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TRENTE-HUITIÈME HOMÉLIE.


Sara, la femme d’Abram ne lui donnait pas d’enfant, mais elle avait une servante égyptienne, nommée Agar. (Gen. 16,1)

ANALYSE.

  • 1-2. Après un court exorde, l’orateur entame l’explication du texte ci-dessus. Il nous fait admirer la conduite de Dieu sur Abram et Sara ; ainsi que la sagesse, la résignation, la docilité aux ordres de Dieu, de ces deux époux. – 3. Dieu différa d’accomplir les promesses qu’il avait faites à Abraham, pour donner occasion à sa foi et à sa vertu de briller davantage. Il a tenu la même conduite avec la Chananéenne. – 4. Sara dit à Abraham : je reçois une injure de toi ; j’ai mis ma servante dans tes bras, et maintenant qu’elle se voit grosse, elle me méprise en face. Sage réponse que fait Abraham à ce reproche. – 5. Devoirs des époux. – 6. Utilité des épreuves. – 7. Exhortation à la patience, à la mansuétude, à la concorde. Comment la femme est l’aide de son mari.


1. La lecture d’aujourd’hui nous engage encore à vous parler du patriarche : ne soyez pas surpris que depuis tant de jours consacrés à son histoire, nous n’ayons pu l’achever hier. L’abondance de ses vertus est immense, et l’étendue de ses bonnes œuvres est au-dessus de toute langue humaine. Quel homme pourra louer dignement celui que Dieu couronnait du haut du ciel et qu’il couvrait de gloire ? Cependant, malgré notre insuffisance, nous vous exposons suivant nos forces ce qui a été écrit sur lui, afin de vous inspirer l’émulation et l’imitation de ses vertus, car la sagesse d’un pareil homme suffit pour instruire toute l’espèce humaine et pour engager dans la voie de la vertu ceux qui l’écoutent avec soin. Du resté, je vous prie de faire attention aux enseignements qui peuvent résulter de la dernière lecture sur le patriarche. Les hommes et les femmes peuvent y apprendre à vivre dans l’union et à respecter le nœud indissoluble du mariage. Le mari ne doit pas être inflexible envers sa femme, mais montrer de la condescendance pour sa faiblesse ; la femme ne doit pas résister à son mari ni disputer contre lui, mais tous deux doivent s’aider mutuellement à porter le fardeau et préférer la paix domestique à tous les biens. Mais il faut entendre les paroles elles-mêmes, afin que l’instruction soit plus claire. Sara, la femme d’Abram, ne lui donnait pas d’enfants, mais elle avait une servante égyptienne, nommée Agar.
Observez ici, mes bien-aimés, l’extrême patience de Dieu et l’excès de la foi et de la reconnaissance du juste pour les prédictions qui lui avaient été faites. Dieu lui avait promis bien des fois qu’il donnerait la terre à sa race et que le nombre de ses descendants égalerait la multitude des étoiles ; cependant, voyant que rien ne se réalisait de ce qui était annoncé et que toutes les promesses s’arrêtaient à des paroles, sa raison, n’était pas troublée, son esprit n’était pas agité, il resta inébranlable dans sa foi et confiant dans la puissance de Celui qui lui avait parlé. C’est ce que l’Écriture sainte rappelle ici, en disant : Sara, la femme d’Abram, ne lui donnait pas d’enfants ; ce qui nous donne à entendre qu’après des alliances si souvent répétées, après cette promesse d’une multitude innombrable qui devait sortir de lui, il ne