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égard les privilèges du droit d’aînesse, et je veux que ton jeune frère reconnaisse ta supériorité et ton autorité.
Admirez donc avec quelle bonté le Seigneur cherche à modérer la fureur et l’irritation de Caïn, et par quelles douces paroles il s’efforce de calmer l’emportement de sa colère ! Il voit le trouble et l’agitation de son cœur, et il n’ignore pas ses projets cruels et homicides ; c’est pourquoi il essaie d’éclairer sa raison ; et pour ramener dans son âme le calme et la sérénité, il l’assure que son frère lui sera soumis, et qu’il ne perdra rien de son autorité. Mais tant de bontés et de prévenances furent inutiles ; Caïn n’en profita point, et il s’opiniâtra dans sa malice et son obstination.
7. Je m’arrête, car je craindrais qu’un plus long discours ne fatiguât vos oreilles, et que mes paroles ne devinssent un fardeau et peut-être un ennui pour votre bienveillante attention. Je termine donc en vous exhortant à ne point imiter ce malheureux. Notre devoir est de renoncer au péché, et d’observer fidèlement les préceptes divins, surtout après ces grands et fameux exemples. Car désormais qui pourrait s’excuser sur son ignorance ! Caïn n’avait sous les yeux aucun exemple précédent qui pût le retenir, et néanmoins il fut condamné à ce terrible et affreux châtiment que nous connaissons tous. Quel sera donc celui des chrétiens qui, comblés de grâces, commettent les mêmes péchés, et de plus énormes encore ! Ne méritent-ils pas le feu éternel, le ver qui ne meurt point, le grincement des dents, les ténèbres extérieures, les flammes de l’enfer, et tous les supplices qui nous sont inévitablement réservés ? Eh ! de quelles excuses pourrions-nous pallier notre négligence et notre lâcheté ! Ne savons-nous pas ce que nous devons faire, et ce que nous devons omettre ? D’ailleurs, ignorons-nous que ceux qui pratiquent la vertu, obtiendront des couronnes immortelles, et que ceux qui commettent le mal, sont destinés a des supplices éternels ? Je vous en conjure donc, ne rendez pas nos assemblées inutiles, mais traduisez en actions les paroles que vous y entendez. C’est ainsi que, rassurés par le bon témoignage de notre conscience, et appuyés sur l’espérance chrétienne, nous traverserons la mer orageuse de cette vie, et arriverons au port de l’heureuse éternité. Puissions-nous y jouir de ces biens ineffables que le Seigneur a promis à ceux qui l’aiment ! Et puissions-nous les obtenir, par la grâce et la miséricorde de son Fils unique, à qui soient, avec son saint et adorable Esprit, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par DUCHASSAING.