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ne purent plus trouver la porte. (Id. 10, 11) Voyez-vous comme le juste reçoit tout de suite la récompense de son hospitalité ; comme ces impies sont frappés de la peine qu’ils méritent ? En effet, dit le texte, ils prirent Loth et l’ayant fait rentrer dans la maison, ils en fermèrent la porte. Quant aux autres, ils les frappèrent de cécité, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de sorte qu’ils ne purent plus trouver la porte. Comme leur esprit était aveuglé, leurs yeux furent aveuglés aussi. C’est pour nous apprendre que les yeux du corps sont inutiles, quand les yeux de l’esprit sont frappés de cécité. Et, parce qu’ils avaient conspiré tous dans cette dépravation, parce que tous, vieillards et jeunes gens, avaient pris leur part de cette tentative criminelle, tous furent frappés de cécité ; et non seulement de cécité, mais ils perdirent les forces de leur corps ; car puisqu’ils étaient affaiblis quant à l’âme, qui est la meilleure partie de l’homme, ils furent aussi affaiblis, quant au corps. Et ceux qui d’abord s’efforçaient de briser la porte et menaçaient l’homme juste, s’arrêtèrent tout à coup, sans pouvoir se servir de leurs membres ; et la porte était devant leurs yeux, et ils ne la voyaient pas. Dès ce moment, le juste respira, voyant quels étaient ses hôtes, et la grandeur de leur puissance. En effet, Ils dirent ensuite à Loth : avez-vous ici un gendre, ou des fils, ou des filles, ou quelqu’autre de vos proches dans cette ville ? (Id. 12) Voyez comme ils récompensent l’hospitalité de l’homme juste, comme ils veulent lui faire un magnifique présent, du salut de tous ses parents. Si vous avez, lui diton, dans cette ville, quelqu’un que vous voulez voir sauvé, si vous connaissez quelqu’un qui ne partage pas leurs crimes, Faites-le sortir de cette ville, et de la contrée ; faites sortir tous ceux qui vous appartiennent, car nous allons détruire ce lieu. (Id. 13) Ils donnent ensuite la raison de cette extermination. Ils apprennent tout au juste, avec grand soin parce que le cri des abominations de ces peuples s’est élevé devant le Seigneur, et le Seigneur nous a envoyés pour les perdre. C’était ce qui avait été dit au patriarche Abraham : Le cri de Sodome et de Gomorrhe s’augmente de plus en plus, et leur péché est monté jusqu’à son comble ; leur cri, dit le texte, s’est élevé jusque devant le Seigneur. (Gen. 18,20)
6. La grandeur de leur perversité est inouïe, et, comme le mal est incurable, comme la plaie est impossible à guérir, Dieu nous a envoyés pour les perdre. C’est ce que disait David : Celui qui fait de ses anges des vents, et de ses ministres, des flammes ardentes. (Ps. 103,4) Comme nous sommes venus, disent les voyageurs, pour détruire ce pays tout entier (en effet la terre même sera châtiée pour la malignité de ceux qui l’habitent), sortez d’ici. Aussitôt que l’homme juste eut entendu ces paroles et appris ce que venaient faire ceux qui semblaient des hommes, et qui étaient en réalité des anges, des ministres du Dieu de toutes les créatures : Loth étant sorti, parla à ses gendres, qui avaient reçu ses filles (Id. 14) Auparavant, il disait à ces impies : J’ai deux filles qui sont encore vierges. Comment donc, le texte peut-il dire ici : À ses gendres qui avaient reçu ses filles ? Ne croyez pas qu’il y ait ici une contradiction, avec ce quia été dit plus haut. C’était l’habitude chez les anciens, de faire longtemps d’avance, les fiançailles. Les fiancés habitaient chez les parents de la jeune fille ; coutume qui subsiste de nos jours encore dans beaucoup d’endroits. Les fiançailles ayant été déjà faites, le texte nomme les gendres de Loth et dit : Qui avaient reçu ses filles, ce qui veut dire qu’il y avait mariages projetés d’un consentement mutuel. Et il dit : Sortez de ce lieu, parce que le Seigneur détruit cette ville. Mais ils s’imaginèrent qu’il délirait. Voyez le mauvais ferment qui travaillait aussi ces gendres de Loth. C’est pourquoi Dieu, voulant affranchir promptement le juste de toute alliance avec eux, ne leur permit pas de partager le sort de ses filles ; il les perdit, eux aussi, avec les impies, afin que le juste, étant sorti avec ses filles, échappât à leur parenté. Donc, entendant les terribles menaces énoncées par l’homme juste, ils se moquaient, ils pensaient que ses paroles provenaient du délire. Cependant le juste insistait ; comme il leur avait promis ses filles, il voulait les arracher au supplice. Mais eux ne voulurent pas ; ils s’obstinèrent à lui résister, l’expérience leur fit comprendre que c’était à leur grand détriment qu’ils avaient rejeté le conseil du juste. A la pointe du jour, dit le texte, les anges pressaient vivement Loth de sortir, en lui disant : Levez-vous et emmenez votre femme et vos deux filles, de peur que vous ne périssiez aussi vous-mêmes dans la ruine de cette ville. Et ils jurent troublés. (Id. 15, 16) Ne différez pas, disaient-ils, déjà la destruction s’apprête ; sauvez-