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contre Chodologomor, Thartac, Amarphath et Arioch, quatre rois contre cinq ; dans la vallée Salée ; il y avait des puits de bitume. Nous voyons combien ils furent frappés de la force et de la puissance de leurs ennemis, car ils furent mis en fuite. Les rois de Sodome et de Gomorrhe s’enfuirent et tombèrent dans ces puits ; les autres se sauvèrent sur les montagnes. Vous voyez quelle était la valeur guerrière des barbares, comme ils terrifiaient leurs ennemis par leur seul aspect et comment ils les mettaient en fuite. Voyez ensuite comme ils revinrent après avoir tout pillé chez les fugitifs. Ils pénétrèrent dans les montagnes, prirent tous les chevaux des gens de Sodome et de Gomorrhe et tous leurs vivres, et s’en allèrent. Ils enlevèrent aussi Loth, neveu dAbram, et tous ses bagages, et s’en allèrent. Il habitait au pays de Sodome. Vous voyez arriver ce que je vous disais hier : il ne servit de rien à Loth d’avoir choisi ce qu’il y avait de mieux ; l’événement lui enseigne à ne pas désirer de choisir. Car, non seulement il n’en retire aucun profit, mais il est emmené captif et, il apprend par le fait même qu’il aurait mieux valu continuer à vivre avec lé juste que dose séparer et d’acheter son indépendance par tant de calamités. En quittant le patriarche il croyait être plus libre, avoir la meilleure part et devenir riche ; au contraire, le voilà prisonnier, sans demeure, sans fortune et sans foyer. Cela nous, apprend tous les inconvénients des discussions et tous les avantages de la concorde ; c’est aussi une leçon pour ne pas chercher toujours le plus profitable, mais se contenter de ce qui le paraît le moins. Ils enlevèrent Loth et son bagage. Combien il aurait mieux valu vivre avec le patriarche et tout supporter pour ne pas rompre l’union, que de choisir un pays pour y vivre séparément, et de tomber tout à, coup dans de pareils dangers, sous la puissance des barbares ! Un de ceux qui s’étaient sauvés vint raconter tout cela à Abram, l’étranger, qui habitait près du chêne de Mambré, au pays d’Omori, frère d’Eschol et frère d Aunan qui avaient fait alliance avec Abram. Comment le patriarche avait-il pu ignorer qu’une guerre si terrible s’était élevée ? Peut-être à cause de la distance. On vint raconter tout cela à Abram, l’étranger. Ce, mot nous rappelle que celui qui reçoit cette nouvelle était venu de Chaldée ; comme il avait habité au delà de l’Euphrate, on l’appelait étranger. Dès, l’origine ses parents lui avaient donné ce nom, ce qui prédisait qu’il devait voyager. On l’appela Abram parce qu’il devait quitter l’autre côté de l’Euphrate, et venir en Palestine.
4. Ainsi, quoique ses parents fussent infidèles, la sagesse de Dieu les avait dirigés dans le choix du nom de leur fils, comme Lamech pour Noé. C’est, en effet, un exemple de la bonté divine de prédire l’avenir éloigné, même au moyen des infidèles. Le voyageur apprit ainsi tout ce qui s’était passé, la captivité de son neveu, la puissance de ces rois, la dévastation de Sodome et la fuite honteuse de ses habitants. Il habitait près du chêne de Mambré, au pays d’Omori, frère d’Eschol, frère d’Aunan, qui avaient fait alliance avec Abram. Ici l’on pourra demander : pourquoi, parmi les habitants de Sodome, Loth qui était un juste, fut-il seul emmené en captivité ? Ce n’est pas sans raison et inutilement ; c’était pour faire connaître à Loth toute la vertu du patriarche et en même temps pour sauver les autres habitants ; mais c’était aussi pour lui apprendre à ne plus chercher la première place, mais à céder, à ceux qui valaient mieux que lui. Écoutons maintenant ce qui va suivre pour apprécier la vertu du juste et l’incomparable assistance de Dieu. Mais prêtez une oreille attentive et recueillez vos esprits. Nous pourrons en retirer un grand profit et conclure de ce qui est arrivé à Loth qu’il ne faut jamais s’offenser de voir les justes souffrir des épreuves auxquelles échappent les méchants, qu’il ne faut jamais chercher les premières places, ni préférer quoi que ce soit à la fréquentation des gens vertueux, enfin que l’indépendance ne vaut pas la soumission à un homme de bien. Apprécions aussi la clémence du juste ; son extrême affection pour Loth, son mépris des richesses, et la force inouïe que lui donna le secours de Dieu. Quand Abram apprit que son neveu Loth était prisonnier, il réunit : trois cent dix-huit serviteurs nés à sa maison, et suivit la trace des ravisseurs jusqu’à Dan ; il tomba sur eux avec ses serviteurs pendant la nuit et les chassa jusqu’à Chobal, qui est à la gauche de Damas. Et il ramena tous les chevaux des Sodomites ; et il ramena Loth et tout ce qui lui appartenait, les hommes et les femmes qui dépendaient de lui. Songez ici, rues bien-aimés, au courage et à la grandeur d’âme du juste, confiant dans la puissance de Dieu, il ne s’étonna point de la force des ennemis en apprenant