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Dieu dans ce qui suit : car, de même que ses paroles menaçantes annonçaient la mort de l’espèce humaine, et en même temps la destruction des bêtes de somme, des reptiles, des volatiles, des animaux sauvages ; de même ici, par égard pour l’homme juste, il commande d’introduire dans l’arche un couple de chaque espèce de ces animaux, pour servir à la reproduction des animaux à venir. De tous les animaux, dit-il, des bêtes de somme, de tous les animaux sauvages, de joute chair, tu feras entrer un couple, afin qu’ils vivent avec toi ; et ils seront mâle et femelle. De chaque espèce des oiseaux, de chaque espèce des animaux terrestres, de chaque espèce des reptiles rampant sur la terre, deux entreront avec toi, pour vivre avec toi, et ils seront mâle et femelle. (Gen. 6,19-20) Ne passez pas sans vous arrêter, mon bien-aimé ; considérez quel souci, quel trouble de pensées dut donner à cet homme juste le soin à prendre de tous ces animaux. En effet, ce n’était pas assez pour lui de s’occuper dé sa femme et de ses fils, et de ses belles-filles, il lui fallait encore s’inquiéter de tant d’animaux sans raison, qu’il devait nourrir. Mais patience, attendez ; vous verrez la bonté de Dieu, comme Dieu soulage le soin qu’il impose à l’homme juste : Tu prendras, dit-il, avec toi, de tout ce qui peut se manger, et tu le porteras dans l’arche, pour servir à ta nourriture et à celle de tous les animaux. (Id. 21) Ne pense pas, dit Dieu, que ma providence t’abandonne ; vois, je te commande de porter dans l’arche tout ce qu’il faut pour votre nourriture et pour la nourriture des animaux, de sorte que vous ne souffriez nullement de la faim, que rien ne vous manque, et que les animaux ne périssent pas, faute de la nourriture qui leur convient. Et Noé, dit le texte, accomplit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait commandé, il l’accomplit ainsi. Voyez maintenant, ici, le plus beau des éloges : Noé accomplit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait commandé. Il n’accomplit pas telle chose, il ne négligea pas telle chose, mais tout ce qui avait été commandé, il l’accomplit. Et, il l’accomplit ainsi qu’il lui avait été commandé. Il n’omit rien : il accomplit tout, et il prouva, par ses œuvres, que c’était avec raison que Dieu l’avait jugé digne de sa bienveillance. Quelles couronnes ne mérite pas le témoignage que la divine Écriture décente à ce juste ? Quel homme pourrait être plus heureux que celui qui a accompli toutes les œuvres que Dieu lui avait commandées, qui a montré tant d’obéissance à ses ordres ? Et maintenant, voulez-vous savoir quelle parole le Créateur de toutes choses a daigné lui adresser ? Écoutez la suite : Et, dit le texte, le Seigneur Dieu dit à Noé : entre dans l’arche, toi et toute ta maison. (Id. 7,7) Et maintenant, pour nous apprendre que ce n’est pas seulement par un effet de sa faveur qu’il conserve le juste, mais qu’il lui donne la récompense de ses travaux, les prix que sa vertu mérite, il lui dit : Voilà pourquoi je te commande que tu entres dans l’arche, toi et toute ta maison : C’est que je t’ai vu juste et parfait, devant moi, au milieu de cette génération. Grand témoignage, et digne de confiance ; car que peut-il y avoir de plus glorieux que d’entendre le Créateur lui-même, Celui qui adonné l’être, décernant son suffrage au juste avec de telles paroles ; parce que je t’ai vu juste et parfait, dit le texte, devant moi. Voilà la vraie vertu, la vertu qui se montre devant Dieu, la vertu dont rend témoignage l’œil qu’on ne peut tromper. Ensuite, le Dieu plein de bonté nous enseigne la mesure de la vertu qui était alors exigée d’un juste : (En effet, il n’attend pas de tous la même mesure de vertu : la variété des temps amène la différence dans la vertu qu’il réclame) Dieu dit parce que je t’ai vu juste et parfait devant moi au milieu de cette génération, si dépravée, si corrompue, si ingrate. Je t’ai vu juste, c’est toi seul que j’ai trouvé agréable ; c’est toi que j’ai vu tenant compte de la vertu, toi seul as paru juste, à mes yeux, devant moi ; tous les autres périssent, et je t’ordonne d’entrer, avec toute ta maison, dans l’arche : des animaux qui sont purs, je t’ordonne d’introduire dans l’arche sept couples ; auparavant il avait d’une manière indéterminée ordonné d’introduire un seul couple de tous les animaux sans distinction, et maintenant pour compléter son commandement, il ajoute : De tous les animaux qui sont purs, prends sept mâles et sept femelles ; et de tous les animaux impurs, deux mâles et deux femelles. Il en donne bientôt l’explication ; il ajoute : Afin d’en conserver la race sur la face de toute la terre. Il est curieux, ici, de se demander comment cet homme juste savait quels étaient les animaux purs, quels étaient les animaux impurs. Car on n’avait pas encore fait la distinction que Moïse établit plus tard et sanctionna dans les lois des Juifs. Comment donc Noé pouvait-il la faire de lui-même ? Par la