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nécessités. Nous ne demandons pas à entrer dans la demeure de nos malades, nous n’avons pas besoin de savoir dans quel lieu ils sont alités, nous ne désirons pas même voir ces malheureux. Nos mains ne sont point armées d’instruments, nous ne faisons point faire de – dépenses aux infirmes que nous traitons, en leur ordonnant d’acheter les remèdes que réclame leur guérison. Qu’ils nous soient inconnus, qu’ils habitent aux dernières extrémités de la terre, qu’ils se trouvent au milieu des barbares, qu’ils vivent dans l’abîme même de la mendicité, qu’ils soient pressés par une telle pauvreté, qu’ils ne puissent pas même se procurer les aliments nécessaires à l’existence : aucune de ces circonstances ne nous empêchera de les soigner. Nous ne bougeons pas de place, et sans instruments, sans remèdes, sans aliments, sans potions, sans frais, sans long voyage nous chassons cette maladie. Comment cela ? en préparant ce discours, remède qui tiendra lieu de toutes ces choses à nos malades, et qui fera même plus d’effet que tout ce que nous venons d’énumérer. Car il nourrit mieux que du pain, il guérit mieux qu’un médicament, il brûle avec plus d’ardeur que le feu, et pourtant il n’apporte avec lui aucune douleur ; il arrête le cours fétide des pensées mauvaises, il coupe, plus au vif que le fer, les plaies corrompues, et cela saris faire souffrir, sans forcer à aucune dépense, sans réduire à la pauvreté. Aussi, puisque nous avons préparé ce remède, nous le faisons parvenir à tous, et tous je le sais, obtiendront guérison, si seulement ils veulent prêter à mes paroles une oreille attentive et un esprit bienveillant. Dans le traitement des maladies du corps, il est loin d’être inutile, il est au contraire très-avantageux au malade, pour se guérir de son infirmité, de connaître la cause de cette infirmité far, s’il la connaît, non-seulement il se délivrera du rial qui le tourmente, mais dans la suite il ne se laissera plus tomber dans les mêmes souffrances, sachant d’où la douleur lui est déjà venue une première fois, et se mettant en garde contre elle. Agissons de même nous aussi, et apprenons tout d’abord à ceux qui souffrent de la maladie que nous voulons traiter, d’où leur est venue cette maladie du scandale. Car s’ils le savent et qu’ils veuillent s’en prémunir avec vigilance, ce n’est pas de cette infirmité seule ni pour un seul jour, mais d’elle et de bien d’autres, et cela pour toujours qu’ils seront délivrés. Telle est en effet la vertu de ce remède, qu’il guérit le mal dont on souffre dans le moment même, et qu’il prévient tous les autres qui peuvent survenir. Ce n’est pas d’une seule, ni de deux, ni de trois, mais de mille manières, que dans la vie, le scandale frappe les faibles. Mais de quelque manière qu’ils en soient atteints, notre discours leur promet délivrance, si seulement, comme je l’ai déjà dit, ils veulent écouter mes paroles, et les graver dans leur esprit. Ce traitement que je prépare, je ne le tirerai pas seulement des saintes Écritures, mais encore de ce qui se voit, de ce qui arrive continuellement dans la vie, de sorte que notre remède puisse devenir le partage de Ceux même qui ne lisent pas les Écritures. Mais il faut qu’ils le veuillent, et je ne cesserai pas de le répéter. Car e n’est ni par contrainte, ni par violence que ce remède pourrait servir à un seul de ceux qui lutteraient contre lui, où qui – ne se soumettraient pas aux divins oracles. C’est de ces oracles que viendra la guérison, de ces oracles bien plus encore que de la démonstration que nous allons faire en nous appuyant sur les faits : car les faits qui frappent les yeux méritent beaucoup moins notre foi que la parole révélée de Dieu. Aussi ceux-là seront plus terriblement punis ; qui, ayant entendu les Écritures, n’en auront retiré aucune utilité pour leur santé spirituelle et ne se seront pas guéris. Pour que ce malheur ne leur arrive point, entreprenons de les sauver, et disons d’abord la cause de leur maladie.
2. Quelle est donc la cause d’une si grande infirmité ? c’est cet esprit de curiosité inquiète, c’est ce désir de connaître la raison de toutes choses, de pénétrer les secrets de l’incompréhensible, de l’ineffable providence de Dieu, de scruter impudemment cette sagesse, dont les desseins sont infinis, dont les voies sont invisibles, et de s’enquérir de toutes choses. A-t-il donc existé un homme plus sage que saint Paul ? Dites-moi : n’était-ce pas un vase d’élection ? n’avait-il pas obtenu du Saint-Esprit une grâce immense, merveilleuse ? le Christ ne parlait-il point par sa bouche ? n’a-t-il point été reçu dans le secret des conseils cachés de la divinité ? n’a-t-il point entendu ce qu’il est défendu à toute bouche humaine de raconter ? n’a-t-il pas été ravi au paradis ? n’a-t-il pas été emporté jusqu’au troisième ciel ?