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visions, et dans la main des prophètes, j’ai été représenté sous diverses images. (Os. 12,10) Par exemple, Isaïe le vit assis. (Is. 6,1) ; cela est indigne de Dieu, car Dieu n’est pas assis ; comment cela se pourrait-il, puisque sa nature est incorporelle, et impérissable ? Daniel le vit aussi comme l’Ancien des jours (Dan. 7,9, 22) ; Zacharie l’a vu sous un aspect différent (Zac. 1), et Ézéchiel encore sous d’autres. Voilà pourquoi il disait : J’ai multiplié les visions, c’est-à-dire : j’ai paru devant chacun suivant son mérite.
Et maintenant il avait tiré ce juste de sa maison, et lui avait ordonné d’aller dans une autre terre. Celui-ci, quand il y fut arrivé, errait comme un vagabond et un étranger, dans ce pays encore occupé par les Chananéens, et cherchait où il pourrait s’établir. Le Seigneur, dans sa bonté, voulut le consoler et fortifier son courage, pour l’empêcher de tomber dans l’abattement et dans le doute à l’égard de la promesse qui lui avait déjà été faite dans ces termes : Viens, et je ferai naître de toi une grande nation : En effet, le juste voyait que les événements semblaient contraires à cette promesse ; il errait comme un homme vil et méprisé, sans recommandations et sans refuge il fallait donc relever son courage ; c’est pour cela qu’il est dit : Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : Je donnerai à ta race toute cette terre. Voilà une grande promesse pour faire suite à celle qui lui avait fait quitter son pays. Il lui avait dit : Je glorifierai ton nom ; aussi ajoute-t-il maintenant : Je donnerai à ta race toute cette terre. Tandis que le juste, déjà âgé, n’avait pas d’enfants à cause de la stérilité de Sara, cette terre est promise au fils qu’il doit avoir. Considérez ici la miséricorde dé Dieu qui, prévoyant la vertu du juste, voulait la montrer à tous et la faire éclater aux yeux comme une perle cachée jusqu’alors. Après avoir fait suivre ses promesses d’autres promesses plus grandes, et les avoir confirmées de nouveau, il attend encore un peu pour faire éclater davantage la piété du juste : le saint homme, voyant que ces promesses ne se réalisaient pas, n’avait ni inquiétude, ni impatience, ni trouble d’esprit, sachant que ce que Dieu a une fois annoncé arrive d’une manière certaine et infaillible. Examinons tout à mesure pourvoir combien la sagesse du bon Dieu est ingénieuse et quels soins il a pris de ce juste, ainsi que pour apprendre l’amour du patriarche pour le Seigneur : Et le Seigneur Dieu apparut à Abram. Comment cela ? Comme Dieu seul le sait, et comme le juste seul pouvait le voir. Car, je ne puis trop le répéter, j’ignore comment cela s’est fait. J’entends seulement, l’Écriture qui me dit: Le Seigneur Dieu apparut à Abram, et lui dit : Je donnerai