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répond : la voici dans la tente. Comme l’hôte va lui promettre, étant Dieu lui-même, des événements surnaturels, cette promesse, jointe à la connaissance qu’il avait du nom de Sarra fut une preuve que cet hôte reçu sous la tente était supérieur à l’humanité. Je reviendrai ici dans un an à la même époque, et Sarra ta femme aura un fils. Voyez les fruits de l’hospitalité, la récompense de la bonne volonté, la compensation des peines de Sarra. Celle-ci écoutait près de la porte de la tente derrière laquelle elle se tenait. Et ayant entendu cela, elle rit en elle-même, disant : cela ne m’est pas arrivé jusqu’à présent et mon seigneur est vieux. Pour excuser Sarra, l’Écriture sainte nous a d’abord avertis que Abraham et Sarra étaient avancés dans leurs jours ; et de plus elle ajoute : Sarra n’avait plus ce qu’ont les femmes. La fontaine était desséchée, l’œil avait perdu la lumière, l’organe était désormais impuissant. Sarra considérant tout cela, songeait à son âge et à la vieillesse du patriarche. Mais pendant qu’elle réfléchissait ainsi dans la tente, Celui qui connaît les secrets du cœur, voulant montrer toute sa puissance et faire voir qu’il n’y avait rien de caché pour lui, dit à Abraham : Pourquoi Sarra a-t-elle ri en elle-même, disant est-il vrai que j’enfanterai, moi qui suis si vieille ? En effet, voilà ce qu’elle pensait Est-il rien, dit-il, d’impossible à Dieu ? Ici le visiteur se dévoile ouvertement. Vous ne savez pas, dit-il, que je suis le Maître tout-puissant de la nature, que je puis, si je le veux, ranimer des entrailles desséchées et les rendre fécondes. Rien n’est impossible à Dieu. N’est-ce pas moi qui fais et transforme tout ? ne puis-je pas donner la vie et la mort ? Est-il rien d’impossible à Dieu ? ne l’ai-je pas déjà promis ? mes paroles manquent-elles jamais de s’accomplir ? Écoute maintenant : dans un an je reviendrai à pareille époque et Sarra aura un fils. Lorsque je reviendrai à pareille époque, Sarra aura appris par l’événement même que sa vieillesse et sa stérilité n’étaient pas des obstacles : ma parole ne pouvait être vaine, et cette naissance lui prouvera mon pouvoir. Du reste, quand elle vit que ses pensées même ne pouvaient rester cachées, elle nia, en disant : je n’ai pas ri ; car la frayeur lui avait troublé l’esprit. Aussi l’Écriture attribue tout à s faiblesse, et dit : elle fut effrayée. Mais 1e patriarche lui répond : non, mais tu as ri. Ne crois pas, lui dit-il, quoique tout se soit passé dans ton esprit, et que tu n’aies ri qu’en toi-même, ne crois pas échapper au pouvoir de notre hôte. Aussi ne va pas nier ce que tu as fait, n’aggrave pas ta faute. L’hospitalité que nous avons exercée aujourd’hui nous sera bien avantageuse.
7. Imitons-le tous, et mettons un grand zèle à pratiquer l’hospitalité, non pas dans le seul but d’en recevoir une rémunération passagère et corruptible, mais pour être récompensés par des biens éternels. Si nous le faisons, nous recevrons ici-bas le Christ, et lui-même nous recevra dans les demeures qu’il a préparées à ses élus, où il nous dira : Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, et recevez le royaume que je vous ai préparé depuis l’origine du monde. (Mt. 25,34-36) Pourquoi et par quelle raison ? J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli ; j’étais prisonnier et vous m’avez visité. Quelle difficulté y a-t-il à tout cela ? Nous a-t-il dit de faire des enquêtes et de rechercher ceux que nous devions soulager ? Fais ce qui dépend de toi ; dit-il, si vil et si abject que te paraisse l’indigent ; je prends pour moi ce qui est fait pour eux. Aussi a-t-il ajouté : Ce que vous avez fait pour le moindre de vos frères, vous l’avez fait pour moi. (Id. 5,40)
Puisque l’hospitalité offre de tels avantages, ne la dédaignons pas, mais cherchons à en trouver chaque jour l’heureuse occasion ; sachant que Notre-Seigneur considère la bonne volonté plutôt que la quantité des mets ; le bon accueil, plutôt que la magnificence de la table ; un mot de charité d’un cœur sincère, plutôt que des protestations verbeuses. Voilà pourquoi le Sage dit : la parole vaut mieux que le présent. (Eccl. 18,16) Souvent un mot de bonté touche plus l’indigent que le bienfait lui-même. Puisque nous le savons, ne soyons pas désagréables à ceux qui : nous approchent ; si nous pouvons adoucir leur misère, faisons-le de bonne grâce et de, bon cœur pour qu’ils reçoivent encore plus que nous ne donnons : si cela nous est impossible, ne les affligeons pas ; soulageons-les, du moins en paroles, et rée pondons-leur doucement. Pourquoi repousser le pauvre avec rudesse ? Est-ce qu’il use de contrainte et de violence ? Il prie, il implore, il conjuré ; avec tout cela, on ne mérite pas d’outrages. Que dis-je, il prie ? il implore et demande mille faveurs pour nous, et tout cela