Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

TRENTE-SIXIÈME HOMÉLIE.


Après ces paroles, la voix du Seigneur fut adressée à Abram pendant une vision dans la nuit, disant : « Ne crains rien, Abram, je te protège, ta récompense sera grande. » (Gen. 15,1)

ANALYSE.

  • 1. Cette homélie parlera encore d’Abraham, tant la vie de l’admirable patriarche est une source intarissable de beaux exemptes. Il obéit sans murmure à Dieu qui, par deux fois, lui ordonne de quitter son pays et sa famille. – 2. Abraham en Égypte ; la protection de Dieu ne lui manque jamais dans les circonstances critiques. – 3. Abraham refuse les présents du roi de Sodome et accepte ceux du prêtre Melchisédech. – 4-5. Nouvelle promesse de Dieu à Abraham. La foi du patriarche, lui est imputée à justice. – 6. Exhortation à la foi, à la charité, à la paix.


1. La vertu des justes ressemble à un trésor qui renferme une richesse immense. Celui qui peut s’emparer même d’une faible portion du trésor en retire une suffisante opulence ; il en est de même pour, celui qui peut acquérir quelque chose de la vertu du patriarche. Presque chaque jour, depuis quelque temps, notre instruction roule sur son histoire, et, malgré l’abondance avec laquelle nous vous offrons ce festin spirituel, nous n’avons pu vous raconter qu’une faible partie de ses belles actions, tant est grande l’abondance de ses vertus. Lorsqu’une fontaine s’épanche en larges ruisseaux, tout le monde s’y abreuve sans pouvoir tarir ses ondes, si bien que, plus on y puise, plus s’augmente l’abondance des eaux ; c’est aussi ce que nous observons pour notre admirable patriarche. Depuis son époque jusqu’à la nôtre, combien se sont abreuvés à cette source de belles actions, et non seulement ils ne l’ont pas tarie, mais ils en ont fait jaillir les actions saintes à flots plus abondants. Nous trouvons son histoire développée comme une chaîne d’or dans l’Écriture sainte ; dans chaque occasion, nous le voyons montrer toute sa sagesse, aussitôt suivie des récompenses de Dieu. Polir que vous en soyez convaincus, il faut résumer ce que nous avons déjà dit, vous rappeler la foi profonde du juste dans les promesses du Ciel et tous les bienfaits que Dieu lui prodigue en échange. Ce juste, à lui seul, suffit pour nous apprendre à tous à ne pas redouter les efforts que nous coûte la vertu, à nous confier dans les récompenses d’en haut, afin que, connaissant toute la bonté du Seigneur à notre égard, nous supportions sans peine tout ce qui nous paraît affligeant dans cette vie, en aspirant à la rémunération céleste. Remarquez, je vous prie, que dès sa jeunesse il fit tin bon usage de ses facultés et de ses notions naturelles ; car, personne ne l’avait instruit, et il avait été élevé par des parents infidèles ; mais sa foi le fit honorer d’une apparition divine. Comme dans son jeune âge il ne suivit point l’erreur de son père, mais qu’il montra sa piété envers la divinité, il eut une vision céleste étant encore en Chaldée ; ce que saint Étienne nous explique clairement en disant : Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, comme il était encore en Mésopotamie, avant qu’il habitât Charran. (Act. 7,2) Vous savez que cette vision lui ordonna de voyager. Il faut croire que la piété envers Dieu se joignait en lui au respect pour ses parents et qu’il s’était tellement concilié l’affection de son père, que celui-ci consentit, par amour pour son fils, à quitter son pays pour habiter une terre étrangère. Remarquez, je vous prie, comment cette visite que Dieu lui accorda à cause de sa vertu, fit encore briller davantage celle-ci. Il