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QUARANTE-UNIÈME HOMÉLIE.


« Dieu apparut à Abraham, près du chêne de Mambré, lorsqu’il était assis à la porte de sa tente à midi. » (Gen. 18,1).

ANALYSE.

  • 1-2. Saint Chrysostome se plaint amèrement à ses auditeurs de ce qu’ils fréquentent les théâtres et l’hippodrome. S’il en était de la culture des âmes comme de celle des terres, il devrait cesser de cultiver un fonds qui reste stérile malgré ses efforts. Mais la récompense ne manque jamais à celui qui sème dans les âmes, soit que la semence donne des fruits, soit qu’elle n’en donne pas. C’est la raison qui le détermine à continuer ses instructions. Si le docteur qui néglige d’annoncer la parole mérite une punition, l’auditeur qui néglige d’en profiter en mérite une également. – 3-6. Hospitalité exemplaire d’Abraham. Le patriarche exerce l’hospitalité avec empressement, il l’exerce par lui-même, il l’exerce pour plaire à Dieu. – 7. Exhortation morale.


4. C’est avec l’hésitation et le découragement dans l’âme, que je me présente aujourd’hui pour faire l’instruction. Quand je songe que, malgré nos discours et nos exhortations quotidiennes, malgré ce festin spirituel que nous vous présentons, beaucoup des personnes qui assistent à ces instructions et qui s’approchent de la table mystérieuse et terrible, perdent leurs journées à l’hippodrome, sans s’inquiéter de nos conseils ; mais comme s’ils obéissaient à une habitude invincible, au premier signe du démon, ils courent d’eux-mêmes à ce spectacle impie et se laissent prendre volontairement dans les filets du malin esprit ; ils ne songent plus à nos avertissements, au danger qu’ils courent et à l’inutilité de l’instruction qu’ils viennent recevoir ici ; quand je songe à cela, puis-je, de bon cœur, continuer d’offrir l’aliment de la doctrine à ceux qui n’en veulent pas profiter ? Ne vous étonnez pas de mon découragement. Un laboureur dont le champ reste stérile, malgré toutes ses peines et tous ses soins, n’ose plus l’ensemencer et répugne à le cultiver. Lorsqu’un malade, rebelle aux ordonnances, semble vouloir chaque jour aggraver sa maladie, son médecin l’abandonne quelquefois à ses souffrances pour que l’expérience lui serve de leçon. De même les précepteurs, voyant les enfants négliger leurs premières études et oublier ce qu’ils ont appris, ne trouvent pas de meilleur moyen pour corriger leur paresse et les ramener au travail que de les abandonner quelque temps.
Du reste, le laboureur a souvent raison de se décourager quand il voit ses pertes s’accroître avec ses fatigues et sa dépense, quand il travaille beaucoup et qu’il ne récolte rien, Le médecin a souvent raison d’abandonner son malade : car c’est le corps qu’il soigne, et il peut espérer qu’en le laissant à lui-même le sentiment de la douleur lui fera comprendre sa maladie et l’empêchera de repousser la médecine. Le précepteur rencontre trop souvent, dans les défauts du jeune âge, une juste occasion de châtier les enfants. Aujourd’hui nous chercherons à – les surpasser tous en montrant une affection paternelle à ceux qui sont en faute et en leur prouvant que s’ils y restaient, ce serait pour eux un nouveau sujet de condamnation. En effet, ce qui détourne le laboureur d’ensemencer, c’est qu’il craint que ses frais ne soient encore inutiles : mais nous n’avons pas la même inquiétude. Après avoir jeté cette semence spirituelle, si votre négligence nous empêche de rien recueillir, nous