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droite et d’un cœur pur. On ne retire d’ici aucun avantage corporel, tout est spirituel ; la prédication de la parole sainte, les prières antiques, les bénédictions des prêtres, la participation aux divins mystères, la paix et la concorde, enfin tous les dons spirituels dignes de la libéralité d’un Dieu. Célébrons donc avec joie le jour où le Seigneur est ressuscité. Oui, il est ressuscité, et avec lui il a ressuscité toute la terre. Il est ressuscité après avoir brisé les liens de la mort ; il nous a ressuscités après avoir rompu les chaînes de nos crimes. Adam a péché, et il est mort ; Jésus-Christ n’a point péché, et il est mort : chose étrange et extraordinaire. Eh ! pourquoi Jésus-Christ est-il mort, puisqu’il n’a point péché ? C’est afin que celui qui a péché et qui est mort pût être délivré des liens de la mort par celui qui est mort, quoiqu’il n’ait point péché. C’est ce que nous voyons souvent arriver dans les débiteurs de sommes d’argent. Un homme doit à un autre, et, hors d’état de payer, il est retenu en prison ; un autre, qui ne doit pas, et qui est en état de ; payer, délivre le débiteur en payant. La même chose a eu lieu par rapport à Adam et a jésus-Christ. Adam était redevable de la mort, et il étaie retenu par le démon ; Jésus-Christ, qui n’était pas redevable, et qui n’était pas retenu, est venu dans le monde, et a payé la mort pour celui qui était retenu, afin de le délivrer des liens de la mort.
Vous voyez les bienfaits de la résurrection ; vous voyez la bonté de notre divin Maître, vous voyez l’excès de sa tendresse. Ne soyons donc pas ingrats envers un pareil bienfaiteur, et ne nous relâchons pas, à présent que nous sommes parvenus à la fin du jeûne ; mais prenons soin de notre âme encore plus qu’auparavant, de peur que, le corps étant engraissé, elle ne s’affaiblisse ; de peur que, nous occupant trop de l’esclave, nous ne négligions la traîtresse. Eh ! à quoi bon, je vous le demande, charger votre estomac outre mesure, et passer les bornes ? l’intempérance détruit le corps et dégrade l’âme. Fidèles aux lois de la sobriété, ne prenons que les aliments nécessaires, afin de pourvoir en même temps à la santé du corps et à la dignité de l’âme, afin de ne pas perdre à la fois tous les fruits du jeûne. Je ne vous interdis pas l’usage des nourritures, ni les plaisirs honnêtes d’une table frugale : non, je ne m’oppose pas à ces plaisirs, mais je vous exhorte à supprimer tout excès, à vous en tenir au besoin, à ne pas nuire à la santé, et à la sérénité de l’âme, en passant les bornes. Celui qui passe les limites du besoin, ne trouvera plus de satisfaction dans le boire et dans le manier. C’est ce que ne savent que trop ceux qui l’ont éprouvé par eux-mêmes, ceux dont l’intempérance leur a attiré une foule d’infirmités désagréables, de dégoûts et d’ennuis.
5. Mais je connais assez votre docilité pour croire que vous ne manquerez pas de suivre mes conseils ; je ne vous parlerai donc point davantage sur cet objet, et je vais adresser la parole aux fidèles qui, dans cette nuit éclatante, ont reçu la grâce du divin baptême, à ces nouvelles plantes de l’Église, à ces fleurs spirituelles d’un champ mystique, à ces nouveaux soldats de Jésus-Christ. Il y a trois jours que le Seigneur est mort sur la croix, mais aujourd’hui il est ressuscité glorieux. Il y a trois jours que ces néophytes étaient retenus dans les liens du péché, mais ils sont aujourd’hui ressuscités avec le Sauveur. Jésus-Christ est mort corporellement, et il est ressuscité ; ces néophytes étaient morts spirituellement par le péché, et ils sont ressuscités en sortant du péché. La terre, dans cette saison, se ranime, elle produit des fleurs de toute espèce ; les eaux du baptême font naître aujourd’hui des prés plus brillants que les prés terrestres. Et ne vous étonnez pas, mes chers frères, si les eaux enfantent des prés émaillés de fleurs. Ce n’est point par sa propre vertu que la terre, dans le principe, a produit différentes espèces de plantes, mais parce qu’elle obéissait aux ordres du souverain Être. Les eaux ont montré, dans leur sein, des animaux vivants, lorsqu’elles eurent entendu ces paroles : Que les eaux produisent des animaux vivants et rampants. (Gen. 1,20) Le Créateur a ordonné, et l’effet a suivi ; un élément inanimé a engendré des êtres animés. Les ordres du même Dieu opèrent les prodiges que nous voyons. Il dit alors : Que les eaux produisent des animaux vivants et rampants; aujourd’hui elles nous donnent, non des animaux rampants, mais des dons spirituels. Alors elles ont produit des animaux dépourvus de raison ; aujourd’hui elles enfantent des poissons raisonnables et spirituels, pêchés par les apôtres : Venez après moi, dit Jésus-Christ, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. (Mat. 4,19) Nature de pêche absolument nouvelle. Les pêcheurs tirent de l’eau les poissons, et causent ta mort à tout ce qu’ils en