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la nourriture spirituelle de l’âme à la nourriture matérielle du corps ! Que le mari répète quelque chose de nos instructions ; que la femme écoute, que les enfants apprennent et que les serviteurs s’instruisent. Alors, chaque maison sera véritablement lin temple d’où s’éloignera le démon, cet esprit mauvais et ennemi de notre salut, et où reposeront, sur tous ceux qui l’habitent, la grâce de l’Esprit-Saint, la paix et l’union. Si je vois que vous n’oubliez point mes premières instructions et que vous en attendez impatiemment la suite, je serai moi-même plus empressé de vous communiquer largement tout ce que le Saint-Esprit m’inspirera. Je verrai en effet ma parole germer heureusement dans vos âmes ; et c’est ainsi que le laboureur, en voyant naître le grain qu’il a semé, contemple ses champs avec un nouveau plaisir et s’encourage lui-même à leur confier de nouvelles semences.
5. Voulez-vous donc augmenter en nous le zèle de la parole sainte, faites-nous connaître que vous en gardez un souvenir fidèle et que vous vous appliquez à régler vos mœurs sur votre croyance. Que votre lumière, dit Jésus-Christ, luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Mt. 5, 16) Ainsi, notre vie doit s’accorder avec les dogmes de notre religion ; car la foi sans les œuvres est morte (Jac. 2,26), et les œuvres sans la foi sont également mortes. Et, en effet, une saine doctrine ne nous servira de rien si nous ne sanctifions notre conduite ; et, de même, une vie régulière avec une croyance erronée ne nous sera point comptée pour le ciel. Il faut nécessairement joindre la bonne doctrine à une bonne vie, et l’homme prudent, dit le Sauveur, est celui qui écoute ma parole et la met en pratique. (Mt. 7,24) Vous voyez comme il veut et que nous écoutions sa parole et que nous la suivions avec soumission et fidélité. Aussi, déclare-t-il sage et prudent celui qui se distingue par des mœurs conformes aux préceptes de l’Évangile ; celui, au contraire, qui se contente d’entendre la parole divine et qui n’en fait point la règle de sa conduite, est à juste titre appelé insensé. Et en effet, il bâtit sa maison sur un sable mouvant ; c’est pourquoi cette maison s’écroule sous le choc des vents. Telles sont ces âmes lâches qui ne s’appuient point sur la pierre ferme. Car ici il n’est question ni de maison, ni d’édifice matériel, mais de notre âme et des tentations qui l’ébranlent ; ce sont ces tentations que l’Évangile désigne, sous les noms de pluies, de vents et d’inondations. L’homme constant, sobre et vigilant les surmonte aisément, et plus les afflictions sont grandes, plus aussi s’augmentent sa force et son courage ; mais l’homme faible et indécis plie au moindre souffle de la tentation : il vacille, se trouble et succombe, bien moins par suite de la violence des attaques que par l’effet d’une volonté molle et chancelante.
C’est pourquoi il importe que nous soyons sobres, vigilants et préparés à tout, modestes et retenus dans la prospérité, et soumis et prudents dans l’adversité ; en sorte que dans toute situation nous baisions amoureusement la main miséricordieuse du Seigneur. Ces dispositions attireront sur nous l’abondance des grâces divines, et celles-ci nous feront traverser heureusement le cours de l’existence et acquérir de grands trésors pour la vie éternelle. Je vous la souhaite, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire, l’empire et l’honneur, avec le Père et l’Esprit-Saint, maintenant, toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.