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libéralement. Et pour vous faire voir toute la pauvreté humaine et toute la munificence de Dieu, écoutez bien ceci : si nous voulons faire une offrande à Dieu, que pouvons-nous faire de plus que de lui offrir des paroles d’action de grâces ? Ce qu’il fait pour nous, au contraire, nous le voyons par des œuvres. Or, quelle différence entre les paroles et les œuvres ! Le Seigneur n’a pas besoin de nous et ne nous demande rien que des paroles : Si même il exige cette reconnaissance verbale, ce n’est pas qu’il en ait besoin, mais c’est pour que nous ne soyons point ingrats et que nous reconnaissions l’Auteur de tant de bienfaits. Aussi saint Paul nous dit : Soyez reconnaissants. (Col. 3,15) C’est là surtout ce que Dieu nous demande. Ainsi ne soyons point ingrats ; ne montrons point de paresse pour remercier Dieu, puisque nous recevons ses bienfaits : il nous en reviendra de nouveaux avantages. Si nous sommes reconnaissants des bienfaits passés, nous en recevrons encore de plus grands, et de plus nous donnerons des forces à notre confiance. Seulement, je vous en conjure, méditons, méditons en nous-mêmes, chaque jour et à chaque heure, s’il est possible, non seulement les bienfaits que nous avons reçus du Créateur et que nous partageons avec toute la nature humaine, mais ceux que nous recevons chaque jour et en particulier.
Que parlé-je de bienfaits quotidiens et particuliers ? Remercions encore Dieu de tous ceux qu’il nous accorde et que nous ne connaissons pas. Quand il est inquiet pour notre salut, il nous oblige sauvent à notre insu, souvent même il nous sauve des dangers et nous accorde encore d’autres grâces. C’est une source de clémence qui répand sans cesse ses flots sur le genre humain : Méditons à ce sujet et cherchons à remercier le Seigneur de ses bienfaits passés et à nous préparer à ceux de l’avenir de manière à ne pas en paraître indignes : c’est alors que nous pourrons bien diriger notre existence et fuir le vice. Car le souvenir des bienfaits est une excellente préparation à une vie vertueuse il nous empêche de tomber dans l’indifférence et l’oubli, et de tourner au mal. Un esprit attentif et vigilant remercie toujours, dans les mauvais succès comme dans les bons, et ne se laisse point abattre par les vicissitudes de la vie ; il s’en fortifie davantage, et il considère l’ineffable providence de Dieu qui déploie, même dans nos adversités, assez de sagesse et de ressources, quoique nous ne puissions pas comprendre toute la profondeur de ses desseins, pour montrer qu’il veille encore sur nous.
6. Aussi soyons toujours disposés à lui rendre sang cesse grâce de toutes choses, quoi qu’il arrive. C’est pour cela qu’il a fait de nous des êtres raisonnables et différents des animaux ; c’est pour louer, célébrer, glorifier sans cesse le Seigneur créateur de toutes choses. C’est pour cela que son souffle a fait naître notre âme et qu’il nous a accordé la parole, afin d’apprécier ses bienfaits, de reconnaître sa puissance et de montrer que nous ne sommes point ingrats en le remerciant selon nos forces. Car si les hommes, c’est-à-dire nos semblables, exigent de nous des remerciements pour le moindre bienfait, non pas qu’ils s’inquiètent de notre reconnaissance, mais pour en tirer gloire, combien ne devons-nous pas remercier Dieu qui ne veut que nous rendre service ? Notre reconnaissance glorifie les hommes qui nous ont obligés ; celle que, nous marquons à Dieu nous glorifie nous-mêmes. En effet, quoiqu’il n’ait pas besoin de nos remerciements, il les désire, mais c’est pour en faire retomber sur nous tout l’avantage et nous rendre dignes d’une protection encore plus grande. Sans doute nos louanges ne sont pas dignes de lui ; comment cela se pourrait-il avec la faiblesse de la nature qui nous enchaîne ? Mais pourquoi parler de la nature humaine ? Pas même les intelligences incorporelles et invisibles, les puissances et les dominations, les chérubins et les séraphins ne pourraient célébrer dignement sa gloire. Nous n’en devons pas moins, selon nos forces, lui exprimer notre reconnaissance et glorifier sans cesse notre Seigneur par les louanges que lui adresse notre voix et par la pureté de notre vie. Car la meilleure glorification de Dieu consiste à le faire célébrer par des milliers de langues. Or, tout homme vertueux engage tous ceux qui le voient à célébrer le Seigneur ; et cette glorification dont il est cause loi attire de la part de Dieu une grande et ineffable bénédiction. En effet, peut-il y avoir rien de plus glorieux pour nous, non seulement de célébrer par nos propres voix la gloire du bon Dieu, mais d’engager tous nos semblables à le glorifier avec nous ? Pour cela, mes bien-aimés, rien ne vaut une conduite irréprochable. Aussi le Seigneur dit : Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres