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de ses habitants qu’elle supportait avec peine, lorsque le déluge, par la terrible invasion des eaux, mit fin à cette perversité, délivra la terre de la souillure de ses habitants et les punit en lui donnant le repos : Car la mort est le repos pour l’homme. (Job. 3,23) Vous voyez donc que Dieu fait souvent prédire même par les infidèles. Quant au nom que les parents du patriarche lui avaient donné, on en sait la cause dès l’origine, lorsqu’il passa le fleuve pour aller dans une terre étrangère.
Maintenant Dieu lui dit : tes parents t’ont donné ce nom pour présager que tu devais venir ici : j’y ajoute une lettre pour t’apprendre que tu seras père d’une multitude de nations. Voyez quelle précision dans ces paroles. Il ne dit pas de toutes les nations, mais : d’une multitude de nations. Comme d’autres peuples devaient être mis à l’écart, pour que la race du juste eût seule part à son héritage, Dieu dit : Je t’ai établi pour être père dune multitude de nations ; connaissant toute ta vertu je me servirai de toi pour instruire le monde : je te multiplierai de plus en plus et je ferai sortir de toi des peuples et même des rois. Arrêtons-nous sur ces paroles, mes bien-aimés. En songeant à l’âge du juste et à son extrême vieillesse, nous admirerons sa foi et la puissance de Dieu d’un homme déjà mort, pour ainsi dire, et impuissant en apparence, qui devait avoir toujours la mort devant les yeux, Dieu prédit qu’il sortira une race innombrable et plusieurs nations, même jusqu’à des rois.
Voyez l’étendue de ces promesses : Je te multiplierai de plus en plus. Ce mot est répété pour indiquer l’immense multitude qui doit naître du juste. Ainsi l’addition d’une lettre est comme une colonne où Dieu inscrit sa promesse, et il dit de nouveau : Je ferai une alliance entre toi et moi, et avec ta postérité après toi dans toutes les générations ; comme une alliance éternelle, pour que je sois ton Dieu. non seulement je t’accorderai ma protection, mais aussi à ta race et après ta mort. Voyez comme il relève d’esprit du juste en lui promettant qu’il soutiendra toujours ses descendants. Et pourquoi cette alliance ? Pour que je sois ton Dieu, et celui de ta race après toi. Ce sera pour toi et ta race le comble de l’honneur. Je te donnerai à toi et à ta race la terre que tu habites, toute la terre de Chanaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu. Grâce à ta vertu, tes descendants jouiront de ma providence et je leur donnerai en possession perpétuelle cette terre de Chanaan, et je serai leur Dieu. Que veut dire, je serai leur Dieu ? Cela signifie : J’étendrai sur eux mes soins et ma protection et je combattrai toujours avec eux. Seulement tu garderas mon alliance, toi et ta postérité après toi dans toutes les générations. Je ne vous demande rien que l’obéissance et la reconnaissance, et j’accomplirai toutes mes promesses.
4. Voulant se faire un peuple à lui des fils du patriarche et les empêcher de se mêler, après qu’ils se seraient multipliés, aux nations dont ils devaient recueillir l’héritage ; voulant aussi éviter ce mélange en Égypte, où, d’après sa prédiction, ils devaient être asservis, il ordonne au juste la circoncision, comme signe de reconnaissance, et lui dit : Voici mon alliance que tu garderas entre moi et toi, ainsi que ta race pendant toutes les générations. Que chaque mâle soit circoncis. Vous circoncirez la chair de votre prépuce. Ensuite pour leur enseigner, ainsi qu’à nous tous, la raison de cet ordre, qui n’avait d’autre cause que de se faire un peuple réservé et mis à part, il dit : Ce sera la marque de l’alliance entre moi et vous. Après cela, il indique le temps où cela doit se faire : Circoncisez le garçon de huit jours, le serviteur né dans la maison, ou l’esclave acheté ; en un mot, tous ceux qui sont avec vous recevront cette marque. Celui qui n’aura pas été circoncis dans le temps prescrit périra, parce qu’il aura violé mon alliance.
Voyez la sagesse du Seigneur ! comme il connaissait l’imperfection des hommes à venir, il leur impose comme un frein cette marque de la circoncision, pour dompter leurs mauvais penchants et les empêcher de se mêler aux autres nations. Il connaissait leur penchant au mal, et savait que, malgré une foule d’avertissements, leurs mauvaises passions ne seraient point enchaînées. Aussi, comme souvenir impérissable, il leur imposa ce signe de la circoncision, comme un lien qui les soumît à des lois infranchissables, pour rester fidèles à leur nation et ne jamais se mêler aux autres peuples, afin que la race du patriarche restât pure et reçût l’accomplissement des promesses divines. De même qu’un homme doux et sage qui a une servante portée à désobéir, lui donne l’ordre précis de ne point quitter la maison, et que quelquefois même il l’enchaîne pour contenir son instinct vagabond ; de même Dieu, dans sa bonté, leur imposa le signe de la circoncision