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Est-ce que le Seigneur est un homme, pour qu’il vous soit nécessaire de vous rendre dans un lieu déterminé ? Dieu est toujours près de vous. Si vous demandez une personne, vous cherchez à savoir ce qu’elle fait, si elle dort, si elle est de loisir, et le serviteur ne vous répond pas. Avec Dieu, rien de pareil ; partout où vous allez, où vous l’invoquez, il vous entend ; ni occupation, ni intermédiaire, ni serviteur pour barrer le chemin, Dites : Ayez pitié de moi, et aussitôt Dieu est présent. Vous n’aurez pas cessé de parler, dit-il, que je vous répondrai, me voici. (Is. 58,9) O parole, pleine de douceur ! Il n’attend pas la fin de la prière ; tu n’as pas encore fait ta prière, et tu reçois le don. Ayez pitié de moi. Irritons cette Chananéenne, je vous en prie : Ayez pitié de moi ! ma fille est misérablement tourmentée par le démon. Et le Seigneur lui dit : O femme, grande est votre foi ! qu’il soit fait comme vous voulez. Où est l’hérétique ? A-t-il dit, j’invoquerai mon père ? A-t-il dit, je supplierai celui qui m’a engendré ? A-t-il eu, ici, besoin de prière ? Nullement. Pourquoi ? Comme la foi était grande, comme le vase était grand, la grâce y a été versée abondamment. Quand la prière est nécessaire pour opérer le miracle, c’est que le vase, c’est-à-dire la foi, est faible. O femme ! grande est votre foi ! Vous n’avez pas vu le mort ressuscité, le lépreux purifié, vous n’avez pas entendu les prophètes, vous n’avez pas médité la loi, vous n’avez pas vu séparer les eaux de la mer, vous n’avez vu aucun autre signe opéré par moi ; bien plus vous avez été couverte d’opprobre et repoussée ; malgré votre affliction, je vous ai rejetée, et vous ne vous êtes pas retirée, mais vous avez persisté recevez désormais de moi un digne et juste éloge : O femme ! grande est votre foi. La femme est morte, et son éloge subsiste, plus brillant qu’un diadème. Partout où tu iras, tu entendras la parole du Christ : O femme ! grande est votre foi. Entre dans l’Église des Perses, et tu entendras la parole du Christ : O femme ! grande est votre foi; dans l’Église des Goths, dans l’Église des Barbares, des Indiens, des Maures, partout où le soleil regarde la terre : le Christ a dit une parole, une seule, et cette parole retentit toujours, et à haute voix proclame la foi de cette femme : O femme ! grande est votre foi, qu’il soit fait comme vous voulez. Il ne dit pas : que votre fille soit guérie, mais, comme vous voulez. C’est à vous à la guérir, c’est à vous à lui servir de médecin, c’est à vous que je confie le remède, allez, servez-le, qu’il soit fait comme vous voulez. Que votre volonté soit ce qui la guérisse. La Chananéenne a guéri par sa volonté, et ce n’est pas le Fils de Dieu qui opère de lui-même la guérison. Qu’il soit fait comme vous voulez. La femme n’a rien ordonné, rien prescrit au démon, mais elle n’a eu qu’à vouloir, et la volonté de la femme a opéré la guérison et expulsé les démons. Où sont-ils ceux qui osent dire que le Fils a opéré par la prière ? Qu’il soit fait comme vous voulez. Voyez encore la beauté de l’expression. Il imite son Père. En effet, lorsque Dieu créa le ciel, il dit : Que le ciel soit fait, et le ciel fut fait ; que le soleil soit fait, et le soleil fut fait ; que la terre soit faite, et la terre fut faite ; ce fut par un ordre qu’il produisit là substance. De même, à son tour, le Christ : Qu’il soit fait comme vous voulez. L’affinité des expressions prouve ce qu’il y a de commun au fond des choses. Et sa fille fut guérie. Quand donc ? à l’heure même (Mt. 15,28) ; non pas quand la mère rentra dans la maison, mais avant qu’elle y fut arrivée. Elle revenait pensant trouver une démoniaque, elle trouva sa fille guérie, que sa volonté avait tendue à la santé. Pour tous ces bienfaits, rendons grâces au Dieu à qui convient la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.