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pour une obole due nous ne lui donnons même pas. Quel pardon méritons-nous ? Quelle excuse donnerons-nous ? Chaque jour nous sommes à une table abondante où souvent nous dépassons le besoin, et nous ne voulons pas leur en abandonner la moindre chose quand nous obtiendrions ainsi des biens immenses. O déplorable négligence ! quelle perte nous faisons ainsi, quels gains nous laissons échapper ! Nous voyons fuir l’occasion que Dieu nous présentait pour notre salut, et nous n’y songeons pas ! Nous ne réfléchissons point au peu qu’il faudrait donner et à l’immensité des récompenses. Nous aimons à renfermer l’or dans des armoires pour que la rouille le consume ou que des voleurs le dérobent ; nous aimons mieux laisser nos habits de toutes couleurs se manger aux vers, et nous ne voulons même pas faire un bon usage de ceux qui ne peuvent plus nous servir en les donnant à ceux qui les garderaient pour nous, afin de nous mériter des biens ineffables. Puissions-nous les obtenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance et honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

QUARANTE-DEUXIÈME HOMÉLIE.


Ces hommes s’étant donc levés de ce lieu, tournèrent les yeux vers Sodome et Gomorrhe. (Gen. 18,18)

ANALYSE.

  • 1. La vertu dépend de la volonté. Le secours de Dieu ne fait pas défaut à celui qui fait tout ce qui dépend de lui. – 2. On remédie plus facilement aux maux de l’âme qu’à ceux du corps. Dieu admet Abraham dans la confidence de ses desseins, tant il honore le juste. – 3-4. Le bruit des impuretés de Sodome est monté jusqu’à Dieu, qui vient les voir d’abord, pour les punir ensuite. Ne condamner personne sans l’entendre ; épargner la réputation du prochain. – 5. Les pécheurs qui n’auront subi aucune punition ici-bas, seront plus sévèrement punis dans l’autre monde. Dieu supporte les méchants à cause des justes. – 6-7. Exhortation morale.


1. La lecture d’hier nous a appris, mes bien-aimés, l’admirable manière dont ce juste exerçait l’hospitalité. Voyons aujourd’hui la suite des événements ; apprenons ce qu’il y avait dans ce patriarche, de bonté et d’affection compatissante ; car ce juste a possédé en perfection toutes les vertus. Il n’avait pas seulement pour lui la bonté, le respect des devoirs de l’hospitalité, l’affection qui compatit aux douleurs, mais de plus, il a montré toutes les autres vertus. S’il fallait prouver sa patience, vous verriez qu’il s’est élevé sur la plus haute cime du courage ; s’il fallait prouver son humilité, vous verriez encore que pour l’humilité il ne le cède à personne, qu’il surpasse tous les hommes ; s’il fallait prouver sa foi, c’est par là surtout, qu’il mérite plus que tous les hommes, un nom glorieux. Son âme est comme une image vivante où brille la diversité des couleurs de la vertu. Quand nous voyons un seul homme les réunir toutes en lui, quelle pourra être notre excuse à nous, qui en sommes si dépourvus que nous n’en pratiquons pas une seule ? ce n’est pas faute de pouvoir, mais faute de vouloir, que nous sommes ainsi dépourvus de tous les biens de l’âme ; et ce qui le démontre d’une manière manifeste, c’est qu’on trouve un grand nombre d’hommes de la même nature que nous, brillants de l’éclat de la vertu. Considérez ceci encore, que ce patriarche