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Prophète : Le parfum m’est en abomination (Isa. 1, 13), pour montrer que ceux qui l’offrent ont une volonté perverse. De même que la vertu du juste a changé en parfum la fumée et l’odeur de viande rôtie, de même leur méchanceté changeait les parfums en infection. Aussi, efforçons-nous, je vous en conjure, d’apporter des intentions pures, c’est la source de tous les biens. Le bon Dieu n’a pas l’habitude de regarder nos actions elles-mêmes, il considère la pensée intérieure qui nous fait agir : d’après cela il blâme ou il approuve nos actions. Ainsi, soit que nous priions, soit que nous jeûnions, soit que nous fassions l’aumône (car ce sont là nos sacrifices spirituels), soit que nous fassions toute autre œuvre spirituelle, faisons-la toujours dans une bonne intention, afin de recevoir une palme digne de nos efforts. En effet, il est absolument impossible que nos travaux ne soient pas récompensés, s’ils ont été dirigés suivant les règles de la vertu. Il peut même se faire que, par l’extrême bonté de Dieu, nous soyons récompensés pour la seule intention, quoique notre œuvre n’ait pas été accomplie. Remarquez, par exemple, ce qui arrive à propos de l’aumône. Si, en voyant un homme étendu sur la place et réduit à la dernière misère, vous compatissez à son sort, et si vous élevez votre pensée au ciel, en remerciant le Seigneur qui vous a épargné ces souffrances et qui donne au pauvre le courage de les supporter, quand même vous ne pourriez apaiser et rassasier sa faim, vous serez néanmoins complètement récompensé pour l’intention. Voilà pourquoi le Seigneur dit : Celui qui aura donné seulement un verre d’eau froide à quelqu’un parce qu’il est mon disciple, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense. (Mat. 10,42) Qu’y a-t-il de moins précieux qu’un verre d’eau froide ? Mais l’intention qu’on y joint mérite une récompense. Nous pouvons prendre l’exemple opposé. Je dois présenter ces contrastes à votre charité pour que vous puissiez apprécier le mérite avec assurance. Écoutez ce que dit le Christ : Celui qui regarde une femme pour la désirer a déjà commis l’adultère dans son cœur. (Mat. 5,28) Vous voyez ici qu’une mauvaise pensée entraîne une condamnation, et qu’un regard imprudent est puni comme si l’adultère avait été consommé ! Puisque nous savons tout cela, affermissons partout et toujours notre intention dans le bien, afin que nos actions soient bien reçues. Car si une bonne intention change en parfum la fumée et la mauvaise odeur, que ne peut-elle pas faire d’un culte spirituel, et quelles grâces du ciel ne peut-elle pas attirer sur nous ! Le Seigneur en sentit l’odeur agréable. Vous voyez ce qui est arrivé au juste dont l’action, à en juger par l’apparence, avait peu de valeur, mais qui en avait une très-grande par la pureté de son intention. Voyez encore l’infinie bonté du Dieu de clémence. Le Seigneur Dieu dit en réfléchissant : je ne maudirai plus la terre à l’occasion des œuvres des hommes, car la pensée des hommes est sujette à tomber dans le mal dès leur jeunesse. Je ne frapperai plus toute chair vivante, comme je l’ai fait, tant que la terre vivra.

4. Quelle quantité de bienfaits, quelle étendue de bonté, quel excès de clémence ! Le Seigneur Dieu dit en réfléchissant. Ce mot en réfléchissant est tout à fait humain et adapté à notre nature. Je ne maudirai plus la terre à l’occasion des œuvres des hommes. En effet, il avait dit au premier homme créé. La terre t’engendrera des épines et des chardons. (Gen. 3,8, et 4, 12), et il avait parlé de même à Caïn. – Maintenant ; après la destruction universelle, il s’adresse au juste pour le consoler, lui rendre confiance et l’empêcher de te dire à soi-même : À quoi servira cette bénédiction, croissez et multipliez, s’il nous faut encore périr après nous être multipliés ? Car il avait aussi dit autrefois à Adam : Croissez et multipliez ; cependant le déluge est venu. Pour lui éviter ces tourments perpétuels de la pensée, voyez quelle est la bonté de Dieu : Je ne maudirai plus la terre à propos des œuvres des hommes ! D’abord il déclare que c’est à propos de leur perversité qu’il a ainsi bouleversé la terre. Ensuite, pour nous montrer que s’il fait cette promesse, ce n’est pas qu’il s’attende à voir les hommes se mieux conduire ; il ajoute : Car la pensée des hommes est sujette à tomber dans le mal dès leur jeunesse. Voilà un rare exemple de bonté. Puisque, dit-il, la pensée de l’homme est sujette à tomber dans le mal depuis sec jeunesse, à cause de cela, je ne maudirai plus la terre. J’ai usé deux fois, dit-il, de tout mon pouvoir puisque je vois la méchanceté si prompte à s’accroître, je promets de ne plus détruire la terre. Ensuite, pour montrer toute l’étendue de sa bonté, il ajoute : Je ne frapperai plus toute chair vivante, comme je l’ai fait, tant que la terre vivra. Voyez, je vous prie, quelle consolation