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renouvelant nos prières avec plus d’assiduité. Le Seigneur t’a écoutée dans ton abaissement, dit l’ange. Ensuite il montre l’intérêt attaché à l’enfant qui doit naître. Ce sera un homme sauvage : sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui : il habitera en face de tous ses frères. Cela fait prévoir qu’il sera courageux, belliqueux, et s’occupera à cultiver la terre. Voyez, d’après ce qui arrive à cette servante, quelle considération s’attachait au patriarche ! Tout ce qui est fait pour elle, montre la bienveillance du Seigneur pour le juste. Après avoir adressé à Agar ces conseils et ces prédictions, l’ange disparut. Mais voyez encore la franchise de la servante. Elle invoqua le nom du Seigneur qui lui parlait. Tu es le Dieu qui m’a vue, car elle dit : J’ai vu en face celui qui m’est apparu. Aussi elle appela ce puits, le puits où j’ai vu en face. Il est entre Cadès et Barach. Voyez comme elle veut laisser de cet endroit un éternel souvenir, en lui imposant un nom ; en effet, elle l’appela le puits où j’ai vu en face. Ainsi les afflictions de cette servante l’ont amenée peu à peu à se corriger, à montrer sa reconnaissance pour sa bienfaitrice, et à remercier la puissance qui l’avait tellement protégée. Et Agar enfanta un fils à Abraham, qui donna au fils d’Agar le nom d’Ismaël.
7. Apprenons par là quel est l’avantage de la douceur, et quel profit l’on peut tirer même des afflictions. La douceur que montra le patriarche à Sara en apaisant sa colère et en lui donnant tout pouvoir sur sa servante, ramena la paix dans la maison ; et de son côté, cette servante nous montre l’utilité des afflictions. Pleine de chagrin, elle avait fui sa maîtresse et était restée bien malheureuse ; mais, dans la douleur de son âme, elle appela le Seigneur et elle fut aussitôt honorée de la présence d’un envoyé céleste. Pour lui montrer que son humiliation et son affliction l’avaient rendue digne d’une pareille assistance, l’ange lui dit : Tu es grosse, tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras Ismaël, parce que le Seigneur t’a écoutée dans ton abaissement. Comprenons donc, mes bien-aimés, que si nous veillons sur nous-mêmes, nos afflictions nous rapprocheront du Seigneur, et que nous obtiendrons surtout son appui quand nous nous présenterons devant lui l’âme souffrante et pleurant des larmes amères ne nous chagrinons donc pas, dans nos tribulations, mais pensons que ces tribulations mêmes peuvent nous tourner à bien, si nous les supportons avec douceur. Apprenons à être humains et indulgents envers tout le monde, surtout envers nos femmes. Ayons surtout bien soin, quand elles nous accusent, soit à tort, soit à raison, de ne pas tout juger avec rigueur, et songeons seulement à écarter de nous toute cause de contrariété et de rendre inébranlable la paix domestique. La femme alors aura toujours recours à son mari, et le mari viendra près de sa femme comme dans un port tranquille, chercher un refuge dans toutes les affaires et les agitations extérieures, sûr d’y trouver une consolation à toutes ses peines. En effet, la femme a été donnée au mari comme un secours qui lui permette de résister à tous les coups du sort. Si elle est bonne et douce, non seulement elle procurera à son mari les consolations de la vie à deux, mais elle lui sera encore utile de mille manières, elle rendra pour lui toute chose facile et légère, et l’empêchera de souffrir des difficultés qui naissent chaque jour dans l’intérieur de la maison ou à l’extérieur. Semblable à un bon pilote, elle changera par sa sagesse toute tempête de l’âme en calme, et sa prudence saura tout adoucir. Ceux qui seront bien unis ne trouveront, même dans la vie présente, rien qui trouble leur bonheur. Quand la concorde, la paix et le lien de l’affection existent entre le mari et la femme, tous les biens leur surviennent, rien ne peut leur nuire, un mur inexpugnable les entouré, je veux dire l’union en Dieu. Ce rempart les rendra plus invincibles que le diamant, plus solides que le fer, ils seront comblés de richesses et d’opulence ; enfin, ils jouiront de la gloire céleste, et obtiendront de Dieu les bénédictions les plus abondantes. Aussi, je vous en conjure, ne préférons rien à ce trésor, mais employons toutes nos actions et tous nos efforts à obtenir ce calme et ce repos de l’intérieur. Alors les enfants imiteront les vertus de leurs parents, les serviteurs en feront autant, et la vertu sera la règle de la maison, qui se verra comblée de prospérité ! Si nous préférons ce qui vient de Dieu, tout le reste s’en suivra, nous n’éprouverons aucune peine, et la bonté divine nous fournira tout en abondance. Ainsi, pour passer sans tristesse la vie d’ici-bas et obtenir de plus en plus la bienveillance du Seigneur, pratiquons la vertu, cherchons à faire régner chez nous