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DEUXIÈME HOMÉLIE.


Que c’est un grand bien, non seulement de s’attacher à la pratique de la vertu, mais encore de louer la vertu ; que David gagna un plus beau trophée par sa clémence envers Saül, que par la mort de Goliath ; qu’en agissant ainsi, il se fit plus de bien à lui-même qu’il n’en fit à Saul ; et sur la manière dont il se justifia devant celui-ci.

ANALYSE.


  • 1° Qu’il est utile et bon de louer les hommes vertueux. – Sacrifice qu’offre David à Dieu, en lui immolant sa colère.
  • 2° Triomphe de David, après cet acte d’humanité.
  • 3° Comment il se justifie auprès de Saül, et fournit à celui-ci même l’occasion de se justifier. 4° Sage précaution de David, afin de prouver à Saül qu’il avait pu le tuer et l’avait épargné.
  • 5° Sa douleur à la mort de Saül. – Larmes de l’auditoire : d’où saint Jean Chrysostome tire un sujet d’exhortation,


1. Vous avez applaudi, l’autre jour, à la patience de David, et moi, d’autre part, je vous ai félicités en moi-même de ce zèle de cette prédilection pour David. En effet, ce n’est pas seulement l’ardeur à poursuivre, à pratiquer la vertu, c’est encore l’admiration pour ceux qui la pratiquent, et l’empressement à les louer, qui nous procure une récompense digne d’ambition : de même que ce n’est pas seulement une conduite vicieuse, mais encore la louange accordée aux hommes vicieux qui nous expose à un redoutable châtiment, plus redoutable même s’il faut le dire, au risque d’étonner, que celui dont sont menacés les gens adonnés au vice. La vérité de ce que j’avance est prouvée par le langage de Paul Après avoir énuméré toutes les espèces de vices, et avoir condamné tous ceux qui foulent aux pieds les lois du Seigneur, il poursuit en ces termes au sujet de ces mêmes personnes qui, ayant connu l’arrêt de Dieu, à savoir que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, non seulement les font, mais encore approuvent ceux qui les font : c’est pourquoi, ô homme ! Tu es inexcusable. (Rom. 1,32 ; 2, 1) Voyez-vous que s’il parle ainsi, c’est pour montrer que ce dernier crime est moins pardonnable que l’autre. Oui, il est moins grave, à l’égard du châtiment, de pécher que de louer les pécheurs, et cela se conçoit : car un pareil suffrage atteste une âme corrompue et atteinte d’un mal incurable. En effet, celui qui, tout en péchant, condamne la faute, pourra un jour, avec le temps, revenir à lui ; mais quiconque approuve le vice, s’est ravi à lui-même le remède du repentir. Paul a donc raison de faire voir qu’il y a plus de gravité dans ce dernier cas que dans l’autre. Mais si les gens qui font l’éloge des actions criminelles encourent le même châtiment, ou un châtiment encore plus grave que ceux qui les commettent ; ceux qui admirent et célèbrent les hommes vertueux participent aux couronnes promises à ceux-ci. Et c’est ce dont on peut voir encore la preuve dans l’Écriture. Dieu, en effet, dit à Abraham : Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai ceux qui te maudissent. (Gen. 12,3) On peut voir quelque chose de pareil jusque dans les jeux d’Olympie. En effet, ce n’est point seulement à l’athlète ceint de la couronne, ni à celui qui endure les fatigues et les sueurs, c’est encore au panégyriste de ce vainqueur que profite le chant de triomphe. Aussi, en louant ce généreux David de sa vertu, je vous loue aussi