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la gloire, méprisent toutes les félicités de la vie présente, et que, ne respirant que pour la véritable gloire ; ils préfèrent la faveur divine à toutes les choses visibles ; n’est-il pas évident que le zèle qui leur est propre les justifie avec l’aide de la grâce d’en haut, tandis que notre faiblesse naturelle compromet notre salut en nous privant de cette assistance divine ?
6. Aussi, je vous conjure de réfléchir à tout cela et d’avoir sans cesse dans l’esprit que nous ne devons jamais nous en prendre au diable, mais à notre propre faiblesse. Quand je dis cela, ce n’est pas pour le décharger de toute accusation : loin de là, car il rôde comme un lion ravisseur, rugissant et cherchant à tout dévorer. Mais je veux vous affermir, je veux que vous ne pensiez pas être à l’abri du reproche, vous qui, de vous-mêmes, tombez si facilement dans le mal, je veux que vous cessiez de répéter ces paroles frivoles : Pourquoi Dieu a-t-il permis à cet être malfaisant de nous abattre et de nous terrasser ? Ces paroles sont complètement insensées. Pourquoi ne pas songer plutôt en vous-même que si Dieu l’a permis, c’est surtout pour exciter en vous la terreur, afin qu’en attendant l’attaque de l’ennemi vous montriez une vigilance et une fermeté continuelles, afin que l’espoir des récompenses, l’attente de ces biens éternels et inexprimables allègent pour vous toutes les fatigues de la vertu ? Pourquoi vous étonner que Dieu ait permis tout cela au diable, justement dans l’intérêt de notre salut, pour réveiller notre paresse et trouver l’occasion de nous couronner ? Il a préparé l’enfer lui-même pour que la crainte des punitions et des châtiments nous ouvrît l’entrée de son royaume. Voyez combien la bonté du Seigneur est ingénieuse, comment elle fait et dispose tout, non seulement pour sauver ses créatures, mais pour les rendre dignes de ses ineffables bienfaits. Voilà pourquoi il nous a donné le libre arbitre et mis dans notre âme et notre conscience la connaissance du vice et de la vertu ; voilà pourquoi il nous a laissés en présence du diable et nous a menacés de l’enfer ; c’est pour que nous ne connaissions pas l’enfer et que nous entrions dans son royaume. Pourquoi vous étonner qu’il ait fait tout cela et bien d’autres choses encore ? Il a consenti à quitter le sein de son Père pour prendre une forme d’esclave, à subir toutes les entraves d’un corps, à être enfanté et mis au monde par une femme, par une vierge qui l’a porté pendant neuf fois ; à recevoir des langes ; à passer pour fils de Joseph, l’époux de Marie ; à grandir peu à peu, à être circoncis, à participer aux sacrifices, à souffrir la faim, la soif, la fatigue et enfin la mort, mais, de plus, une mort regardée comme ignominieuse, celle de la croix. Voilà tout ce qu’il a accepté pour notre salut, ce Créateur de toutes choses, ce Dieu immuable qui a tout appelé du néant à l’existence, dont les regards font trembler la terre, dont la gloire éclatante ne peut être contemplée par les chérubins, ces puissances qui n’ont pas de, corps et qui se voilent la face avec leurs ailes pour nous montrer leur admiration ; lui qui est chanté par mille et mille anges et archanges, il a consenti pour nous, pour notre salut, à devenir un homme pour nous mieux ouvrir la route de la vie et nous enseigner le meilleur usage à faire de cette nature qu’il nous avait empruntée. Quelle excuse nous resterait-il après tant de prodiges faits pour notre salut, si nous rendions tous ces bienfaits inutiles, si nous trahissions nous-mêmes la cause de notre salut ? Aussi je vous conjure d’être vigilants et de ne pas vous laisser aller seulement aux habitudes des autres, mais à examiner chaque jour votre vie avec soin et de voir vos mauvaises et vos bonnes actions. Ainsi travaillons à corriger nos péchés, afin d’attirer sur nous la protection d’en haut, de devenir agréables à Dieu comme ce juste, et d’entrer dans le royaume des cieux, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, honneur, puissance, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Traduction de M. HOUSEL.