Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour me rappeler mon alliance, Est-ce donc la vue qui rappelle en lui le souvenir ? Gardons-nous de le penser, loin de vous une idée, de ce genre ! Mais c’est afin que quand nous voyons ce signe, nous ayons confiance en la promesse de Dieu, sachant avec certitude qu’il est impossible que Dieu n’accomplisse pas ses promesses. Et, Dieu dit à Noé : C’est là le signe de l’alliance que j’ai faite entre moi et toute chair qui est sur la terre. (Gen. 16,17) Vous avez reçu, dit-il, te signe entre moi et toute chair qui est sur la terre. Désormais, plus de confusion dans vos, pensées, plus de trouble dans vos âmes ; regardez ce signe, ayez vous-même bonne espérance, et que tous ceux qui viendront après, vous, en regardant ce signe, soient consolés ; que la vue de ce signa leur donne la confiance que désormais tempête, pareille n’envahira plus la terre ; quoique les péchés des hommes s’accroissent, moi, cependant je remplirai ma promesse, et je ne montrerai plus jamais uns, telle colère contre, tous à la fois. Comprenez-vous combien est grande la bonté du Seigneur ? Comprenez-vous comme il sait conformer son langage à notre faiblesse ? Comprenez-vous la grandeur de sa providence ? Comprenez-vous ce qu’il y a de magnifique dans sa libéralité ? En effet, il n’a pas étendu sa bonté à deux, à trois, à dix générations, si vous voulez ; ce qu’il a promis s’étendra tant que subsistera le monde. De là deux raisons de nous corriger l’une, parce que les hommes du déluge, se sont attirés leur châtiment par l’énormité de leurs péchés ; l’autre, parce que l’ineffable miséricorde a daigné nous faire une telle promesse. En effet, la reconnaissance est, pour les sages, un lien qui les attache plus fortement au devoir que la crainte des châtiments.
Ne soyons donc pas ingrats : car si, même avant que nous ayons montré quelque vertu, ou plutôt, quand nous avons commis des actions qui méritent de si, rigoureux châtiments, Dieu daigne nous accorder de si grands bienfaits ; lorsque nous aurons prouvé notre reconnaissance, lorsque nous lui aurons montré notre, gratitude pour ses grâces qui nous préviennent, que nous nous serons transformés ; et, que nous serons devenus meilleurs, quels honneurs insignes ne nous ménagera-t-il pas dans sa bienveillance ? S’il nous fait tant de bien, malgré notre indignité ; si, malgré nos fautes, il nous aime, quand nous aurons rejeté loin de nous la malignité, une fois que, nous nous serons mis à la poursuite de la vertu, quels biens n’obtiendrons-nous pas ? Voilà pourquoi il nous prévient par ses bienfaits, et, quoique nous soyons des pécheurs, voilà, pourquoi il nous pardonne, écarte loin de nous les châtiments tout prêts ; c’est pour nous attirer par tous les moyens, par ses bienfaits, par sa patience ; et souvent même, lorsqu’il inflige à quelques hommes des châtiments, c’est pour attirera lui d’autres hommes ; c’est afin que, corrigés par la crainte, ils puissent éviter l’effet réel de la punition. Comprenez-vous bien cette ingénieuse bonté, comment, dans tout ce que fait le Seigneur, il n’y a qu’un but exclusif, unique, notre salut ? Donc, réfléchissons sur ces choses ; plus de relâchement, plus d’insouciance pour, la vertu, plus de transgression de ses ordres. Dès qu’il noue verra nous convertir, nous reposer, nous arrêter sans avancer d’un seul pas de plus dans le mal, faire quoi que ce soit, un commencement de vertu, lui aussi travaillera avec nous à sa manière, nous rendra tout facile et tout léger ; il ne permettra pas que nous ayons le sentiment des fatigues qui accompagnent, la vertu. Car, dès que l’âme tend vers bien sa pensée, désormais elle ne peut plus être trompée par les choses visibles ; elle court, elle ne voit plus ce qui frappe les yeux de notre corps ; elle, distingue d’une, manière plus nette qu’elle n’aperçoit les objets soumis à nos yeux, elle se représente ce que ne voient pas les yeux du corps, ce qui n’est pas sujet, au changement, ce qui demeure toujours, ce qui est fixe, immuable. Tels sont les yeux de la pensée, continuellement attentifs au spectacle d’en haut, éclairés par les divins rayons ;, tout ce qui appartient à la vie présente, c’est un songe ; une ombre qui ne les arrête pas ; plus de déception possible, plus d’erreur. On voit la richesse, et on s’en rit ; on sait que plus infidèle qu’un esclave fugitif, elle passe d’un maître à un autre, ne demeure jamais auprès du même, cause à ceux qui la possèdent des malheurs sans fin, renversant, précipitant, pour ainsi dire, le riche dans l’abîme de la malignité ; à l’aspect de la beauté du corps, l’âme n’arrête pas ses regards ; elle pense à ce qu’il y a d’inconstant dans cette beauté qui s’écoule, qu’une maladie soudaine prive tout à coup de ses charmes, que la vieillesse, à défaut de la maladie, transforme en laideur