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ce combat et montrèrent souvent un courage plus viril que les hommes, et non-seulement des femmes, mais encore des adolescents et des enfants. Dis-moi : tout ce peuple de martyrs a-t-il donc été peu utile à l’Église ? Tous ceux-là en effet ont été martyrs, car ce nom n’appartient pas seulement à ceux qui, conduits devant les juges, ont refusé de sacrifier aux idoles et ont été conduits au supplice, mais aussi à tous ceux qui ont volontairement accepté toute souffrance pour plaire à Dieu en quelque chose que ce fût. Même, si l’on y fait attention, on verra que ces derniers ont plus de mérite que les premiers. En effet, on ne peut pas mettre sur la même ligne celui qui, ayant à choisir entre les tourments et la perte éternelle de son âme, accepte toutes les douleurs et celui qui, pour ne pas se perdre, souffre pour un moindre bien les mêmes tourments. Que la couronne du martyre soit cueillie non-seulement par ceux, qui ont été conduits au supplice, mais encore par ceux qui s’y sont disposés, qui s’y sont tenus prêts ; que la gloire du martyre soit plus grande, comme je viens de le dire, pour celui qui s’est résigné à souffrir pour un intérêt moins considérable, c’est ce que je vais essayer de prouver par le témoignage de saint Paul. Après avoir commencé à énumérer tous ceux. (lui ont été illustres dans les temps anciens, après avoir nommé tout d’abord Abel et ensuite Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Josué, David, Samuel, Élie, Élisée, Job ; il ajoute ces paroles : Puis donc que nous sommes environnés d’une telle nuée de martyrs. (Heb. 12, 1) Cependant ceux qu’il vient de citer n’ont pas tous été tués, il n’en est pas même un seul qui l’ait été, à l’exception de deux ou de trois, d’Abel par exemple et de Jean, mais tous le, autres sont morts de mort naturelle. Encore Jean n’a-t-il pas été sacrifié pour, avoir refusé de sacrifier aux faux dieux. Il n’a pas été conduit à l’autel, il n’a pas été traîné devant une idole, mais il a été mis à mort pour un, seul mot. C’est pour avoir dit à Hérode : Il ne t’est point permis d’avoir la femme de ton frère Philippe (Mat. 14,4), qu’il a été jeté en prison, puis décapité. Mais si, pour avoir attaqué une union illégitime autant qu’il a été en lui (en effet, il n’a pas corrigé les coupables, il n’a fait que parler, et il n’a pas pu empêcher ce commerce adultère) ; si, dis-je, pour n’avoir fait que parler, sans s’être porté à rien de plus, il est regardé comme martyr et comme le premier des martyrs par cela seul qu’on lui a coupé la tête comment ceux qui se sont offerts à tant de morts ; gui ont résisté, non plus a Hérode, mais à des princes maîtres de toute la terre ; qui ont non plus combattu une union illégitime, mais pris en main la défense des lois de la patrie et des règlements de l’Église contre ceux qui les attaquaient et qui ont montré soit dans leurs paroles soit dans leurs actions la