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de se réconcilier avec tous ses ennemis. C’eût été déjà beaucoup que de pourvoir d’une manière quelconque à la subsistance de cet enfant, que de ne le laisser manquer de rien ; mais l’avoir admis à sa propre table, c’est le comble de la vertu. Vous n’ignorez pas sans doute combien il est malaisé d’aimer les fils de ses ennemis. Que dis-je ? de les aimer ? Je devrais dire de ne point les haïr, de ne point les persécuter. Combien de gens, après la mort de leurs ennemis, ont déversé leur ressentiment sur les enfants que ceux-ci avaient laissés ! Bien loin de faire comme eux, le généreux David, après avoir protégé les jours de son ennemi, tandis qu’il était en vie, reporta, quand il eut cessé d’exister, sa sollicitude sur les enfants qu’il avait laissés.
Quoi de plus auguste qu’une pareille table, entourée des enfants d’un ennemi, d’un meurtrier ? quoi de plus spirituel qu’un tel banquet, où abondaient tant de bénédictions ? C’était le festin d’un ange plutôt que celui d’un homme. En effet accueillir, fêter les enfants d’un homme qui avait tant de fois attenté à ses jours, et qui, là-dessus, avait perdu la vie, c’en est assez pour lui assurer une place dans le chœur céleste. Suis cet exemple, mon cher auditeur, et durant la vie de tes ennemis, comme après leur mort, aie soin de leurs enfants : pendant leur vie, afin de regagner par ce moyen l’affection des pères : après leur mort, afin d’attirer sur toi une abondance de faveurs divines, d’avoir mille couronnes à poser sur ton front, d’obtenir de tous mille bénédictions ; non seulement de tes obligés, mais encore des témoins de ta bienfaisance. Au jour du jugement ce sera ton recours, les ennemis que tu auras comblés de bienfaits seront alors pour toi de puissants défenseurs ; par là tu te feras pardonner bien des fautes, et tu pourras réclamer ta récompense, et quand bien même tes péchés seraient innombrables, tu n’auras qu’à te couvrir de cette prière : Pardonnez à vos ennemis, et votre Père vous pardonnera vos fautes (Mt. 6,14), pour obtenir en toute sécurité rémission de toutes tes fautes en même temps que tu vivras ici-bas au sein de l’espérance, et que tu rencontreras partout la bienveillance autour de toi. En effet, ceux qui verront comment tu aimes tes ennemis et leurs enfants, ne voudraient-ils pas aussitôt devenir tes amis dévoués, et tout faire, tout souffrir pour toi ? Mais lorsque tu jouiras d’une si grande part dans la faveur divine, lorsque, de tous côtés, on te souhaitera tous les biens, quelle peine éprouveras-tu désormais, quelle vie sera plus fortunée que la tienne ? Cela n’est point fait seulement pour exciter en ce lieu une admiration passagère : en sortant d’ici, gardons-en le souvenir, mettons-nous en quête partout de tous nos ennemis, réconcilions-les avec nous, faisons-nous-en des amis sincères. Que s’il faut nous justifier, solliciter leur indulgence, ne reculons pas, quand bien même nous serions les offensés. Par là, nous rendrons notre récompense plus belle, notre confiance plus grande ; par là, nous gagnerons certainement le royaume des cieux, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

=FIN DU QUATRIÈME VOLUME.=


de se réconcilier avec tous ses ennemis. C’eût été déjà beaucoup que de pourvoir d’une manière quelconque à la subsistance de cet enfant, que de ne le laisser manquer de rien ; mais l’avoir admis à sa propre table, c’est le comble de la vertu. Vous n’ignorez pas sans doute combien il est malaisé d’aimer les fils de ses ennemis. Que dis-je ? de les aimer ? Je devrais dire de ne point les haïr, de ne point les persécuter. Combien de gens, après la mort de leurs ennemis, ont déversé leur ressentiment sur les enfants que ceux-ci avaient laissés ! Bien loin de faire comme eux, le généreux David, après avoir protégé les jours de son ennemi, tandis qu’il était en vie, reporta, quand il eut cessé d’exister, sa sollicitude sur les enfants qu’il avait laissés.
Quoi de plus auguste qu’une pareille table, entourée des enfants d’un ennemi, d’un meurtrier ? quoi de plus spirituel qu’un tel banquet, où abondaient tant de bénédictions ? C’était le festin d’un ange plutôt que celui d’un homme. En effet accueillir, fêter les enfants d’un homme qui avait tant de fois attenté à ses jours, et qui, là-dessus, avait perdu la vie, c’en est assez pour lui assurer une place dans le chœur céleste. Suis cet exemple, mon cher auditeur, et durant la vie de tes ennemis, comme après leur mort, aie soin de leurs enfants : pendant leur vie, afin de regagner par ce moyen l’affection des pères : après leur mort, afin d’attirer sur toi une abondance de faveurs divines, d’avoir mille couronnes à poser sur ton front, d’obtenir de tous mille bénédictions ; non seulement de tes obligés, mais encore des témoins de ta bienfaisance. Au jour du jugement ce sera ton recours, les ennemis que tu auras comblés de bienfaits seront alors pour toi de puissants défenseurs ; par là tu te feras pardonner bien des fautes, et tu pourras réclamer ta récompense, et quand bien même tes péchés seraient innombrables, tu n’auras qu’à te couvrir de cette prière : Pardonnez à vos ennemis, et votre Père vous pardonnera vos fautes (Mt. 6,14), pour obtenir en toute sécurité rémission de toutes tes fautes en même temps que tu vivras ici-bas au sein de l’espérance, et que tu rencontreras partout la bienveillance autour de toi. En effet, ceux qui verront comment tu aimes tes ennemis et leurs enfants, ne voudraient-ils pas aussitôt devenir tes amis dévoués, et tout faire, tout souffrir pour toi ? Mais lorsque tu jouiras d’une si grande part dans la faveur divine, lorsque, de tous côtés, on te souhaitera tous les biens, quelle peine éprouveras-tu désormais, quelle vie sera plus fortunée que la tienne ? Cela n’est point fait seulement pour exciter en ce lieu une admiration passagère : en sortant d’ici, gardons-en le souvenir, mettons-nous en quête partout de tous nos ennemis, réconcilions-les avec nous, faisons-nous-en des amis sincères. Que s’il faut nous justifier, solliciter leur indulgence, ne reculons pas, quand bien même nous serions les offensés. Par là, nous rendrons notre récompense plus belle, notre confiance plus grande ; par là, nous gagnerons certainement le royaume des cieux, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. =FIN DU QUATRIÈME VOLUME.=