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bien et du mal, parce qu’il était destiné à éprouver leur obéissance.
Vous comprenez maintenant dans quel sens l’Écriture dit que leurs yeux furent ouverts, et qu’ils connurent qu’ils étaient nus. Vous comprenez également pourquoi cet arbre a été appelé l’arbre de la science du bien et du mal. Mais appréciez, s’il est possible, quelle fut leur honte, lorsqu’après avoir mangé du fruit défendu, et transgressé le précepte du Seigneur, ils entrelacèrent des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures. Voyez comme du faîte de la gloire ils furent précipités dans la plus profonde humiliation ! Ceux qui auparavant vivaient sur la terre comme des anges, en sont réduits à se couvrir de feuilles de figuier, tant le péché est un grand mal ! Car il nous prive d’abord de la grâce et de l’amitié divine, et nous couvre ensuite de honte et de confusion. Bien plus, après nous avoir dépouillé des biens que nous possédions, il nous ôte jusqu’à l’espérance de les recouvrer.
Mais je me reprocherais de terminer cet entretien par les si tristes considérations que me fournit l’intempérance de l’homme, sa désobéissance et sa chute. C’est pourquoi, s’il vous plaît, à l’occasion de cet arbre, je parlerai de l’arbre de la croix, et aux maux que le premier a enfantés, j’opposerai les biens que le second nous a produits. Toutefois ce n’est point proprement l’arbre qui a causé ces désastres, mais la volonté de l’homme pécheur et son mépris du précepte divin. Je dirai donc que le premier arbre a introduit la mort dans le monde, car la mort a suivi le péché, et que le second nous a rendus à l’immortalité. L’un nous a chassés du paradis, et l’autre nous a ouvert l’entrée du ciel. Celui-ci a fait peser sur Adam, pour une seule faute, le dur fardeau des misères humaines, et celui-là nous a délivrés du poids de nos péchés, et nous a donné une douce et pleine confiance au Seigneur.
Armons-nous donc, mes frères, je vous en conjure, armons-nous de la vertu de ce bois vivifiant, et par son secours, mortifions les affections mauvaises de nos âmes. Tel est le conseil de l’Apôtre, quand il nous dit q ue ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés. (Gal V, 24) Le sens de cette parole est que ceux qui se sont entièrement dévoués à Jésus-Christ ont dompté cette concupiscence de la chair qui ne tend qu’à corrompre en nous les opérations de l’esprit. Imitons ces généreux chrétiens, et à leur exemple réduisons notre corps en servitude, afin que nous puissions résister aux suggestions de l’esprit mauvais. Ce sera aussi le moyen le plus assuré de traverser heureusement la mer orageuse de la vie présente, et d’aborder au port tranquille du salut. Puissions-nous ainsi obtenir les biens que Dieu a promis à ceux qui l’aiment en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui soit la gloire, avec le Père et l’Esprit-Saint, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.