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dont a toujours brillé ce voyageur sans feu ni lieu et à la protection que Dieu lui a constamment accordée.
Il ne faut point juger d’après l’opinion actuelle, et dire qu’une belle vieillesse est celle qui se passe dans le luxe et la débauche an milieu d’immenses richesses, d’une foule de courtisans et d’un troupeau d’esclaves. Ce n’est pas là une belle vieillesse ; au contraire, tout cela sert à condamner l’homme qui n’est pas continent, même dans sa vieillesse, qui, même à son dernier soupir, ne songe pas à ses vrais besoins, qui sacrifie tout à son ventre et passe sa vie dans les festins et dans l’ivresse au moment où il va rendre compte de ses actions. Celui qui a marché dans le sentier de la vertu, celui-là seul termine sa vie par une belle vieillesse et reçoit plus haut la récompense de ses travaux d’ici-bas. Aussi Dieu dit au patriarche : Voilà ce qui arrivera à tes descendants, mais tu quitteras la terre après avoir joui d’une heureuse vieillesse. Ici remarquez encore que si le juste n’avait pas eu un grand courage et une extrême sagesse, ces prédictions auraient pu troubler son esprit. A sa place, le premier venu aurait dit : Pourquoi me promettre une postérité si nombreuse puisque mes descendants supporteront tant de souffrances et tant d’années de captivité ? quel avantage poissé-je y trouver ? Le juste n’eut point cette pensée ; il accepta en fidèle serviteur tout ce qui venait de Dieu, dont il préféra la volonté à la sienne. Du reste le Seigneur lui indique l’époque à laquelle ils reviendront de leur captivité : Ils reviendront ici à la quatrième génération.
Là-dessus on pourra demander pourquoi quatre cents ans de captivité sont prédits aux Hébreux, tandis qu’ils n’en ont point passé la moitié en Égypte. Aussi Dieu ne dit pas qu’ils doivent passer quatre cents ans en Égypte, mais dans une terre étrangère, si bien que l’on peut joindre aux années passées en Égypte, le temps même de la vie du patriarche, à partir du moment où il reçut l’ordre de quitter Charran. L’Écriture nous montre évidemment qu’elle compte les années depuis cette époque, lorsqu’elle dit qu’il avait soixante-quinze ans quand il partit de Charran. (Gen. 12,4) Depuis cet instant jusqu’au retour d’Égypte, si l’on fait le calcul, on trouve le nombre juste. D’un autre côté, l’on peut dire que le Seigneur plein de bienveillance, et qui proportionne toujours nos épreuves à notre faiblesse, voyant les Hébreux accablés de peines et cruellement traités par les Égyptiens, les vengea et les délivra avant l’époque qu’il avait fixée. En effet, c’est l’usage de Dieu qui cherche toujours no tre salut ; s’il menace de ses punitions, nous pouvons, en faisant preuve de conversion, le faire revenir sur ses arrêts ; en revanche, s’il nous promet quelque avantage et que nous ne fassions point-ce, qui dépend de nous, il n’accomplit point ce qu’il avait annoncé, de peur de nous rendre pires que nous n’étions. Ceux qui étudient attentivement les saintes Écritures pourront aisément s’en convaincre. Ils reviendront ici à la quatrième génération ; car les iniquités des Amorrhéens ne sont pas encore au comble. Alors, en effet, il sera temps que les uns reviennent en liberté et que les autres, en punition de leurs nombreux péchés, soient chassés de cette terre. Tout arrivera en temps convenable, l’établissement des uns et l’expulsion des autres, Leurs iniquités ne sont pas encore au comble, c’est-à-dire ils n’ont pas encore assez péché pour mériter une pareille punition. En effet, Dieu dans sa bonté ne punit jamais plus, mais toujours moins qu’on ne mérite. Aussi montre-t-il une grande patience à l’égard des Amorrhéens, pour ne leur laisser aucune excuse, puisqu’ils seront eux-mêmes les auteurs de leur châtiment.
4. Voyez comme le patriarche est exactement renseigné, comme sa foi doit se fortifier et quelle confiance les prédictions qui le regardent doivent lui inspirer pour celles qui sont relatives à sa postérité ; l’accomplissement des unes lui montrera la certitude des autres. Ensuite, quand la prédiction fut terminée, il vit un signe analogue à ceux qu’il avait déjà aperçus. Quand le soleil se coucha, il parut une flamme, une fournaise fumante et des lampes de feu qui passèrent à travers les animaux coupés en deux. La flamme, la fournaise et les lampes paraissaient pour faire connaître au juste l’indissolubilité de l’alliance, et la présence de l’énergie divine. Ensuite, quand tout fut terminé et accompli, quand le feu eut dévoré toute l’offrande, le Seigneur fit en ce jour une alliance avec Abram, en disant : Je donnerai à ta race cette terre depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve de l’Euphrate, les Cinéens, les Cenézéens et les Cedmoniens ; les Chettéens, les Phérézéens, ceux de Raphaïm et les Amorrhéens, les Chananéens, les Eviens, les Gergésiens et les Jébuséens. Voyez comme