brûlant. Mais, que la fin vous montre la bonté de Dieu. C’était parce qu’il voulait rendre plus éclatante la vertu de cette femme, qu’il se fit tant prier pour lui accorder sa demande. En effet, s’il la lui eût accordée aussitôt, nous n’aurions pas connu ce qu’il y avait dans cette femme de constance et de foi ; mais, grâce à ce, petit retard, nous avons pu reconnaître l’ineffable bonté que le Seigneur a pour nous, et la foi si rare, qui distingue cette femme au plus haut degré.
4. Toute cette histoire que nous nous sommes efforcé de vous exposer, c’est pour apprendre à tous que les prières des autres pour nous, sont moins efficaces que ne le sont nos propres prières, si nous prions avec ardeur, avec un esprit bien éveillé. Vous le voyez : cette femme avait les disciples qui priaient pour elle ; elle n’y gagna rien ; c’est elle, par ses propres efforts, par sa persévérance, qui se concilia la clémence du Seigneur. Et c’est encore ce qu’indique cette parabole de l’ami qui vient au moment où on ne l’attend pas, pendant la nuit, et demande trois pains : Si néanmoins l’autre persévérait à frapper, je vous