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et la jugent indigne de la main de. Dieu ainsi, comme je l’ai dit, si on apporte dans une telle, recherche un jugement, un esprit égaré, on trouvera souvent mauvais cela même qu’aujourd’hui on juge bon. Car y' a-t-il rien qui te paraisse plus beau que le soleil ? Pourtant cet astre si brillant et si doux blesse les yeux malades et brûle la terre, lorsqu’il lance des rayons trop ardents ; il engendre des fièvres, souvent il dessèche les fruits, nous prive ainsi de leur usage, et rend les arbres stériles ; sa trop grande chaleur fait que la moitié du globe est inhabitable. Mais quoi ! est-ce que pour cela j’accuse le soleil ? non, au contraire, je dis à ma raison d’apaiser son trouble et de, contenir sa voix tumultueuse ; je m’appuie sur ce fondement solide, sur cette parole : Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et elles étaient très-bonnes, et j’en conclus que tout dans l’action du soleil est très-bon et très utile : Je le répète, il faut toujours revenir à cette parole divine, et dire : Toutes les choses que Dieu a faites sont très-bonnes. Mais n’est-il pas bon de vivre dans la bonne chère, dans la joie et clans les plaisirs ? Écoutez Salomon qui a essayé de toute espèce de délices ; il dit : Il vaut mieux aller à une maison de deuil qu’à une maison de festin. (Ecc. 7,8) Mais, car il faut que je rapporte ce que disent mes adversaires, mais n’est-ce pas une chose fâcheuse que la nuit ? n’est le repos des fatigues, la délivrance des soucis, l’apaisement des souffrances, fat fin des terreurs et des dangers ; elle rend au corps sa vigueur, à l’esprit son activité ; elle répare les forces des membres fatigués. Mais la maladie n’est-elle pas un mal ? a quoi donc Lazare doit-il sa couronne ? : Mais la pauvreté ? à quoi donc Job doit-il sa gloire ? : Mais les vexations qui nous tourmentent coup sur coup sans interruption ? a quoi donc les apôtres doivent-ils leur illustration ? quelle est donc la voie qui conduit ait salut ? n’est-elle – pas étroite et pleine de tourments ? C’est pourquoi ne dis pas : pourquoi ceci ? à quoi bon ceci ? Mais lorsque tu examines soit le plan de la Providence, soit les ouvrages de Dieu, accorde à ton Créateur, ô homme ! le même silence que l’argile accorde au potier.
5. Quoi donc ! me dira-t-on : ne voulez-vous pas que j’arrive à la pleine assurance, à l’entière conviction que Dieu gouverne tout par sa providence ? Au contraire, je le veux, je le désire, je le souhaite ardemment : ce que je ne veux pas, c’est que tu scrutes cette providence comme si tu en doutais, c’est que tu tournes sur elle ta vaine curiosité. Car, si tu sais, si tu es persuadé, ne cherche pas que si tu doutes ; interrogé la terre, le ciel, le soleil, la lune ; interroge les différentes espèces d’animaux, les semences, les plantes, les poissons muets, les pierres, les montagnes, les vallons, les collines, la nuit, le jour. Car la providence de Dieu brille plus éclatante que les rayons du soleil : à chaque instant, en chaque lieu, dans les déserts, dans les contrées habitées et inhabitées, sur la terre, dur la mer, en quelque endroit que tu ailles, tu verras – partout des témoignages manifestes et suffisants, tant anciens que nouveaux, qui l’attestent avec des voix plus puissantes que la voix de notre raison, et qui apprennent à qui veut écouter toute sa sollicitude. C’est pourquoi le Prophète ; voulant, nous montrer leur puissance ; a dit : Il n’y a point de langue, il n’y a point d’idiome par qui ces voix ne soient entendues. (Psa. 18,4) En effet, notre langue n’est comprise que de celui qui la parle, et ne l’est pas des étrangers, mais la voix de la création est entendue de tous les peuples qui habitent la terre.
6. A ceux qui ont l’esprit droit il suffit, même avant toute autre démonstration, de la seine parole de Dieu pour les tenir assurés non-seulement de sa providence, mais encore de l’amour extraordinaire qu’il nous porte. Car il ne veille pas seulement sur nous : il nous aime, et nous aime d’un grand, d’un immense amour, d’un amour exempt, il est vrai, de passion ; mais toutefois très-ardent, très-vif, très-sincère, qui ne peut avoir de fin, que rien ne peut éteindre. Pour nous le faire comprendre, le livre saint, empruntant ses comparaisons à la vie humaine, nous offre un grand nombre d’exemples d’amour, de prévoyance et de sollicitude. Il ne veut pas que nous nous arrêtions seulement sur les exemples, mais que nous les dépassions par la pensée. Car, si l’Écriture les offre à notre esprit, ce n’est pas qu’ils suffisent à rendre tout l’amour de Dieu, mais qu’étant connus de ceux à qui elle les adresse, ils sont par là plus propres que tout le reste à nous en donner une idée. En voici une preuve : Répondant à ceux qui se lamentaient, gémissaient et disaient : Le Seigneur m’a abandonné, le Dieu d’Israël m’a oublié, le Prophète leur avait aussitôt adressé ces paroles : Une femme peut-elle oublier son enfant et n’avoir pas compassion du fruit de ses entrailles ? (Isa. 49,14-15)