Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

terre. Avez-vous bien compris jusqu’où s’étend ce pacte ? Avez-vous bien compris tout ce qu’il y a, dans cette promesse, d’ineffable libéralité ? Considérez comme Dieu étend encore une fois sa bonté jusque sur les – êtres dépourvus de raison, sur les bêtes sauvages ! et ce n’est pas sans motif : je l’ai dit souvent, je le redis encore, les animaux ont été créés à cause de l’homme : voilà pourquoi ils ont leur part des bienfaits accordés à l’homme. Maintenant le pacte semble confondre l’homme et les animaux, mais il n’en est ; pas ainsi, car cette promesse est une consolation qui ne s’adresse qu’à l’homme, pour qu’il sache en quel degré d’honneur il est maintenu, puisque, non seulement on le comble de bienfaits ; mais encore, en considération de lui, la libéralité du Seigneur s’étend sur les animaux : Et toute chair qui a vie, dit Dieu, ne périra plus désormais par le déluge ; et il n’y aura, plus à l’avenir de déluge pour faire périr toute la terre. Voyez-vous comment, une fois, deux fois, à mainte reprise, Dieu promet dune plus renouveler la destruction universelle ? C’est pour bannir de l’esprit de l’homme juste lés inquiétudes qui le troubleraient ; c’est pour lui donner bon espoir dans l’avenir. Ensuite, ne s’arrêtant plus à sa propre nature ; mais s’accommodant à notre infirmité, Dieu rend visible la promesse que ses paroles avaient exprimée. Il montre une fois de plus comment il sait s’accommoder à notre infirmité, il donne un signe à jamais durable pour affranchir la race des hommes d’une insupportable terreur : quand même des pluies fréquentes se précipiteraient sur la terre, quelle que soit la violence des tempêtes ; quelle que soit l’étendue des inondations, il ne veut pas que nous ressentions de crainte, mais que nous ayons confiance en regardant le signe qu’il nous donne : Et le Seigneur Dieu dit à Noé : Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous ; et tous les animaux vivants qui sont avec vous. Voyez quel insigne honneur il daigne faire au juste ! il conclut avec lui un pacte, comme un homme parlant à un autre homme, et il lui dit : Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les animaux vivants qui sont avec vous, pour toutes les générations. Voyez-vous bien comment le signe qu’il va donner s’étend à toutes les générations ? Il ne donne pas ce signe seulement pour tolus les êtres vivants sans distinction, mais il le constitue perpétuel, durable, tant que subsistera le monde. Quel est donc ce signe ? Je mets mon arc dans les nuées, et il sera le signe de l’alliance entre moi et la terre. Voici qu’après la promesse verbale, je donne ce signe visible, l’arc-en-ciel, (que quelques-uns disent produit par les rayons du soleil rencontrant les nuages). Si ma parole, dit-il, ne suffit pas, voici que je donne mon signe, qui répond que je n’infligerai plus un pareil châtiment. À la vue de ce signe, soyez affranchis de toute crainte : Et lorsque j’aurai couvert le ciel de nuages, mon arc paraîtra dans les nuées et je me souviendrai de l’alliance qui est entre moi et vous, et toute âme qui vit dans toute chair. (Gen. 12,13-14) Que dites-vous, ô bienheureux prophète ? Je me souviendrai, dit-il, de mon alliance, c’est-à-dire de mon pacte, de mon engagement, de ma promesse. Ce n’est pas que Dieu ait besoin d’un signe pour se souvenir, mais c’est afin que nous, à la vue de ce signe, nous ne concevions pas de tristes soupçons, c’est afin que nous nous rappelions aussitôt la divine promesse, que nous ayons la confiance que nous ne souffrirons rien qui ressemble au déluge.
3. Avez-vous bien vu tout le soin que prend Dieu de s’accommoder à notre infirmité, sa grande sollicitude pour notre race, la grande miséricorde qu’il nous montre, non qu’il ait vu les hommes convertis, mais parce qu’il veut par tous ces moyens nous enseigner la profondeur de sa bonté ? Et il n’y aura plus à l’avenir de déluge pour faire périr toute chair ; il n’y aura plus de pluie de ce genre. Il a vu que c’est là ce que redoute la nature humaine ; voyez comme tout de suite il la rassure par une promesse, en lui disant : Quand même vous verriez des torrents de pluie, ne concevez pas pour cela des soupçons lugubres, des craintes, car : Il n’y aura plus â l’avenir de déluge pour faire périr toute chair ; il n’y aura plus de pluie de ce genre désormais ; la race des hommes n’éprouvera plus désormais un si terrible effet de la colère : Et mon arc, dit-il, paraîtra dans les nuées, et je le verrai pour me rappeler l’alliance éternelle entre Dieu et toute âme vivante dans toute chair. Considérez le choix des expressions dont il se sert pour inspirer à l’homme une confiance ferme et solide : Et je le verrai, dit-il,