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une preuve plus évidente, plus saisissante de la résurrection de Jésus-Christ. – 6° Conversion de saint Paul dégagée de tout motif humain. Pourquoi l’Apôtre s’est-il appelé Saut, puis Paul ? pourquoi ce changement de nom dont on trouve d’autres exemples, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament ? Telle est la question qui sera traitée dans les discours suivants.

1. Est-ce supportable ? est-ce tolérable ? De jour en jour nos réunions deviennent moins nombreuses ; la ville est remplie d’hommes et l’église en est vide. Il y a foule sur la place publique, aux théâtres, dans les portiques, et la solitude règne dans la maison de Dieu ; mais plutôt, s’il faut dire la vérité, la ville est vide d’hommes et l’église est remplie d’hommes. Ce nom d’hommes, il ne faut pas le donner à ceux qui remplissent la place publique, mais à vous qui êtes dans l’église ; non à ceux qui s’abandonnent à leur indolence, mais à vous que le zèle dévore ; non à ceux que la vue des biens terrestres jette dans une extase stupide, mais à vous qui mettez les choses spirituelles au-dessus des temporelles. Ce n’est pas assez d’avoir le corps et la voix d’un homme pour être homme ; mais il en faut encore l’âme et le caractère. Or le signe par excellence d’une âme virile, c’est l’amour de la divine parole, comme il n’y a pas de signe plus grand d’une âme animale et stupide que le mépris de la parole divine. Voulez-vous avoir une preuve que les contempteurs de la parole de Dieu ont, par ce mépris, perdu leur dignité d’homme et sont déchus de leur noblesse ? Ce n’est pas ma parole que vous allez entendre, mais celle du Prophète, parole qui confirme bien ma pensée et vous montrera que ceux qui n’aiment pas les enseignements spirituels ne sont pas des hommes, et que notre ville est vide d’hommes. Isaïe, ce prophète à la grande voix, aux visions admirables, celui qui, revêtu encore de la chair, fut jugé digne de voir les séraphins et d’entendre cette harmonie des cieux, Isaïe, dis-je, étant entré dans la capitale si peuplée des Juifs, dans Jérusalem, se tint un jour sur la place publique pendant que tout le peuple l’entourait et voulant montrer que celui qui n’écoute pas la parole des prophètes n’est pas un homme, s’écria : Je suis venu, et il n’y avait pas d’homme ; j’ai appelé et il n’y avait personne pour m’entendre. (Isa. 50, 2) Ce n’est pas l’absence, mais l’indolence des auditeurs qu’il signale, et c’est pour cela qu’il dit : Je suis venu et il n’y avait pas d’homme ; j’ai crié et il n’y avait personne pour m’entendre. Ils étaient là et on les regardait comme n’y étant pas, parce qu’ils n’écoutaient pas le prophète : aussi, comme il était venu et qu’il n’y avait pas d’homme, qu’il avait appelé et qu’il n’y avait personne pour l’entendre, il s’adresse aux éléments et dit : Écoute, ciel, et toi, terre, prête l’oreille. (Id. 1, 2) J’ai été, veut-il dire, envoyé vers des hommes, vers des hommes doués d’intelligence ; mais comme ceux-ci n’ont ni esprit ni sentiment, je m’adresse aux éléments, à des êtres inanimés, pour la honte de ceux qui ont été honorés d’une âme intelligente et sensible et qui n’ont pas compris cet honneur.
C’est encore ce que dit un autre prophète, Jérémie. Car celui-ci aussi, au milieu de la foule des Juifs, au sein même de la ville, s’écrie, comme s’il n’y avait personne : A qui parlerai-je, qui prendrai-je pour témoin ? (Jer. 6, 10) Que dites-vous ? Vous avez sous les yeux une si grande foule, et vous demandez à qui vous parierez ! Oui, car c’est une foule de corps, mais non d’hommes ; c’est une foule de corps, mais qui n’entendent point. Aussi ajoute-t-il : Leurs oreilles sont incirconcises et ils ne peuvent entendre. Mais si les prophètes, en s’adressant à des personnes présentes qui ne les écoutaient pas avec soin, leur reprochaient de n’être pas hommes, que dirons-nous de ceux qui non-seulement ne nous écoutent pas, mais qui n’ont pas même le courage de venir dans cet édifice sacré, qui se séparent de cette assemblée sainte, qui se tiennent loin de cette maison, de leur maison maternelle, au coin des rues et dans les carrefours, comme des enfants indisciplinés et paresseux ? Ceux-ci quittent la maison paternelle, se réunissent loin d’elle et passent des jours entiers à se livrer à des jeux puériles ; aussi souvent perdent-ils et leur liberté et leur vie. Car lorsqu’ils tombent entre les mains de marchands d’esclaves ou de voleurs, ils expient souvent par la mort leur paresse ; ces brigands les saisissent, et, après leur avoir enlevé leurs ornements d’or, ou bien ils les submergent sous les eaux, ou bien, s’ils veulent les traiter moins inhumainement, ils les entraînent sur une terre étrangère et vendent leur liberté ! Voilà aussi le sort des déserteurs de nos assemblées. Après avoir quitté la maison paternelle et ce temple où ils devraient vivre, ils rencontrent des bouches hérétiques et des langues