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vérités sérieusement méditées nous fassent donner à notre salut toute notre attention, mépriser les plaisirs des sens, plaisirs vains et dangereux, et embrasser avec joie le jeûne et ses pratiques salutaires. Montrons par tout l’ensemble de notre conduite que nous sommes véritablement changés, et hâtons-nous de multiplier chaque jour nos bonnes œuvres. C’est ainsi qu’après avoir, durant le saint temps du carême, grossi nos richesses spirituelles, et augmenté le trésor de nos mérites, nous atteindrons heureusement le saint jour du Seigneur. Dans ce jour il nous sera donné de nous asseoir avec confiance à la table redoutable du banquet divin, d’y participer avec une conscience pure aux délices ineffables, et d’y recevoir les biens éternels et les grâces abondantes que le Seigneur nous a préparés. Puissions-nous obtenir cette grâce par les prières et l’intercession des saints qui ont plu eux-mêmes à Jésus-Christ notre divin Sauveur, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’empire et l’honneur, maintenant, et dans tous les siècles des siècles ! – Ainsi soit-il.

DEUXIÈME HOMÉLIE.


Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. (Gen. 1,1)

ANALYSE.

  • 1. Le carême avec ses pratiques de pénitence est un temps très-favorable pour la prédication. – C’est pourquoi l’orateur se propose de l’employer à l’explication du livre de la Genèse. – 2. Le Seigneur, qui parlait aux patriarches, a voulu révéler à Moïse la création du monde, et nous la faire connaître par lui. – Écoutons donc ses paroles comme un oracle divin. – 3. Ici une raison trop curieuse deviendrait téméraire, et elle doit se soumettre humblement à la parole du Seigneur. – 4. Ces mots : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », réfutent par avance les erreurs de Marcion et de Valentin ; et s’ils ne veulent pas s’en rapporter à l’Écriture, il faut les éviter et les fuir. – Moïse dit encore que la terre était informe et toute nue, afin de nous montrer Dieu comme l’auteur des biens qu’elle nous prodigue. – 5. L’orateur termine par quelques réflexions morales, et exhorte ses auditeurs à faire de ses instructions le sujet de leurs entretiens.


1. La vue de vos visages aimables me comble aujourd’hui de joie. Le père le plus tendre se réjouit moins au sein d’une nombreuse famille qui l’entoure de gloire, d’hommages et de fêtes, que je ne le fais moi-même en voyant cette belle réunion de chrétiens si pieux et si bien disposés. Vous brûlez d’un tel désir d’entendre la parole divine, que vous abandonnez les plaisirs de la table pour accourir à ce festin spirituel ; et c’est ainsi que vous réalisez cette parole du Sauveur : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. (Mt. 4,4) Imitons donc la conduite des laboureurs. Lorsqu’ils ont bien préparé un champ, et qu’ils en ont arraché les mauvaises herbes, ils y sèment le bon grain en abondance. Mais vos âmes ne sont-elles point un champ mystique, et la grâce divine ne les a-t-elle point épurées de toutes ces affections déréglées qui y entretenaient le trouble et le désordre ? aujourd’hui vous avez étouffé tout désir des plaisirs de la table, et vous avez calmé les orages et les tempêtes du cœur et de la pensée, en sorte que la sérénité et la paix règnent dans votre esprit. Vous méprisez donc les jouissances sensuelles pour ne songer qu’aux biens spirituels, et sur les ailes de la pénitence vous vous élevez jusqu’au ciel. C’est pourquoi tout nous engage à vous adresser la parole, et à