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pour l’acquisition de ces biens, c’est celui qui s’en va qui les emporte pour en subir l’épouvantable châtiment, sans pouvoir jamais tirer de nulle part la moindre consolation. Pourquoi donc, dites-moi, restons-nous si indolents pour notre salut, sans songer à notre âme plus que si elle nous était étrangère ? N’entendez-vous pas le Christ qui nous dit : Que donnera l’homme en échange de son âme (Mt. 16,26) ? et encore : Que sert à l’homme de gagner le monde, s’il perd son âme ? Avez-vous rien qui s’y puisse comparer ? Quand vous diriez : toute la terre, ce ne serait rien. À quoi nous servirait-il, dit le Christ, de gagner le monde et de perdre notre âme, qui nous touche plus que tout ? Et cependant, cette âme si précieuse, qui exige tant d’attentions et de soins, nous la laisserons chaque jour tirailler en tous sens ; tantôt assiégée par l’avarice, tantôt déchirée par la luxure, tantôt flétrie par la colère, enfin agitée de mille manières par toutes les passions, et nous ne finirons pas par y songer ! Qui pourra désormais nous juger dignes de pardon et nous sauver du supplice qui nous attend ? Aussi, je vous en supplie, pendant que nous en avons encore le temps, purifions-la de ses souillures par d’abondantes aumônes qui éteindront le bûcher de nos péchés ! En effet, l’eau éteindra le feu et les aumônes enlèveront les péchés. (Eccl. 3,33) Rien donc, rien n’est plus puissant pour nous préserver du feu éternel que l’abondance des aumônes. Si nous les faisons suivant les lois établies par le Seigneur lui-même, c’est-à-dire sans rien donner à l’ostentation, mais tout à l’amour de Dieu, nous pourrons effacer la souillure de nos péchés et obtenir la miséricorde de Dieu, par la grâce et la pitié de son Fils unique, auquel, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


TRENTE-DEUXIÈME HOMÉLIE.


« Le Seigneur apparut à Abraham et lui dit : Je donnerai à ta postérité cette terre ; et là Abraham dressa un autel au Seigneur qui lui était apparu. » (Gen. 12,9)

ANALYSE.

  • 1. Exhortation à profiter de l’instruction. – 2. Dieu apparut à Abraham ; c’est la première fois que ce mot apparut se lit dans l’Écriture. Dieu éprouve souvent mais n’abandonne jamais les justes. – 3. Courses et pérégrinations d’Abraham dans le pays de Chanaan. Il loge dans la tente. Il va plus aisément d’une région à une autre que les auditeurs de saint Chrysostome n’allaient de la ville à la campagne. – 4. La disette force Abraham d’aller en Égypte ; il conseille à sa femme de se faire passer pour sa sueur. – 5. Que cette épreuve dut être cruelle pour l’un et pour l’autre ! – 6. Comment Dieu vint à leur secours en cette affreuse extrémité. 7-8. Humiliation de Pharaon. – 9. Exhortation.


1. Il y a, mes bien-aimés, un grand et immense trésor dans ce qui vient d’être lu, et il faut un esprit attentif, une raison active et Vigilante, pour que rien ne nous échappe du sens caché dans ces courtes paroles. Si la bonté de Dieu n’a pas voulu qu’une lecture des Écritures, faite rapidement et à la légère, suffise pour nous rendre clair et évident tout ce qui s’y trouve contenu, c’est afin d’éveiller notre paresse et de ranimer notre