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Mais nos souvenirs ne s’arrêtent pas là, ils, vont plus loin et nous le montrent conduit en prison, enchaîné, hideux à voir et pendant un long temps consumant sa vie dans un lieu d’ignominie. C’est là surtout ce qui nous le fait de nouveau admirer, exalter, célébrer, glorifier. Est-on chaste ? en pensant à Joseph on devient plus chaste encore. Est-on impudique ? en entendant parler d’une telle vertu on se sent ramené à la pudeur et corrigé par l’histoire de Joseph. Aussi, lorsque vous rappelez à votre mémoire tous ers faits, ne vous troublez pas : profitez au contraire de ce qui est arrivé. Que la patience avec laquelle ces justes ont supporté les épreuves, vous enseigne la fermeté. Voyant que toute la vie d’hommes si courageux et si sublimes n’a été qu’un tissu de maux, ne vous laissez effrayer ou consterner ni par vos propres afflictions, ni par les calamités publiques. Car c’est par la souffrance que l’Église s’est tout d’abord montrée si grande et qu’elle s’est ensuite étendue si loin. Ne t’étonne donc pas, il n’y a rien que d’ordinaire clans ce qui nous arrive. De même que pour les choses de ce monde, ce n’est pas là où l’on trouve de la paille, du foin ou du sable, mais là où l’on trouve de l’or et des perles, que les pirates, les corsaires, les voleurs, les fouilleurs de sépulcres, exercent continuellement leurs violences et préparent leurs embûches : de même aussi, c’est là où le démon voit accumulées les richesses de l’âme, c’est là où il voit rassemblés des trésors de piété, qu’il dresse et fait avancer ses machines de guerre. Que si ceux contre lesquels sont préparés les pièges, veillent avec attention, non-seulement ils n’essuient aucune perte, mais même ils grossissent leur trésor de vertu, comme on le voit aujourd’hui encore.
23. On peut trouver dans ces épreuves la meilleure explication de l’abondance des bonnes œuvres et de la puissance de l’Église. En effet, lorsque le démon eut vu que, florissante et glorieuse, elle s’était en un moment élevée jusqu’au ciel, que les hommes vertueux y faisaient dans la vertu de nouveaux progrès, que les pécheurs les plus criminels y devenaient repentants, et que cette cité divine répandait son enseignement par toute la terre, il fit avancer contre elle toutes ses machines de guerre et excita dans son sein des guerres civiles. De même qu’il avait attaqué Job par la perte de ses biens, par la mort de ses enfants, par l’affaiblissement de sa santé, par les reproches de sa femme, par les injures, les plaisanteries et les outrages de ses amis, de même il a combattu l’Église, en soulevant contre elle, autant qu’il a pu, ses amis, ses ennemis, ceux qui étaient entrés dans le clergé, ceux qui étaient enrôlés dans l’armée des fidèles, ceux qui avaient été décorés clos insignes épiscopaux, enfin toute sorte de personnes de toute condition. Cependant, malgré tant de machinations, non-seulement il n’a pas pu l’ébranler, mais mime il l’a rendue plies brillante, nullement troublée, elle continuait d’apprendre à tous les hommes, comme elle fait aujourd’hui par toute la terre, à montrer de la fermeté, à vaincre leurs passions, à supporter les épreuves, à déployer leur patience, à ne tenir aucun compte des biens de ce monde, à réputer pour rien les richesses, à ne faire aucun cas de la réputation, à mépriser la mort, à dédaigner la vie, à voir avec indifférence la patrie, la famille, les amis, les parents, à se tenir prêts pour tous les supplices, à marcher à travers les glaives et à penser que tout ce qui brille dans cette vie, je veux dire les honneurs, la gloire, les empires, les délices, est plus vil que les fleurs du printemps. Cet enseignement ce n’est pas seulement un homme ou deux, mais, un peuple tout entier qui nous le dune, et il nous le donne non-seulement en paroles, mai : en actions, en maux supportés, en victoires obtenues, en pièges évités, en attaques repoussées, en épreuves soutenues toutes avec une fermeté qui surpasse celle du diamant, avec une force que n’a pas le rocher : et cependant les fidèles n’ont pris aucune arme, excité aucune guerre, tendu aucun arc, lancé aucune flèche : chacun ne s’est défendu due par un rempart de patience, de sagesse, de douceur et de valeur ; et par leur courage à supporter la souffrance, ils ont couvert d’un déshonneur sans égal ceux qui les persécutaient.
24. Aussi, voyez maintenant : le visage joyeux, l’œil confiant, le cœur plein d’assurance, ils se portent sur les places publiques, ils remplissent les maisons, ils courent se réunir. Les méchants au contraire dissimulent chacune des machines qu’ils font avancer, ils rôdent çà et là autour des gens de bien, torturés par la conscience de leur perversité, craintifs et tremblants. De même que ces bêtes farouches, qui ont la vie tenace, se jettent avec emportement sur le fer des lances, lorsqu’elles en ont été