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vous, et votre femme avec vous, et sauvez vos filles ; car ceux qui n’ont pas voulu obéir à vos avertissements, vont être bientôt frappés par la destruction commune. Ne différez donc pas, pour n’être pas atteints vous-mêmes par l’extermination de ces impies. Et ils furent troublés : c’est-à-dire Loth, et sa femme, et ses filles, en entendant ces mots. Ils furent troublés, dit le texte, c’est-à-dire étonnés, épouvantés, remplis d’angoisse, à cette menace. Aussi, les anges prenant soin de l’homme juste le saisirent, dit le texte, par la main.
Dès ce moment, la divine Écriture n’en parle plus comme si c’étaient des hommes ; mais, parce qu’ils allaient faire tomber le coup terrible, elle les nomme des anges, et elle dit : Ils le prirent par la main, et sa femme, et ses filles, car le Seigneur voulait le sauver. C’était pour leur donner de la confiance, que les anges leur prenaient la main, et ils leur fortifièrent ainsi le cœur, pour que le saisissement de l’épouvante n’engourdît pas leurs membres. Voilà pourquoi le texte ajoute : Car le Seigneur voulait le sauver. Attendu que le Seigneur avait jugé qu’il méritait d’être sauvé, les anges, voulant les fortifier tous, les saisissent par la main. Et les ayant ainsi fait sortir de la maison, ils dirent : Sauvez votre vie, ne regardez point derrière vous, et ne vous arrêtez point dans tout le pays d’alentour ; mais sauvez-vous sur la montagne, pour n’être pas enveloppés avec les autres. (Id. 17) Comme nous vous délivrons de ces impies, disent-ils, ne regardez pas davantage derrière vous ; ne cherchez pas à voir ce qui va leur arriver ; mais hâtez-vous ; allez, au loin, devant vous, afin d’échapper au châtiment qui va leur être infligé. Ensuite le juste, craignant de ne pouvoir par hasard atteindre le lieu qu’ils lui désignent, et parvenir sur la montagne : Je vous prie, Seigneur, puisque votre serviteur a trouvé grâce devant vous, et que vous avez signalé envers lui votre grande miséricorde, en me sauvant la vie, je vous prie de considérer que je ne puis me sauver sur la montagne, étant en danger que le malheur ne me surprenne auparavant, et que je ne meure. Mais voilà ici près une ville où je puis fuir, elle est petite, je puis m’y sauver et je vivrai à cause de vous. (Id. 18, 19-20) Puisque, dit-il, vous avez décidé de me sauver, mais qu’il est au-dessus de mes forces d’atteindre au sommet de la montagne, accordez-moi une plus grande grâce, dans votre miséricorde ; rendez ma fatigue plus légère, de peur que je ne sois saisi par la flamme qui tombe sur eux, que je ne meure avec eux ; voici une ville qui est tout près, qui est petite, préservez-la, afin qu’elle soit mon séjour ; elle a beau être misérable et petite, je puis m’y sauver, y vivre, n’ayant plus rien à craindre. L’ange lui répondit : J’accorde cette grâce, à la prière, que vous me faites, de ne pas détruire la ville, de laquelle vous me parlez. (Id. 21) J’accueille vos prières, dit-il, je ferai ce que vous voulez ; je vous accorde ce que vous me demandez, et, par égard pour vous, j’épargnerai même la ville. Hâtez-vous donc de vous sauver en ce lieu. (Id. 22) Car je ne ferai rien jusqu’à ce que vous y soyez arrivés : Car je ne pourrai pas, dit le texte, faire l’œuvre avant que vous ne soyez entrés: votre salut m’intéresse, j’attendrai jusqu’à ce que vous arriviez là, et c’est alors que j’infligerai aux autres leur châtiment. Le soleil se levait sur la terre, au même temps que Loth entrait dans Ségor. (Id. 23) C’est au lever du soleil, dit le texte, qu’il arriva dans la ville ; et aussitôt qu’il fut dans la ville, les autres reçurent leur châtiment. Alors le Seigneur, dit le texte, fit descendre une pluie de soufre et de feu lancée du haut du ciel, par le Seigneur sur Sodome et sur Gomorrhe, et il perdit ces villes, et tout le pays d’alentour, et tous ceux qui habitaient dans les villes, et dans le pays, et tout ce qui s’élevait de la terre. (Id. 24, 25) Ne vous étonnez pas de ce langage, mon bien-aimé, c’est le propre de l’Écriture de répéter ainsi souvent les mêmes mots indifféremment. Vous en voyez, ici, un exemple : Le Seigneur, dit le texte, fit descendre une pluie de soufre et de feu, lancée par le Seigneur du haut du ciel. C’est pour dire que c’est le Seigneur qui a opéré la punition, et non seulement il a bouleversé les villes, et tout le pays d’alentour, et tous les habitants, mais encore il a détruit ce qui s’élevait de la terre. Attendu que les hommes qui l’habitaient avaient produit de nombreux fruits d’impiété, pour cette raison, dit Dieu, je supprime les fruits de la terre ; je veux, par cette destruction, laisser un monument éternel aux générations à venir ; la seule stérilité de la terre leur apprendra combien fut grande la malice de ceux qui l’habitaient.
Voyez-vous combien la vertu est puissante,