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7. Cette première démonstration suffit, je le répète, à ceux qui ont l’esprit droit ; mais, puisqu’il y a de ces hommes de boue qui résistent, qui ne se laissent pas persuader, qui n’écoutent que la chair, je vais, autant qu’il me sera possible de le faire, leur démontrer la divine Providence par le spectacle de la création. Il ne serait pas facile de leur faire voir toute la grandeur de cette providence, ni même de la leur expliquer entièrement sous le moindre de ses aspects, tant elle est infinie et ineffable, tant elle éclate dans les plus petites comme dans les plus grandes choses, soit visibles, soit invisibles ! Ce n’est qu’à celtes qui sont visibles que nous emprunterons nos preuves. O homme, cet univers si admirable, si harmonieux, le Seigneur ne l’a fait pour aucun autre que pour toi ! ce monde si beau, si grand, si varié, si riche, si plein de ressources, ce monde, dont chaque partie a son utilité, soit pour nourrir et réparer le corps, soit pour instruire l’âme et la conduire à la connaissance de Dieu, c est pour toi qu’il l’a créé. Les anges n’en avaient pas besoin, car ils existaient avant qu’il fût sorti du néant : écoute en effet comment Dieu nous montre qu’ils ont reçu l’être longtemps avant la naissance du monde. Il dit à Job : Lorsque les étoiles furent créées, les anges m’exaltèrent et célébrèrent hautement mes louanges. (Job. 38,7) C’est-à-dire qu’ils furent étonnés de la grandeur de ces étoiles, de leur beauté, de leur position, de leur utilité, de leur variété, de leur éclat, de leur splendeur, de leur harmonie, et de tous leurs autres mérites qu’ils peuvent apprécier beaucoup mieux que nous. Mais le Créateur n’a pas décoré le ciel d’étoiles seulement, il l’a encore orné du soleil et de la lune, pour nous charmer et le jour et la nuit, et nous faire retirer de l’un et de (autre de ces astres d’immenses avantages. Qu’y a-t-il de plus beau que le ciel qui tantôt brille de l’éclat du soleil ou de la lune, tantôt, comme s’il dardait sur nous ses yeux, éclaire la terre d’un nombre infini d’étoiles et fournit aux matelots et aux voyageurs des signes qui leur montrent leur chemin ? Voyez le pilote qui fend les mers, assis au gouvernail, pendant que les flots sont furieux, que les ondes déchaînées s’élancent sur son navire, que les vents soufflent avec violence et que la nuit ténébreuse est sans lune ; il se confie au ciel qui le guide, et l’étoile, qui, perdue dans les hauteurs, est si éloignée de lui, le conduit avec autant de sûreté que si bile était près du vaisseau ; elle le conduit au port 'sans parler ; son seul aspect indique à fenil la voie qu’il faut suivre ; c’est à elle que les navigateurs doivent de fendre les mers sans péril ; car c’est elle qui leur indique les saisons, pour que tantôt ils retiennent le navire au port, que tantôt ils le lancent avec confiance au sein des flots, et que, par ignorance de l’avenir, ils n’aillent pas affronter imprudemment la tempête et le naufrage. Les étoiles ne nous indiquent pas seulement la mesure des années et l’indication des saisons, elles marquent aussi avec beaucoup d’exactitude l’heure et la marche de chaque nuit, elles font connaître si elle a dépassé, si elle n’a pas atteint la moitié de sa carrière, et réciproquement ; et cela n’est pas utile aux seuls navigateurs, mais même aux voyageurs, pour qu’ils ne se mettent pas en chemin pendant la nuit en temps inopportun, ou qu’ils ne continuent pas à se reposer lorsqu’est arrivée l’heure de marcher. L’observation de la lune vient en aide à celle des étoiles pour nous renseigner exactement sur ces choses ; car de même que le soleil règle les heures du jour, la lune règle celles de la nuit. Mais elle nous rend beaucoup d’autres services ; elle donne à l’air une douce température, elle engendre la rosée qui fait germer les semences, et elle est d’un grand secours pour fortifier l’homme. Elle tient le milieu entre le chœur des étoiles et l’éclat du soleil, plus petite que celui-ci, plus bienfaisante et beaucoup plus grande que celles-là. Cette variété est tout à la fois pour nous un grand charme et un grand avantage ; car quelle grande utilité rie retirons-nous pas des saisons et des heures, des dimensions des astres, de leur grandeur ou de leur petitesse, et de leur infinie variété. L’un est plus petit, l’autre plus grand et plus éclatant, et plusieurs brillent dans toutes les saisons. En effet, l’incomparable sagesse de Dieu montre partout dans ses œuvres une variété étonnante, et en même temps qu’elle donne une preuve de sa miraculeuse puissance, elle veille à l’utilité de ce qu’elle offre à nos yeux, nous fournit des ressources immenses, indicibles, et, avec tout cela, de grands agréments.
Y a-t-il rien de plus agréable que le ciel, qui, tantôt s’étend sur nos têtes comme un pavillon sans tache et resplendissant, tantôt ressemble à une prairie émaillée de fleurs, et