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toujours possible, non seulement chez soi, mais en promenade, en voyage, dans le monde, au milieu des affaires ; en un mot, faisons tout ce qui dépend de nous, dans l’espérance de trouver bientôt un guide spirituel ; car le Seigneur, voyant nos désirs à ce sujet, ne nous abandonnera pas ; il nous accordera son assistance céleste et éclairera notre esprit. Ne négligeons donc pas cette lecture, je vous en supplie ; que nous en sentions ou non toute la force, il faut nous en abreuver sans cesse. Une méditation continuelle grave en nous l’Écriture d’une manière ineffaçable : souvent, ce que nous n’avons pu saisir aujourd’hui, nous le comprenons demain quand nous y songeons de nouveau ; c’est que Dieu a bien voulu, à notre insu, pour ainsi dire, éclairer notre âme. Nous faisons cette observation à propos de la lecture fréquente des saintes Écritures ; mais il vous sera facile de voir que c’est aussi l’usage du Seigneur, même dans toute autre circonstance, de nous accorder des secours abondants, sitôt que nous avons fait ce qui dépendait de nous. A propos des Écritures, vous avez vu avec quelle promptitude Dieu avait envoyé à ce barbare un guide spirituel ; si vous voulez un exemple de ce qu’il fait en faveur de ceux qui veulent pratiquer la vertu, rappelez-vous le passage que l’on vient de lire. Pour parler plus clairement, nous continuerons ce qui se rapporte à notre patriarche, et nous allons poursuivre ce que nous avions commencé hier. Vous avez vu, d’après ce qui précède, que la condescendance qu’il montra à l’égard de Loth, en lui accordant le choix de la meilleure part, reçut comme récompense d’en haut la promesse de biens infiniment supérieurs à ceux qu’il abandonnait. La lecture d’aujourd’hui va nous faire encore reconnaître la vertu du juste, ainsi que l’ineffable protection de Dieu sur lui. Commençant à nous instruire par la sagesse du patriarche, il lui donne différentes occasions de manifester sa piété, puis il l’en récompense, afin que nous cherchions d’abord, en imitant le patriarche, à supporter les épreuves de la vertu, et ensuite à en attendre la récompense.
3. Mais il est temps que je vous parle de la lecture d’aujourd’hui ; à peine a-t-elle besoin d’explication, car elle suffit pour montrer l’excellence de la vertu du juste : Il arriva, pendant le règne d’Amarphath, roi de Sennaar, que Arioch, roi d’Elasar, et Chodologomor, roi d’Elam, et Thartac, roi des Nations, firent la guerre à Balac, roi de Sodome, à Barsac, roi de Gomorrhe, à Sennaar, roi d’Adama, à Simobor, roi de Seboïn, et au roi de Balac, ou Ségor. Tous se réunirent dans la vallée Salée, où est la mer de sel. Voyez la précision de l’Écriture, comme elle rapporte tous ces noms de rois et de peuples ! ce n’est pas sans raison, c’est pour montrer, par ces noms mêmes, tout ce qu’ils avaient de barbare. Tous ceux-là, dit-elle, firent la guerre au roi de Sodome et à d’autres encore. Ensuite elle nous apprend la cause et l’origine de cette guerre : Ils avaient été asservis douze ans à Chodologomor, roi dElam, et la treizième année ils s’étaient révoltés. Dans la quatorzième année, Chodologomor vint avec les rois qui l’accompagnaient, et ils tuèrent les géants à Astaroth et Carnaïm, et des nations puissantes avec eux, les Omméens dans la ville de Save, et les Chorréens qui étaient dans les montagnes de Séir, jusqu’au pin de Pharan, qui est dans le désert. Et en revenant, ils arrivèrent à la fontaine du Jugement, oie est Cadès, et ils tuèrent tous les princes dAmalec, les Amorrhéens et les habitants d’Asasonthamar. Ne passons point légèrement sur ces paroles, mes bien-aimés, et ne pensons pas que cette narration soit inutile. L’Écriture sainte a jugé utile de tout raconter avec exactitude pour nous faire connaître la force et le courage de ces barbares, et leur fureur belliqueuse, puisqu’ils avaient vaincu des géants, c’est-à-dire des hommes d’une grande force de corps, et qu’ils avaient mis en fuite toutes les peuplades du pays : Comme un torrent impétueux, qui emporte et détruit tout, ces barbares avaient tout envahi, tout massacré, par exemple les chefs des Amalécites, et dispersé tous les autres. Mais, l’on dira peut-être : Que me sert de connaître la puissance de ces barbares ? Ce n’est pas au hasard, ni sans raison, que l’Écriture mêle cette narration à l’histoire, et ce n’est pas en vain que nous vous avons rappelé leur courage ; c’est pour vous donner lieu de comprendre par la suite toute la puissance de Dieu et la vertu du patriarche.
Pour combattre ces hommes si terribles, qui avaient battu tant de nations, s’avancèrent les rois de Sodome et de Gomorrhe, ceux d Adama, de Séboïm et de Balac, qui est Ségor, et ils disposèrent leur armée dans la vallée Salée