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pour ceux qui vous calomnient. (Mt. 5,44) Comme ces préceptes sont élevés et touchent le sommet de la vertu, il ajoute : Afin que vous soyez semblables â votre Père qui est aux cieux parce qu’il fait lever son soleil sur les bons et les méchants, et qu’il fait tomber la pluie sur les justes et les pervers.
Voyez à qui peut ressembler l’homme, autant que sa nature le comporte, quand il consent, non seulement à ne pas se venger de celui qui l’a offensé, mais encore à prier pour lui ? Que notre négligence ne nous fasse donc pas perdre de vue de si grands biens et ces récompenses incomparables, mettons tous nos soins à une œuvre si méritante, habituons et forçons notre esprit à obéir aux ordres de Dieu. C’est pour cela que je vous ai fait cette exhortation et que je vous ai rapporté cette parabole. Vous avez vu quelle était l’importance de cette œuvre et quel avantage nous pouvons en retirer ; je vous l’ai montré pour que celui d’entre vous qui aurait un ennemi s’empresse de se réconcilier avec lui pendant qu’il en est encore temps. Qu’on ne me dise pas je l’ai prié une première et une seconde fois de se réconcilier, et il a refusé. Si nous le voulons sincèrement, nous n’aurons pas de repos avant d’avoir remporté cette victoire, de nous l’être rendu favorable et de lui avoir fait oublier ses inimitiés avec nous. Lui donnons-nous quelque chose ? c’est sur nous que retombent les bienfaits ; nous méritons la faveur de Dieu, nous obtenons le pardon de nos péchés, nous augmentons notre confiance en Dieu. Si nous agissons ainsi, nous pourrons approcher avec confiance de cette table si sainte et si redoutable et dire avec fermeté toutes les paroles des prières. Les initiés savent ce que je veux dire. Aussi, j’abandonne à la conscience de chacun de vous la question de savoir si nos devoirs auront été assez bien remplis pour dire à ce moment terrible ces paroles avec confiance. Si nous sommes négligents, quelle cause de condamnation ce sera pour nous qui prononcerons des paroles contraires à nos actions, qui aurons l’audace de répéter ces prières, d’attiser le feu qui nous menace et de provoquer la colère de Dieu ! Je suis transporté de joie quand je vois quel plaisir vous prenez à mes paroles, quand vos applaudissements me prouvent que vous êtes remplis de zèle et disposés à accomplir le précepte du Seigneur. C’est là ce qui guérit nos âmes, ce qui panse nos blessures, c’est la route qui plaît surtout à Dieu, c’est la meilleure preuve de l’amour d’une âme pour Dieu que de tout entreprendre pour suivre la loi du Seigneur sans être arrêté par la pensée de notre faiblesse, mais de commander à ses passions en réfléchissant aux bienfaits dont Dieu nous comble chaque jour. Quoi que nous nous efforcions de faire, nous ne pourrions vous exposer même la moindre partie de tous ceux que nous avons reçus ou que nous recevons chaque jour, et surtout de ceux qui nous sont promis pour l’avenir, si nous voulons accomplir les ordres de Dieu. Aussi, en sortant d’ici, telle doit être notre première préoccupation ; nous devons nous y livrer comme à la recherche d’un trésor, sans différer d’un seul instant. Peu importent les fatigues, les recherches, la longueur de la route et les ennuis de toute espèce, triomphons de tous ces obstacles. N’ayons qu’un souci, celui d’accomplir l’ordre du Seigneur, et notre obéissance sera récompensée. Est-ce que j’ignore combien il est embarrassant et pénible d’aller trouver celui qui est en hostilité avec nous, de rester et de parler avec lui ? Mais si vous songez à l’autorité du précepte et à la magnificence de la récompense, si vous réfléchissez que vos bienfaits retomberont sur vous plutôt que sur lui, tout vous paraîtra simple et facile. Soutenus par cette méditation, mettons-nous au-dessus de nos habitudes et accomplissons avec piété les ordre, du Seigneur. Méritons, ainsi d’être récompensés, par la grâce et la miséricorde du Christ, auquel soient ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance et honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduction de M. HOUSEL.