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cette admirable parole : Que tes ouvrages sont pleins de magnificence, ô Seigneur ! tu les as tous faits dans ta sagesse. (Psa. 103,24) Et tout cela, ô homme, a été fait pour toi ! Pour toi ont été faits les vents eux-mêmes (car je me reporte au début de mon énumération) ; ils ont été faits pour souffler sur les corps fatigués, pour chasser la boue et la poussière, pour nous délivrer du malaise que nous causent la fumée, les fourneaux et toutes les exhalaisons malsaines, pour tempérer l’ardeur du soleil, pour rendre la chaleur plus supportable ; pour nourrir les semences, pour faire croître les plantes, pour t’accompagner sur la mer, pour servir au travail des champs sur la terre ; car tandis que là ils poussent ton vaisseau avec plus de rapidité que la flèche, et te donnent ainsi une traversée facile et favorable, ici ils l’aident à nettoyer l’aire, à séparer la paille du grain, et ils allègent tes pénibles labeurs. Ils sont faits pour te rendre l’air doux et léger, pour te charmer diversement, tantôt en produisant un faible et agréable murmure, tantôt en effleurant mollement les herbes, en agitant le feuillage des arbres ; pour te procurer au printemps et en été un sommeil plus délicieux et plus doux que le miel ; pour rider le dos de la mer et la surface des fleuves comme ils agitent le feuillage des arbres. Ils soulèvent les flots dans les airs, et te procurent ainsi tout à la fois un beau spectacle et un grand avantage. En effet, ils sont d’une grande utilité pour les eaux, en ne leur permettant pas de croupir toujours et par suite de se corrompre ; en les agitant, en soufflant sans cesse sur elles, ils les renouvellent, les vivifient et les font plus propres à nourrir les poissons qui nagent dans leur sein. Il n’y a pas jusqu’à la nuit qui, si tu veux l’observer, n’atteste la providence infinie de Dieu ; car elle met fin aux fatigues du corps, elle relâche et détend les membres, qu’ont tenus en contention les travaux du jour ; elle les ranime par son retour, et son repos leur rend une nouvelle vigueur. Mais ce n’est pas tout : elle allège le poids des chagrins du jour et nous délivre des soucis importuns ; souvent même elle éteint la fièvre du malade, en lui amenant un sommeil qui le guérit, conduit à bon port l’art hésitant du médecin, et le décharge de beaucoup de soins. Telle est son utilité, telle est la grandeur de ses services, que souvent la journée elle-même est perdue pour ceux qui ont été privés de repos pendant que son voile couvrait le ciel. Supprimez par la pensée cette tranquillité, ce repos, ce délassement de la nuit, qui raniment tout, et l’âme fatiguée, et le corps épuisé, et qui nous permettent de reprendre les travaux du jour avec les meilleures dispositions, et vous verrez que dès lors nous ne pouvons plus rien. Que si la nuit, comme le jour, nous restons éveillés à travailler ou même à ne rien faire, et que nous continuions ainsi pendant quelque temps, nous mourrions bientôt ; sinon, frappés d’une maladie de longue durée, nous ne retirerions aucun avantage des jours pour les travaux qui nous seraient utiles, tant nos forces seraient épuisées.
Si nous arrêtions notre discours sur le peuple innombrable des poissons qui vivent dans les étangs, dans les sources, dans les mers ou navigables ou innavigables, ou sur les races infinies d’oiseaux qui volent dans les airs, qui se tiennent sur le sol, qui vivent également sur la terre et dans l’eau (car plusieurs d’entre eux ont cette double vie), qui sont doux ou farouches, qui, farouches de leur nature, se laissent ou ne se laissent pas apprivoiser, qui peuvent être mangés ou qui ne peuvent pas l’être ; si nous examinions la beauté, le plumage, la voix de chacun d’eux ; si seulement nous recherchions quelles différences ils nous offrent pour le chant, pour la nourriture, pour le genre de vie, quelles sont leurs habitudes et leurs mœurs ; si nous passions en revue tous les avantages que nous en retirons, tous les services qu’ils nous rendent ; si nous parlions de leur grandeur et de leur petitesse, de leur naissance, de leur croissance, et de la grande, de l’immense variété qu’on trouve en eux ; si nous entrions dans les mêmes détails sur les poissons ; si, de là, nous arrivions aux plantes qui poussent par toute la terre, et aux fruits que porte chacune d’elles ; si nous examinions leurs usages, leurs parfums, leur position, leurs feuilles, leurs couleurs, leur forme, leur grandeur ou leur petitesse, leur utilité, la manière dont leurs vertus opèrent, la différence de leurs écorces, de leurs troncs, de leurs rameaux ; si nous regardions les prairies et les jardins ; si nous parlions ensuite des divers aromates, de tous les lieux qui les produisent, et de la façon dont nous les avons trouvés, dont nous en prenons soin, dont nous nous en servons dans les maladies ; si, après tout cela, nous