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femmes de tes fils avec toi, ainsi que tous les animaux qui sont avec toi, toute chair, depuis les volatiles jusqu’aux bestiaux et aux reptile qui se meuvent sur la terre : fais-les sortir avec toi ; croissez et multipliez sur la terre. Voyez comment Dieu, dans sa bonté, donne au juste toute sorte de consolations. Il le fait sortir de l’arche, avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, avec tous les animaux ; et pour ne pas le laisser ensuite dans un profond découragement s’il pouvait se demander avec anxiété quelle serait sa vie dans ce désert, habitant seul une si vaste étendue sans y rencontrer d’êtres vivants, après lui avoir dit sors de l’arche et emmène tout ce qui est avec toi, il ajoute : Croissez et multipliez sur la terre.
Voyez comment le juste reçoit cette bénédiction d’en haut, qu’Adam avait reçue avant le péché ; car aussitôt après là création, Dieu les bénit en disant : Croissez, multipliez et gouvernez la terre. De même, il est dit à Noé : Croissez et multipliez sur la terre. De même que le premier est l’origine et la racine de tous ceux qui ont précédé le déluge, de même notre juste est comme le levain, l’origine et la racine de tout ce gui a suivi le déluge. C’est de lui que viennent nos générations actuelles, pour lui que la création tout entière a recouvre sa beauté propre, que la terre a pu donner des fruits et que tout a été réorganisé pour servir l’homme. Noé sortit, lui et sa femme et les femmes de ses fils avec lui ; et tous les animaux, les bestiaux, les oiseaux, les reptiles se mouvant sur terre, tous suivant leur espèce, sortirent de l’arche. Après avoir reçu l’ordre du Seigneur et sa bénédiction dans ces termes : Croissez et multipliez, il sortit de l’arche avec tout ce qui s’y trouvait. Et ensuite il vivait seul sur la terre avec sa femme, ses fils et les femmes de ses fils. Mais sitôt qu’il fut sorti, il montra sa reconnaissance naturelle en rendant grâce au Seigneur tant pour le passé que pour l’avenir. Mais, si vous le voulez bien, afin de ne pas être trop long, nous renverrons à demain ce qui regarde la reconnaissance du juste et nous n’en parlerons pas maintenant ; nous vous supplions de porter sans cesse vers ce bienheureux votre attention et votre zèle, pour étudier la perfection de sa vertu et pour chercher à l’égaler. Considérez, je vous en conjure, combien est grand le trésor de sa vertu, puisque, après tant de jours que j’ai consacrés à vous en parler, je n’ai pu encore terminer ce que j’avais à vous en dire. Que parlé-je de terminer ! Nous n’y parviendrons jamais, quoique nous puissions dire : nous et nos successeurs, nous aurons beau parler, nous n’épuiserons pas ce sujet : telle est l’excellence de la vertu ! L’exemple de ce juste suffirait, si nous le voulions bien, pour instruire la nature humaine et l’engager à imiter cette vertu. Car si Noé, seul au milieu de tant de méchants et n’ayant pas un ami, est parvenu à ce comble de vertu, quelle sera notre excuse, à nous qui ne rencontrons pas lés mêmes obstacles, et qui ce, pendant sommes si négligents pour les bonnes œuvres ? Il ne s’agit pas seulement de cette existence de cinq cents ans pendant laquelle il était forcé de vivre au milieu ries méchants qui le raillaient et l’insultaient ; cette année qu’il passa tout entière dans l’arche me parait valoir tout le reste. Ce juste y éprouvait une infinité d’afflictions et d’angoisses, par la privation d’air et le voisinage de tant d’animaux : au milieu de tout cela son esprit restait inébranlable, sa volonté inflexible, ainsi que sa foi envers Dieu, qui lui rendait tout facile et léger à supporter. Il est vrai que, s’il faisait beaucoup de lui-même ; Dieu avait été prodigue envers lui. Malgré les tourments qu’il supportait dans l’arche, du moins il évitait une terrible catastrophe et il échappait à la destruction universelle. Aussi en échange de ces angoisses et de cette insupportable prison, il avait le repos et la sécurité, en même temps que la divine bénédiction : aussi montra-t-il sa reconnaissance, et vous le verrez toujours commencer par là. Dans les premiers temps de sa vie, il a pratiqué toutes les vertus et fui tous les vices dont ceux qui vivaient alors étaient infectés, ce qui lui a épargné loué punition et l’a fait sauver lui seul pendant que tous les autres étaient submergés : de même aussi, comme il a conservé la foi et qu’il a supporté avec reconnaissance son séjour dans l’arche, il a reçu encore une nouvelle effusion de grâce divine ; à peine sorti de l’arche et revenu à ses premières habitudes il a obtenu a bénédiction, et montrant toujours la même reconnaissance il a rendu grâce à Dieu qui l’a encore honoré de plus grands bienfaits. Car c’est ce que fait Dieu : ce que nous lui offrons peut-être sans importance ni valeur ; mais enfin, si nous l’offrons, il nous récompense