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vous ; ou plutôt, il nous est commun à tous. Mais que parlé, je de notre peine ? Non certes ! il n’y a ici qu’un don de là grâce divine. Recueillez donc avec soin ce que Dieu vous donne, afin que vous ne partiez d’ici qu’après en avoir fait votre profit pour le salut de votre âme. Si nous vous offrons chaque jour ce festin spirituel, c’est pour que nos fréquentes exhortations et la méditation des saintes Écritures vous préservent des pièges du malin esprit. Car s’il voit en nous un grand zèle pour les occupations spirituelles, non seulement il ne nous attaquera point, mais il n’osera même nous regarder, sachant que ses manœuvres seront inutiles, et que les coups qu’il osera frapper retomberont sur sa tête.
Reprenons donc le sujet que nous traitions hier, et achevons de le développer. Hier de quoi avons-nous parlé ? De la promesse que Dieu fit à Abram en lui disant de lever les yeux au ciel et de regarder la multitude des étoiles. Compte, lui dit-il, les étoiles si tu peux les compter. Et il lui dit : Ta race sera aussi nombreuse. Ensuite l’Écriture sainte nous montrant la piété du patriarche, et sa foi aux promesses de Dieu dont il considérait le souverain pouvoir, dit : Abram crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. C’est là que nous en sommes restés hier et il nous a été impossible d’aller plus loin : maintenant il faut continuer. Que dit l’Écriture ? Le Seigneur dit à Abram : Je suis le Dieu qui t’ai retiré du pays des Chaldéens, pour te donner cette terre, afin que tu la possèdes. Voyez comme Dieu se prête à la faiblesse humaine, comme il veut fortifier la foi et persuader de l’effet de ses promesses, comme s’il disait : Souviens-toi que c’est moi qui t’ai fait sortir de ton pays ! Ces paroles de Dieu s’accordent avec celles de saint Étienne qui dit que le Seigneur ordonna à Abraham de quitter la Chaldée et sa maison. (Act. 7) Le père d’Abraham, comme nous l’avons dit, partagea son destin, quoiqu’il fût lui-même infidèle ; entraîné par son amour pour son fils, il fut son compagnon de voyage. Aussi Dieu rappelle ici à Abraham la protection dont il l’a toujours entouré, lui disant que s’il l’a fait ainsi voyager, c’était pour son avantage et pour accomplir ses promesses envers lui. Je suis le Dieu qui t’ai retiré du pays des Chaldéens, pour te donner cette terre, afin que tu la possèdes. Est-ce sans raison que je t’en ai appelé ? est-ce en vain que je t’en ai retiré ? Je t’ai fait venir en Palestine, je t’ai fait quitter la maison de ton père et t’établir clans cette terre, afin que tu la possèdes. Songe combien je t’ai protégé depuis ton départ de Chaldée jusqu’à présent ; songe que de jour en jour tu es devenu plus illustre par mon appui, par mes soins, et fie-toi à mes paroles. Voyez quel excès de bonté ! voyez comme Dieu s’abaisse jusqu’à l’homme, comme il fortifie son âme et affermit sa foi, pour qu’il ne songe, plus aux obstacles de la nature, mais qu’il se confie à Celui qui fait ces promesses, comme si elles étaient déjà accomplies.
2. Voyez aussi comme le patriarche, enhardi par ces paroles, demande une assurance plus parfaite. Il dit : Seigneur, mon ? Maître, à quoi reconnaîtrai-je que je posséderai cette terre ? L’Écriture sainte a commencé par lui rendre ce témoignage qu’il crut aux paroles de Dieu et que cela lui fut imputé à justice ; cependant, après avoir entendu ces mots : Je t’ai retiré du pays des Chaldéens, pour te donner cette terre, afin que tu la possèdes, il répond il m’est impossible de ne pas croire à ta parole ; cependant je voudrais apprendre de quelle manière je deviendrai possesseur de cette terre. Je me vois parvenu à l’extrême vieillesse ; jusqu’à présent j’ai erré comme un vagabond, et la raison humaine ne peut me faire concevoir comment tout s’accomplira, quoique j’aie ajouté foi sans hésiter à tes paroles, toi qui peux tirer l’être du néant, tout créer et tout transformer. Si je t’interroge, ce n’est donc point par incrédulité : mais puisque tu me promets de nouveau la possession de cette terre, je voudrais un signe plus matériel et plus évident pour soutenir la faiblesse de mon intelligence. Que fait alors ce Maître si bon ? Plein de condescendance pour son serviteur, il veut fortifier son âme quand il le voit avouer sa faiblesse, et malgré sa foi dans les promesses divines, en réclamer une confirmation ; il lui dit : Prends une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans et un bélier, et une tourterelle et une colombe. Vous voyez que Dieu fait un traité avec un homme à la manière humaine. Quand nous promettons quelque chose à quelqu’un et que nous cherchons à lui donner confiance en nos promesses, afin qu’il ne doute point de notre bonne volonté, nous lui laissons une preuve et une marque dont la seule vue lui donne la certitude que nous ferons tout pour dégager notre parole. Ainsi, à cette question : Comment le reconnaîtrai-je ? ce