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seconde se nommait Sella. Et Ada enfanta Jobel ; celui-ci fut le père de ceux qui habitent sous des tentes et qui nourrissent des troupeaux. Et le nom de son frère fut Jubal : c’est lui qui inventa le psaltérion et la cithare.
2. Remarquez ici l’exactitude de l’Écriture. Elle nous apprend les noms des enfants (le la femme de Lamech, ainsi que leurs occupations : l’un faisait paître des troupeaux, l’autre inventa le psaltérion et la cithare. Sella mit au monde Tobel, qui travailla les métaux, le cuivre et le fer. Ici encore, la sainte Écriture nous fait connaître de genre d’occupation du fils de Sella ; il était forgeron. Remarquez de quelle manière naissent peu à peu les arts utiles à la vie des hommes. Premièrement, Caïn donne le nom de son fils à la ville qu’il fonde. Ensuite les fils de Lamech s’occupent, l’un à nourrir des troupeaux, l’autre à travailler les métaux, le troisième découvre le psaltérion et la cithare. Or, la sœur de Tobel fut Noéma. Voici dans une généalogie le nom d’une fille ; c’est une chose nouvelle, mais qui a sa raison, raison secrète et mystérieuse que nous réservons pour un autre temps, afin de ne pas interrompre le fil de notre histoire. Le passage qui suit est en effet très-important, il exige tous nos efforts et le plus sérieux examen pour être bien expliqué et pour nous fournir les plus précieux enseignements.
Lamech dit à ses femmes, Ada et Sella écoutez ma voix, femmes de Lamech, prêtez l’oreille à mes paroles : j’ai tué un homme qui m’a blessé, et un jeune homme qui m’a meurtri. On expiera sept fois la mort de Caïn et septante fois sept fois celle de Lamech. Prêtez-moi, je vous prie, toute votre attention, et rejetant toute pensée séculière et toute distraction, scrutons avec soin ces paroles ; il faut que nous descendions à toute la profondeur que nous pourrons, pour que nous recueillions, sans rien perdre, tout le trésor qui est enfoui dans cet étroit espace. Et Lamech dit à ses femmes Ada et Sella écoutez ma voix, femmes de Lamech, prêtez l’oreille à mes paroles. Et d’abord remarquez combien la punition de Caïn a été utile à Lamech. Il n’attend pas qu’un autre vienne le convaincre de son crime, mais, sans que personne l’accuse, ni lui fasse de reproche, il se découvre lui-même, il avoue ce qu’il a fait, il dévoile à ses femmes la grandeur de son crime, il accomplit presque la parole du Prophète : Le juste est lui-même son accusateur en premier lieu. (Prov. 18,17) Pour la correction des péchés, il n’existe pas de meilleur remède que la confession. C’est quelque chose de plus grave que le péché lui-même, que de le nier après qu’on l’a commis : le fratricide Caïn l’a bien éprouvé, lui qui, interrogé par le Dieu bon, non seulement n’avoua pas son forfait, mais osa mentir à Dieu, et fut pour cela condamné à traîner une longue et misérable existence sur la terre. Tombé dans le même péché, Lamech a compris que ce qui avait aggravé le châtiment de Caïn, c’était d’avoir nié sa faute ; c’est pourquoi il appelle ses femmes, et, sans que personne le contraigne ou témoigne contre lui, il fait lui-même de sa propre bouche la confession de ses péchés, et comparant son crime avec celui de Caïn, il détermine lui-même sa peine.
Voyez-vous la sollicitude de Dieu, comme il se ménage des occasions de montrer sa miséricorde, jusque dans les punitions qu’il inflige, comme les effets de cette miséricorde ne s’arrêtent pas à celui qui – reçoit la punition, mais s’étendent, tels que des remèdes salutaires, à tous ceux qui ont la bonne volonté d’en profiter ? Quel autre motif aurait pu amener Lamech à faire cette confession, excepté le souvenir qu’il avait des maux soufferts par Caïn, souvenir qui bouleversait son âme ? Il dit donc : Écoutez ma voix et prêtez l’oreille à mes paroles. C’est comme un tribunal qu’il dresse contre lui-même, et la chose lui paraît si grave qu’il veut qu’on l’écoute avec une profonde attention. Car ces mots : Écoutez ma voix, prêtez l’oreille à mes discours, équivalent à ceux-ci : Rendez votre esprit attentif, appliquez-vous, écoutez soigneusement ce que je vais dire. Ce ne sont pas des choses indifférentes que celles dont j’ai à vous entretenir, j’ai à vous révéler des faits cachés, des faits que personne ne sait que moi seul, et cet œil qui ne se ferme jamais ; c’est la crainte que me donne ce témoin, qui me presse et me force aujourd’hui à vous découvrir ce que j’ai eu le malheur de faire, et à vous dire à quelle vengeance je me suis exposé par mes œuvres criminelles ; car j’ai tué un homme qui m’a blessé, et un jeune homme qui m’a meurtri. Et s’il a été tiré sept vengeances de Caïn, il en sera tiré de Lamech septante fois sept. Grande, et même très-grande parole et qui dénote en cet homme une âme des mieux disposée. non seulement il avoue ce