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du commencement de la création, celles du milieu des temps, celles, de la tira ##Rem des choses, celles qui subsistent éternellement, celles que fournit le corps, celles qui ont rapport à l’âme Lors, dis-je, que tu vois pleuvoir pour ainsi dire sur toi de tous côtés tant de preuves qui proclament la Providence, doutes-tu encore ? Mais non, tu ne doutes pas ; tu crois à la providence, tu es convaincu de son existence. Arrête donc désormais ta vaine curiosité et sois sûr de cette vérité, que tu as un Dieu qui t’aime avec une tendresse qui surpasse celle des pères, avec une sollicitude que n’égale pas telle des mères, avec une ardeur que n’atteint pas celle d’un jeune époux, celle ; d’une jeune épouse ; un Dieu qui fait sa joie de ton salut, et s’en réjouit encore plus que tu ne te réjouis toi-même de l’éloignement du péril et de la mort : ce que j’ai montré par l’exemple de Jonas, un Dieu qui a peur toi toute l’affection que le père a pour ses enfants, la mère pour le fruit de ses entrailles, l’architecte pour son œuvre, le jeune époux pour sa jeune épouse, l’adolescent pour la vierge ; un Dieu qui veut éloigner de toi les maux, autant que l’Orient est éloigné de l’Occident, autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre : car cela aussi je l’ai montré ; un Dieu enfin dont la bonté ne répond mais seulement à ces comparaisons, mais se montre beaucoup plus grande encore, comme nous l’avons fait voir plus haut, en avertissant qu’il faut, non pas s’arrêter à ces exemples, mais aller plus loin par l’effort de la pensée. Car inexplicable est la providence de Dieu, incompréhensible sa sollicitude, inexprimable sa bonté, inimaginable son amour. Maintenant donc que nous savons toutes ces choses, soit par les paroles de Dieu, soit par ses œuvres, par celles qu’il a faites, comme par celles qu’il doit faire, ne t’abandonne pas à une vaine curiosité, ne t’enquiers pas de tout, et ne dis pas : pourquoi ceci ? à quoi bon cela ? Une telle conduite serait d’un insensé : elle témoignerait de la dernière, folie et du la plus grande démence. En effet le malade laisse le médecin lui couper les chairs, lui brûler les plaies, lui appliquer les remèdes les plus cuisants ; il ne lui demande compte de rien, quand même il serait son esclave ; mais, tout maître qu’il est, il supporte en silence toutes ses douleurs, il lui est même reconnaissant de cette brûlure, de cette amputation, de ces remèdes, et pourtant il ne sait pas ce qui pourra arriver : car combien de médecins n’ont pas enlevé la vie à leurs malades par leurs opérations ! enfin il lui obéit en tout avec la plus grande soumission. Il en est de même à l’égard du pilote, de l’architecte, et de tous ceux qui exercent un art quelconque. Puisqu’il en est ainsi, je trouve ridicule, je le déclare, qu’un simple mortel, tout plein de son ignorance, demande au divin Artisan la raison de tout ce qu’il a fait, qu’il scrute cette Sagesse ineffable ; indicible, inexprimable, incompréhensible, qu’il recherche le pourquoi de telle ou telle chose, et cela, lorsqu’il sait avec évidence que ce Dieu sage ne peut tomber dans l’erreur, que sa bonté est immense, que sa prévoyance est infinie, que tout ce qu’il fait pour nous arrive à bonne fin, pourvu que de notre côté nous aidions à la Providence, qu’enfin il ne veut la perte d’aucun de nous, mais le salut de tous. Ne serait-ce pas le suprême excès de la démence, que de soumettre à notre examen dès maintenant, dès ce jour, un Dieu qui veut, qui peut, nous sauver et de ne pas attendre la fin des choses.
9. Ce qu’il y aurait de mieux pour toi, ce serait de ne pas vouloir tout connaître, ni dès le début, ni plus tard ; mais si ta curiosité est si grande et si active, attends au moins la fin, regarde où tendent les choses, et ne te trouble pas, ne t’effraye pas dès le commencement. Si un ignorant voit un orfèvre commencer par fondre l’or et le mêler à la cendre et à la poussière, et qu’il n’attende pas la fin, il croira que l’or a péri. De même, supposez un homme né et élevé sur la mer, qui serait porté tout à coup au milieu des terres, sans avoir jamais entendu parler de la manière dont on cultive les campagnes : s’il voyait du blé entassé dans un grenier, défendu par des portes et des verrous, protégé contre l’humidité, et que tout aussitôt le laboureur l’enlevât à ses yeux, le répandit et le jetât dans la plaine, le laissât à la merci de tous ceux qui pourraient passer dans son champ, et non-seulement ne le garantît pas contre l’humidité, mais même l’abandonnât à la boue et au fumier, sans y mettre de gardiens ; ne croirait-il pas que c’en est fait du blé, et ne blâmerait-il pas le laboureur d’avoir agi ainsi ? Pourtant rien dans la nature n’autorise ce blâme : il vient de l’ignorance de cet homme et de sa folle prétention de vouloir porter son jugement sans attendre. Qu’il attende donc l’été :