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HOMÉLIE

SUR LA NÉCESSITÉ DE RÉGLER SA VIE SELON DIEU. SUR LE TEXTE : LA PORTE EST ÉTROITE.

Explication de l’Oraison Dominicale.

AVERTISSEMENT et ANALYSE.


1o et 2o Dans cette homélie, l’orateur, après avoir montré combien les fidèles doivent être attentifs aux oracles de l’Évangile ; après avoir fait voir, en citant ces passages : La porte de la vie est étroite…… La porte de la perdition est large……, combien peu de chrétiens sont occupés de leur âme et des objets célestes, combien au contraire sont livrés aux soins du corps et aux objets terrestres ; l’orateur, dis-je, après ces réflexions préliminaires, passe à la prière, comme au sujet qu’il veut traiter. Il reproche à la plupart des hommes de demander à Dieu des biens fragiles et périssables, la beauté, les richesses, les honneurs, et de ne pas s’en rapporter à lui pour les biens qui leur sont vraiment utiles ; il s’élève contre ces âmes vindicatives qui prétendent intéresser dans leur vengeance, le Ciel même qui condamne la vengeance. — 3o 4o et 5o Jésus-Christ nous apprend comment nous devons prier. Un éloge de l’Oraison Dominicale est suivi de l’explication de cette excellente prière, dont tous les articles sont expliqués et enchaînés avec beaucoup d’art et de naturel.

On ne peut pas fixer la date de cette homélie. Quelques savants doutent qu’elle soit de saint Jean Chrysostome. L’éditeur bénédictin pense le contraire ; il juge avec raison qu’elle est vraiment digne de cet orateur, soit pour le fond des choses, soit pour la beauté du style.

1. La lecture de l’Écriture sainte est toujours pour ceux qui la font avec attention une leçon de vertu ; mais les Évangiles surtout renferment, dans leur texte vénéré, la doctrine la plus sublime ; les paroles qu’ils contiennent sont les oracles mêmes du grand Roi. Aussi menace-t-il d’un châtiment terrible ceux qui ne mettent pas tous leurs soins à garder ses commandements. Si, pour enfreindre les ordres d’un prince de la terre, on encourt une punition inévitable, combien plus des tourments intolérables accableront-ils celui qui aura violé les ordres du Maître des cieux ! Puis donc que la négligence nous expose à de tels dangers, appliquons-nous avec plus de soin que jamais à comprendre les paroles qui viennent d’être lues, paroles tirées de l’Évangile. Or, quelles sont-elles ? Combien est étroite la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu’il en est peu qui la trouvent ! et encore : Large est la porte et spacieuse la voie qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui la suivent. (Mat. 7, 14) Pour moi qui entends fréquemment ces paroles et qui vois combien les hommes s’empressent à des soins inutiles, la vérité de ces sentences me jette dans la stupéfaction. Tous marchent dans la voie spacieuse, tous courent après les choses présentes sans s’occuper le moins du monde des choses futures ; ils se plongent sans cesse dans les jouissances de la chair et pour leurs âmes ils les laissent s’abîmer dans la fange ; ils reçoivent chaque jour mille blessures et n’ont même pas le sentiment des maux qui les dévorent : leur corps est-il blessé, ils font en toute hâte chercher le médecin, l’appellent chez eux, lui donnent un salaire aussi grand qu’ils le peuvent, supportent tout avec patience, se soumettent à un difficile