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te regarde. Je vais répandre le déluge sur la terre pour détruire toute chair qui respire et qui est vivante sous le ciel, et toutes les choses qui sont sur la terre finiront. Voyez comme la menace montre bien la grandeur des péchés qui ont été commis. J’infligerai, dit-il, le même châtiment, et aux êtres doués de raison, et aux êtres dépourvus de raison ; car les premiers ont trahi la prééminence qu’ils possédaient ; la corruption les a rabaissés à l’état des êtres sans raison ; le châtiment ne fera aucune différence. Je vais répandre le déluge pour détruire toute chair qui respire, qui est vivante sous le ciel, et les bêtes de somme, et les oiseaux, et les animaux sauvages, et les quadrupèdes, et tout ce qu’il y a sous le ciel sera détruit. Et, pour que vous sachiez bien que rien ne sera épargné, il dit : Et toutes les choses qui sont sur la terre finiront, car il faut que la terre soit purifiée ; mais que cela ne te trouble pas, ne confonde pas tes pensées ; c’est parce que je vois, des ulcères incurables que je veux arrêter la malignité qui déborde, afin que les pécheurs ne s’exposent pas à de plus terribles châtiments. C’est pourquoi, même en ce jour, j’écoute encore ma clémence ordinaire ; je tempère mon indignation par ma bonté ; le châtiment que j’apporte ils le subiront sans douleur, ils n’en auront pas le sentiment. Je ne considère, ni la grandeur de leurs fautes, ni ce qu’ils ont mérité, mais je prévois l’avenir, et, en les frappant d’une juste punition, je veux surtout affranchir la postérité du fléau qui les aura perdus. Ne sois donc pas abattu, ne te trouble pas en m’écoutant ; car, s’ils doivent subir le châtiment de leurs fautes, écoute maintenant, j’établirai mon alliance avec toi. (Id. 18) Jusqu’à ce jour, les hommes ont commis des actions indignes, ils ont méconnu mes commandements ; c’est avec toi, désormais, que j’établirai mon alliance. Le premier homme, après tant de bienfaits, s’est laissé séduire ; il a violé mes commandements ; l’enfant né de lui s’est à son – tour précipité dans le même abîme.de malice ; il a subi un long châtiment avec la malédiction. Eh bien, sa punition n’a pas corrigé ses descendants, ils ont accumulé les crimes, et m’ont forcé de réprouver leur génération. Plus tard, quand j’ai trouvé Enoch, qui avait fidèlement conservé l’image de la vertu, comme il m’était tout à fait cher, je l’ai enlevé vivant, montrant ainsi à tous ceux qui pratiquent la vertu quelle précieuse récompense ils obtiennent ; et je voulais aussi que les autres hommes, jaloux de l’imiter, entrassent dans la voie qu’il avait suivie. Maintenant, puisque tous les hommes qui se sont succédé depuis ont pratiqué le mal ; puisqu’au milieu d’une si grande multitude je n’ai trouvé que toi seul qui sois capable de réparer le péché du premier père, c’est avec toi que j’établirai mon alliance. Les bonnes œuvres de ta vie manifestent ta fidélité à mes commandements. Enfin, pour que l’homme, qui jusqu’alors était resté juste, ne s’afflige pas, en entendant ces paroles, à la pensée qu’il sera seul affranchi d’un si grand malheur, Dieu, pour ainsi dire, le consolant une seconde fois, lui dit : Tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, et ta femme, et les femmes de tes fils. Car, bien qu’ils fussent loin d’égaler la vertu de ce juste, cependant ils n’avaient pas pris part aux crimes des autres hommes. Il y a d’ailleurs, deux causes pour lesquelles ils furent sauvés : l’une, c’est que Dieu voulait honorer l’homme juste ; c’est en effet l’habitude d’un Dieu plein de clémence, d’accorder à ses serviteurs, par considération pour eux, que d’autres soient sauvés. Cette faveur a été faite au bienheureux Paul, à ce maître qui instruisait la terre, l’illuminant de toutes parts des rayons de la science qu’il portait en lui. Il traversait la mer se rendant à Rome, une grande tempête s’éleva ; tous les passagers tremblaient pour leur salut ; ils n’avaient plus d’espoir, tant était grande la violence de la tempête. Paul les assembla tous, et leur dit : Ayez bon courage, personne ne périra ; il n’y aura que le vaisseau de perdu ; car cette nuit même, un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, m’a apparu et m’a dit : Ne craignez point, Paul ; Dieu vous a donné tous ceux qui naviguent avec vous. (Act. 27,22-24) Voyez-vous comment la vertu de cet homme leur a valu d’être sauvés ; disons mieux, ce n’est pas cette vertu seulement, mais de plus la bonté du Seigneur : il en fut de même ici, et, ce fut là la première cause. Mais il en est encore une autre : Dieu voulait laisser un ferment, une racine, pour le rétablissement de la race humaine. Ce n’est pas qu’il fût impossible à Dieu de créer l’homme une seconde fois, de tirer une seconde fois, d’un seul homme, une multitude, mais c’est parce qu’il lui parut bon d’agir comme il l’a fait, suivant en cela sa bonté ordinaire.
5. Soyez attentifs, voyez encore la bonté de