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comme une entrave, afin que cette marque particulière les empêchât d’aller rien chercher chez les autres.
Mais les Juifs ingrats et insensés veulent garder encore la circoncision dont il n’est plus besoin, et montrent ainsi leur puérilité. En effet, pour quelle raison, dites-moi, veulent-ils maintenant être circoncis ? Alors ils avaient reçu ce précepte pour ne pas se mêler aux nations impies, mais maintenant que la grâce de Dieu les a toutes amenées à la lumière de la vérité, à quoi sert la circoncision ? Cet enlèvement d’un morceau de chair peut-il servir à délivrer notre âme ? N’ont-ils donc pas compris que si Dieu leur disait : ce sera le signe de l’alliance, il voulait dire que leur faiblesse réclamait une marque particulière ? C’est ce qui arrive d’ordinaire dans les choses humaines. Quand nous doutons de quelqu’un, nous réclamons une preuve qui nous assure de sa bonne foi. De même le Tout-Puissant, connaissant l’inconstance de leur esprit, exigea d’eux ce signe, non pour le conserver toujours, mais pour qu’il disparût quand la loi antique aurait pris fin et que ce signe serait devenu inutile. Ceux qui ont réclamé une preuve de bonne foi la laissent de côté quand l’affaire est terminée ; de même ici, cette marque avait été introduite parmi vous pour distinguer la postérité du patriarche ; mais après que ces nations dont vous étiez ainsi séparées ont été, les unes détruites, les autres appelées au grand jour de la vérité, cessez de porter la preuve de votre faiblesse et revenez à votre nature primitive. Songez en effet que cet homme admirable, c’est-à-dire le patriarche, avant d’avoir reçu l’ordre de la circoncision (il était alors âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans), avait été agréable à Dieu et avait été mille fois loué par le Seigneur. Maintenant que les promesses allaient s’accomplir, qu’Isaac allait venir au monde, que la race allait s’accroître et que le patriarche approchait de sa fin, il reçoit le précepte de, la circoncision, et lui-même s’y soumet à son âge, afin que son exemple devienne une règle pour ses descendants.
5. Les faits eux-mêmes vous montreront, mes bien-aimés, que cet usage ne sert en rien à l’âme. Que dit Dieu ? Le garçon de huit jours sera circoncis. Je crois qu’il a eu deux raisons de prescrire ce terme ; l’une parce que, dans un âge si tendre, l’opération est moins douloureuse ; l’autre, pour indiquer que ce n’est qu’une marque, sans utilité pour l’âme. L’enfant nouveau-né, qui ne connaît et ne comprend rien, quel avantage peut-il en recevoir ? Ce qui peut être bon pour l’âme lui arrive par son propre choix. Ce qui est bon pour l’âme, c’est de préférer la vertu au vice, c’est de ne désirer que le nécessaire, et de distribuer le superflu aux indigents ; ce qui est bon pour l’âme, c’est de ne pas s’attacher au présent et même de le mépriser, en pensant toujours à l’avenir. Quel bien peut-il y avoir dans un signe charnel ? Mais les Juifs ingrats et insensés, quand la vérité a passé, restent encore dans l’ombre ; tandis que le Soleil de la justice s’est levé et a répandu partout ses rayons, ils ne s’éclairent qu’à la lueur de leur lampe ; lorsqu’il est temps de goûter des aliments solides, ils se nourrissent encore de lait et ne veulent pas entendre la voix de saint Paul, qui leur dit d’une manière si puissante, au sujet de leur patriarche : Il reçut la marque de la circoncision comme le signe de la justice qu’il avait eue par la foi. (Rom. 4,11)
Voyez comme l’Apôtre nous montre que ce n’était qu’un signe, et que cette circoncision montrait que sa foi l’avait justifié. Qu’un juif n’ose pas nous dire : n’est-ce point la circoncision qui l’a justifié ? le même saint, élevé par Gamaliel (Act. 22,3) et, connaissant si profondément la loi, lui dira : Ne croyez pas, juifs impudents, que la circoncision fasse quelque chose pour justifier, car, avant ce temps, Abraham crut à Dieu et sa foi lui fut réputée à justice. (Rom. 4,3) C’est donc après avoir été justifié par sa foi qu’il reçut la circoncision. Dieu commence par ajouter une lettre à son nom, puis lui ordonne de se circoncire, ce qui montre que le Seigneur l’a adopté pour sa vertu, ainsi que sa postérité. De même que celui qui a acheté un esclave, change souvent son nom et son costume, pour constater qu’il en est le maître et qu’il peut lui commander ; de même le Seigneur de toutes choses, voulant distinguer le patriarche des autres hommes, ajoute une lettre à son nom pour faire voir qu’il sera père d’une multitude infinie, puis il le fait circoncire pour le séparer, ainsi que son peuple, des autres nations. Ceux dont l’aveuglement veut encore la conserver, n’écoutent pas ces autres paroles de saint Paul : Si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien. (Gal. 5, 2) En effet, le Seigneur est