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obtiendront eux-mêmes miséricorde! (Mat. 5,7) Or, Job a été miséricordieux non-seulement en donnant son bien, en couvrant les nus, en nourrissant les affamés, en secourant les veuves, en défendant les orphelins, en portant remède aux blessés, mais aussi en compatissant dans son âme à toutes les souffrances. Car, dit-il, j’ai pleuré sur toutes les infirmités, et j’ai gémi chaque fois que j’ai vu un homme dans la nécessité. (Job. 30,25) En effet, comme s’il avait été le père de tous les infortunés, il venait en aide au malheur des uns, il pleurait sur le malheur des autres, et se montrait miséricordieux en paroles, et en actes, par sa compassion et par ses larmes ; il employait tous les moyens pour relever ceux qui étaient accablés de maux et il était pour tous les faibles comme un port, hospitalier. Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! (Mat. 5,8) Cela s’est encore vérifié en lui avec éclat. Écoute en effet le témoignage que lui rend le Seigneur : Il n’a point d’égal sur la terre cet homme intègre et droit, qui craint Dieu et se détourne du mal. (Job, 18)
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! (Mat. 5,10) C’est ainsi qu’il a triomphé dans beaucoup de combats et remporté un grand nombre de couronnes. Ce n’étaient pas les hommes qui le tourmentaient, c’est le démon, ce principe de tous les maux, qui, après avoir fait avancer toutes les machines de guerre, l’assaillit, le chassa de sa demeure et de sa patrie, le jeta sur le fumier, lui enleva toutes ses richesses, tous ses enfants, la santé même, et le tortura par les douleurs de la faim. Ensuite plusieurs de ses amis lui prodiguèrent l’insulte et rouvrirent toutes les blessures de son âme. Vous serez heureux lorsqu’à cause de moi on vous dira des injures, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement contre vous toute sorte de mal. Réjouissez-vous alors et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux. (Mat. 5,11-12) Cette béatitude, il l’a encore obtenue, et avec quelle plénitude ! En effet, ceux qui se trouvaient auprès de lui le déchiraient dans leurs paroles ; ils prétendaient que son châtiment n’était pas assez grand pour ses fautes, ils l’accablaient d’interminables accusations et ourdissaient contre lui le mensonge et la calomnie. Job les arracha pourtant au péril que Dieu avait déjà suspendu sur leurs têtes, et ne leur fit aucun reproche pour les injures qu’ils lui avaient adressées. Car là il a suivi ce précepte : Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. (Mat. 5,44) Il les a aimés en effet, il a prié pour eux, il a apaisé la colère de Dieu, et il a racheté leurs fautes. Cependant ni prophètes, ni évangélistes, ni prêtres, ni docteurs, personne enfin ne l’avait exhorté à la vertu. Vois-tu de quel prix est une âme généreuse, et combien elle se suffit à elle-même dans la pratique du bien, même lorsque personne ne lui donne ses soins ? Bien plus, il avait eu pour ancêtres des hommes sans piété et souillés de tous les crimes. Paul, parlant de son ancêtre Esaü, s’exprime ainsi : Qu’il n’y ait pas de fornicateur et de profane comme Esaü, qui vendit son droit d’aînesse pour un seul mets. (Heb. 12,16)
14. Maintenant, dis-moi, n’y a-t-il pas eu du temps même des apôtres mille scandales comme ceux dont tu te plains ? Écoute donc les paroles de l’apôtre Paul : Tu sais que tous ceux qui sont d’Asie m’ont abandonné, du nombre desquels sont Phygelle et Bermogène. (2Ti. 1,15) Les docteurs ne vivaient-ils pas en prison ? n’étaient-ils pas chargés de fers ? ne souffraient-ils pas les derniers maux de la part et de leurs concitoyens et des étrangers ? Est-ce qu’après eux et pour les remplacer, des loups dévorants ne sont pas entrés dans les bergeries ? est-ce que Paul ne prédisait pas toutes ces souffrances aux pasteurs d’Éphèse qu’il avait fait venir à Milet ? Je sais, dit-il, qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups ravissants qui n’épargneront point le troupeau, et que d’entre vous-mêmes il se lèvera des hommes qui annonceront des choses pernicieuses afin d’attirer les disciples après eux. (Act. 20,29-30) Est-ce qu’Alexandre, l’ouvrier en cuivre, ne lui a pas fait souffrir mille maux, le poursuivant partout, l’attaquant, le combattant, le réduisant à une telle extrémité, qu’il en avertit son disciple Timothée, et lui dit : Garde-toi aussi de lui, car il a fort résisté à nos paroles. (2Ti. 4,15) Est-ce que toute la nation des Galates, corrompue par quelques faux frères, ne s’est pas portée au judaïsme ? (Gal. 2,4) Au commencement même de la prédication de l’Évangile, voyez Étienne, cet homme dont la parole avait plus d’impétuosité que les fleuves, qui imposait silence à tous, qui fermait la bouche impudente des Juifs, qui ne