Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/398

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atteintes une fois ou deux, se portent elles-mêmes des coups plus terribles, et se blessent jusqu’au cœur ; de même que les flots, qui viennent frapper les rochers, s’ouvrent et se brisent eux-mêmes avec la plus grande force ; de même aussi les méchants, lorsqu’ils préparent leurs embûches, se creusent des précipices pour eux-mêmes bien plus que pour les autres. En effet, les gens de bien auxquels on tend des pièges, ont, pour les admirer, les célébrer, les couronner, ceux qui les connaissent, ceux qui ne les connaissent pas, ceux qui ont vu leurs actions, et ceux qui en ont entendu le récit. Beaucoup les plaignent ou leur viennent en aide dans la lutte. Tous prient pour leur triomphe. Les méchants qui tendent ces pièges, sont au contraire un objet de haine pour une multitude non moins considérable : même c’est en bien plus grand nombre que les hommes les accusent, les reprennent, les blâment, les couvrent de déshonneur et les dévouent aux puissances de l’enfer ; ta plupart ne désirent rien tant que devoir leur châtiment et leur supplice. Mais qui pourrait rendre par la parole tout ce qu’ils souffriront ensuite ? Car si celui qui aura scandalisé un seul petit enfant, doit recevoir un tel châtiment qu’il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une meule de moulin et qu’on le jetât dans la mer, vois quelles peines terribles, quels supplices intolérables infligera la redoutable justice de Dieu à ceux qui se seront employés de tout leur pouvoir à répandre la confusion par toute la terre, à renverser tant d’Églises, à troubler une paix si profonde par les innombrables scandales qu’ils auront produits en tout lieu ! Ceux au contraire à qui ils auront fait souffrir tant de maux, brillant alors de tout l’éclat que jetteront sur eux leurs bonnes œuvres, leurs souffrances, leurs couronnes, leurs récompenses, prendront place dans les rangs des martyrs, des apôtres, des hommes les plus vertueux et les plus sublimes. Ils verront les châtiments auxquels seront livrés leurs anciens persécuteurs, et ils ne pourront les délivrer de leurs supplices : toutes les prières qu’ils feront pour eux leur seront inutiles. Si en effet le mauvais riche, pour avoir rejeté le seul Lazare, a enduré tant de tourments, et n’a pu obtenir aucun soulagement à ses maux, que ne souffriront pas ceux qui ont blessé tant de fidèles par leurs persécutions et leurs scandales. Repasses dans votre pensée toutes ces choses et recueillez tout ce que les saintes Écritures vous offriront de semblable ; faites-vous-en pour vous-mêmes un sûr rempart, tirez de là des remèdes pour ceux qui sont encore faibles, et restez fermes et inébranlables, l’esprit tourné vers les biens qui vous sont destinés. Car en vérité, une récompense vous sera préparée ; et non-seulement une récompense qui répondra à vos mérites, mais une récompense infinie qui lèse surpassera de beaucoup. Telle est en effet la bonté de Dieu : il veut que le mérite de toute bonne parole et de toute bonne action soit de beaucoup surpassé par les récompenses et les couronnes que nous réserve sa munificence sans limite. Puissions-nous les obtenir, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui appartient la gloire dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
Traduit par M. A. BEURIER.